Le scénario catastrophe de Baird contesté
Prenez note que cet article publié en 2007 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Les partis d'opposition et Québec qualifient d'alarmistes les propos du ministre de l'Environnement, qui dit que respecter intégralement le protocole de Kyoto plongerait le pays en récession. Selon eux, les impacts seront tout aussi sévères si on n'applique pas le protocole.
Le scénario présenté jeudi par le ministre de l'Environnement du Canada, John Baird, sur les impacts dévastateurs de l'application du protocole de Kyoto ne fait pas du tout l'unanimité.
Se basant sur une étude intitulée Coût du projet de loi C-288 pour les entreprises et les familles canadiennes, le ministre a indiqué que si le Canada appliquait intégralement ses engagements en matière de réduction des gaz à effet de serre, cela plongerait le pays en pleine récession, entraînant notamment la perte de 275 000 emplois.
« C'est ridicule » a répliqué le chef du Parti libéral du Canada Stéphane Dion en entrevue à Radio-Canada. Selon lui, le scénario présenté par les conservateurs est alarmiste et se base sur des chiffres qui ne représentent pas du tout la réalité. « C'est une tentative pour faire peur aux Canadiens », a-t-il ajouté, en précisant que cela ne marcherait pas.
Le chef libéral reconnaît qu'il doit y avoir des ajustements, mais que si on n'agit pas, on se retrouvera en 2012 avec une économie moins moderne et moins efficace que si on agit. « Kyoto est l'incitation à faire la bonne chose », a ajouté M. Dion, en indiquant que l'économie canadienne sortirait gagnante, à terme, de l'exercice.
Selon lui, le gouvernement Harper cherche à tout prix un moyen pour éviter d'agir dans la réduction des gaz à effet de serre.
Le chef du Bloc québécois, Gilles Duceppe, a lui aussi réagi sévèrement. Il a affirmé que le gouvernement voulait protéger les profits des pétrolières de l'ouest du pays. Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, a quant à lui indiqué que l'étude sur laquelle se base le gouvernement est irresponsable, puisqu'elle ne parle pas des coûts économiques associés à la dégradation de l'environnement.
Réactions au Québec
Québec a aussi réagi. En entrevue à Radio-Canada, le premier ministre Jean Charest a indiqué que la vraie question était plutôt de savoir quels seraient les coûts associés à l'inaction. Il a rappelé que les mêmes arguments avaient été présentés, à l'époque, pour dénoncer les moyens de lutter contre les pluies acides, mais qu'avec du recul, on réalisait la nécessité d'agir.
La nouvelle ministre de l'Environnement du Québec s'est elle aussi présentée devant les journalistes pour réagir. Line Beauchamp a également affirmé que le scénario des conservateurs était alarmiste et se basait sur des prémisses sévères.
Mme Beauchamp a reconnu que le protocole de Kyoto aura des impacts économiques, mais a affirmé que les impacts environnementaux et socioéconomiques seraient tout aussi importants et sévères si on n'appliquait pas les engagements de Kyoto.
Elle n'a cependant pas voulu s'avancer comme le chef libéral fédéral et dire que le gouvernement Harper cherchait à se désister de la lutte aux changements climatiques. Elle a dit vouloir attendre la présentation de la nouvelle stratégie fédérale pour commenter la position d'Ottawa.
Elle a rappelé que Québec était déterminé à appliquer et à atteindre les objectifs du protocole de Kyoto, ce qui sera notamment rendu possible par les transferts fédéraux de 350 millions de dollars.
Le projet de loi C-288, qui stipule que « le Canada doit honorer ses engagements dans le cadre du protocole de Kyoto et aider à combattre le problème des changements climatiques mondiaux », a été adopté le 14 février à la Chambre des communes, malgré l'opposition des conservateurs.
Le projet de loi du député libéral Pablo Rodriguez n'a toutefois pas encore été avalisé par le Sénat en troisième lecture, étape nécessaire avant qu'il ne reçoive la sanction royale et entre en vigueur.
En vertu du protocole de Kyoto, que le Canada a ratifié en 2002, le pays doit réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 6 % par rapport au niveau enregistré en 1990 d'ici 2012.