Pénurie de médicaments : recommandations des pharmaciens

Prenez note que cet article publié en 2012 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le comité sur les ruptures d'approvisionnement en médicaments a formulé lundi matin une série de recommandations pour éviter les pénuries de médicaments qui se multiplient au pays.
Ce comité mis sur pied par l'Ordre des pharmaciens du Québec comprend aussi des membres du Collège des médecins du Québec, des pharmaciens propriétaires et des pharmaciens en établissement de santé.
Dans son rapport, le comité recommande dans un premier temps que Santé Canada « adapte sa réglementation et ses programmes à la problématique des pénuries ». L'agence fédérale n'aurait apporté, selon eux, aucune modification majeure à ses programmes pour faire face aux pénuries de médicaments récurrentes au pays.
Diversifier les fournisseurs
Le comité demande par conséquent à Santé Canada d'obliger dorénavant les fabricants de médicaments à avoir plusieurs fournisseurs de matière première.
Santé Canada devrait également s'assurer que les pharmaceutiques prévoient plusieurs sites de fabrication de médicaments avant d'être autorisées à mettre un médicament en marché.
Rappelons qu'en mars dernier, un incendie dans l'usine de médicaments Sandoz, à Boucherville, ainsi qu'un rappel visant certains produits du fabricant a provoqué d'importants problèmes d'approvisionnement dans des hôpitaux et pharmacies du pays.
Les pénuries de médicaments sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus longues. Il faut trouver des mécanismes pour s'assurer qu'on soit informés très tôt lorsque ces pénuries-là sont anticipables ou anticipées.
Un préavis d'au moins un an
Parmi les recommandations qu'ils ont formulées, les pharmaciens demandent à l'État de légiférer pour obliger les entreprises pharmaceutiques à fournir un préavis d'au moins un an si elles prévoient arrêter la production de certains médicaments.
« Ce type de préavis est crucial pour nous permettre d'identifier des solutions de rechange viables, que ce soit en cherchant de nouvelles sources d'approvisionnement ou en identifiant des médicaments de remplacement par exemple », explique Charles Fortier, président de l'Association des pharmaciens des établissements de santé du Québec (APES) dans un communiqué.
Des pénalités si nécessaire
Les membres du comité sur les ruptures d'approvisionnement en médicaments demandent également que les contrats d'achat de médicaments conclus avec les pharmaceutiques prévoient l'application de pénalités en cas de rupture d'approvisionnement.

Photo : Radio-Canada
Le rapport invite également les pharmaceutiques, les distributeurs et les pharmaciens à réviser leurs pratiques de gestion des stocks de médicaments pour « assurer la sécurité de la chaîne d'approvisionnement et adopter des comportements éthiques et responsables en cas de pénurie ». On réclame aussi la mise en place d'incitatifs pour produire les médicaments en rupture ou moins rentables.
Les pharmaciens et médecins qui composent le comité demandent aussi la création d'un organisme centralisé au Québec dont le mandat serait de coordonner la gestion des stocks de médicaments lorsque des pénuries surviennent.
À la fin de mars, l'Agence de la santé publique du Canada a dû mettre à la disposition des provinces les stocks du Système de la réserve nationale d'urgence (SRNU) pour les aider à répondre aux demandes visant des médicaments frappés par la pénurie.
Un problème appelé à s'intensifier
Or, ce genre de pénurie risque de se multiplier à l'avenir si rien n'est fait, préviennent les auteurs du rapport.
« Le médicament sauve des vies et, à ce titre, c'est un produit de consommation exceptionnel. Les pénuries telles que nous les vivons actuellement sont une nouvelle réalité. Elles obligent à mettre en place un encadrement législatif et organisationnel sur mesure. Tout sera mis en oeuvre pour que nos gouvernements et les autres acteurs ayant la possibilité d'agir interviennent rapidement dans ce dossier », assure Diane Lamarre, présidente de l'Ordre des pharmaciens du Québec, dans un communiqué.
Il y a une dizaine de jours, l'Association médicale canadienne a aussi exhorté l'industrie pharmaceutique, Ottawa et les gouvernements provinciaux a agir rapidement pour atténuer les effets de la pénurie de médicaments qui frappe le Canada.
Avec les informations de La Presse canadienne