L'opposition fait front commun

Omar Khadr
Photo : La Presse canadienne / HO
Prenez note que cet article publié en 2009 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Des députés des trois partis d'opposition demandent le rapatriement du Canadien détenu à la prison de Guantanamo. Mais le premier ministre Harper n'a pas l'intention d'aborder le sujet lors de la visite du président Obama.
Des députés des trois partis d'opposition à Ottawa demandent au premier ministre Harper le rapatriement d'Omar Khadr, ce Canadien détenu à la prison de Guantanamo depuis six ans.
Dans une conférence de presse conjointe, mercredi, les trois porte-parole en matière d'affaires étrangères ont demandé au gouvernement conservateur de reconnaître le statut d'enfant-soldat du jeune Khadr, qui n'avait que 15 ans au moment de son arrestation, en 2002.
Le libéral Bob Rae, le bloquiste Paul Crête et le néo-démocrate Paul Dewar ont exhorté Stephen Harper d'aborder ce dossier au moment de sa rencontre avec le président Barack Obama, prévue la semaine prochaine.
Pour M. Rae, il s'agit non seulement d'une question de justice, mais également de sécurité pour le Canada. Selon lui, un rapatriement permettrait à la justice canadienne d'intenter un procès à Omar Khadr et d'encadrer son retour.
Même d'un point de vue conservateur, c'est dans l'intérêt du Canada de s'assurer que nous ayons un retour surveillé, guidé. Et c'est ce qu'ont offert les avocats de M. Khadr.
En revanche, s'il était simplement libéré de la prison américaine, le jeune homme, accusé d'avoir tué un soldat américain, pourrait éventuellement revenir sans contrainte, ce qui pourrait poser une menace pour le pays.
Le député néo-démocrate Paul Dewar a reproché au gouvernement Harper de ne pas avoir analysé un éventuel rapatriement d'Omar Khadr d'un point de vue juridique. « Le ministre a dit en comité qu'il n'avait pas envisagé divers scénarios. C'est pourtant de la planification de base 101 de regarder ce qui pourrait arriver », a déclaré M. Dewar.
Pas à l'ordre du jour
Ottawa ne s'attend pas à ce que la question du rapatriement d'Omar Khadr, seul détenu occidental à la prison de Guantanamo, soit abordée lors de la visite du président Obama, le 19 février prochain. Et le premier ministre Stephen Harper ne devrait pas l'ajouter à l'ordre du jour non plus.
C'est qu'a indiqué à La Presse canadienne le porte-parole de M. Harper, Kory Teneycke, quelques heures après que les trois partis d'opposition eurent lancé leur appel commun au rapatriement de M. Khadr. M. Teneycke a affirmé que les procédures judiciaires contre le jeune homme de 22 ans, suspendues à la fin janvier, étaient de la responsabilité des États-Unis.
« Il n'y a pas eu de changement dans la position américaine, il n'y a pas eu de changement dans la position canadienne. Nous répondrons aux changements de la position américaine si et quand cela se produira », a déclaré le porte-parole du gouvernement canadien.
Kory Teneycke a accusé les partis d'opposition d'être hypocrites et de s'adonner à un jeu politique. Il a qualifié leur sortie, ainsi que celle de leurs avocats et de certains médias, de campagne de relations publiques.
Nous ne sommes pas intéressés par ce que les avocats de M. Khadr, les chefs d'opposition ou, franchement, les médias ont à dire.
Les pressions se sont multipliées à Ottawa pour rapatrier Omar Khadr depuis que le président américain a suspendu pour 120 jours les audiences des commissions militaires et signé un décret ordonnant la fermeture d'ici un an de la prison militaire américaine à Cuba. Le procès de M. Khadr, qui devait débuter le 26 janvier dernier, a été reporté.
Un plan de réinsertion pour Omar Khadr
Les avocats d'Omar Khadr abondent dans le sens des demandes des partis d'opposition. Selon ce qu'ils ont révélé, leur client et sa famille sont d'accord pour qu'un comité de transition encadre le retour du jeune Khadr. Dans une lettre adressée au gouvernement Harper, ils ont exposé un « plan de réintégration » qui permettrait le retour d'Omar Khadr dans des conditions optimales, tout en rassurant à la fois le gouvernement et l'opinion publique.
Le plan de réinsertion
Résidence: Omar Khadr serait hébergé par une famille d'accueil musulmane, qui ne serait pas la sienne, souvent plongée dans la controverse;
Besoins financiers: la communauté musulmane prendrait en charge les coûts liés à l'installation de M. Khadr au Canada. Le directeur général de la Fédération canado-arabe, Mohamed Boudjenane, a promis la collaboration de son organisation, mercredi;
Santé: des médecins, des physiothérapeutes, des psychiatres et des psychologues suivraient Omar Khadr et lui fourniraient de l'aide au besoin;
Éducation: M. Khadr recevrait de l'enseignement à domicile pour lui permettre de rattraper tout retard académique;
Comité de surveillance: des experts médicaux, des avocats et des conseillers religieux superviseraient tout le processus de transition d'Omar Khadr.
Omar Khadr n'est pas un soldat taliban que l'on doit réhabiliter. C'est un jeune homme qui s'est retrouvé à la mauvaise place, au mauvais moment. Il n'est qu'un jeune homme brisé.
Dennis Edney, l'avocat canadien de Khadr, a terminé son intervention de mercredi sur une requête adressée au premier ministre: « Votre obligation, M. Harper, c'est de ramener Omar au Canada et de lui permettre de guérir. »
Les avocats d'Omar Khadr ont affirmé que la première visite du président américain Barack Obama en sol canadien offrait « une occasion » pour assurer son rapatriement.
Avec les informations de La Presse canadienne