Les conditions d'une prolongation

Prenez note que cet article publié en 2009 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le rapport du groupe d'experts dirigé par John Manley recommande que la mission des Forces canadiennes se prolonge au-delà de l'échéance de 2009, mais avec une force mieux équipée et l'aide de soldats de l'OTAN supplémentaires.
Le groupe d'experts dirigé par l'ancien ministre libéral John Manley recommande au gouvernement canadien de poursuivre sa mission en Afghanistan au-delà de l'échéance de 2009, sans toutefois établir de date butoir.
Le rapport soutient que le Canada devrait maintenir sa présence militaire canadienne dans le sud du pays, mais recommande que cette mission soit graduellement réorientée, même si elle pourrait toujours inclure des opérations de combat.
L'engagement des Forces canadiennes au-delà de 2009, précisent les experts, devrait cependant être soumis à deux conditions:
- le déploiement, par l'OTAN, d'un groupe tactique supplémentaire de 1000 soldats;
- le déploiement, avant février 2009, d'hélicoptères de transport de moyen tonnage et de drones (avions sans pilotes) pour des opérations de renseignement, de surveillance et de reconnaissance.
Si l'OTAN est incapable de trouver un partenaire pour les militaires canadiens actuellement en mission dans la région de Kandahar au cours de la prochaine année, indique M. Manley, le gouvernement canadien devrait signaler à l'OTAN son intention de se retirer en février 2009.
L'envoi de nouvelles troupes permettrait au Canada d'accorder une plus large place à la formation de l'armée afghane, afin que celle-ci puisse assurer la sécurité à Kandahar et dans l'ensemble de l'Afghanistan. « À mesure qu'augmenteraient les capacités des Forces de sécurité nationale afghanes, le Canada devrait en venir à jouer un rôle beaucoup moins important au chapitre des combats », soulignent les experts.
Cinq experts
Outre l'ancien ministre libéral des Affaires étrangères, John Manley, le groupe de travail mis sur pied par le gouvernement Harper comprend l'ancien ministre fédéral Jake Epp, l'ancien greffier du Conseil privé Paul Tellier, l'ancien ambassadeur du Canada aux États-Unis Derek Burney et l'ancienne consule générale du Canada à New York Pamela Wallin.
Reconstruction et diplomatie
Les experts recommandent par ailleurs que les efforts de reconstruction soient réorientés de manière à mettre davantage l'accent sur « l'assistance directe et bilatérale à des projets qui répondent aux besoins immédiats et concrets du peuple afghan, en particulier dans la province de Kandahar ».
Ils soulignent aussi qu'Ottawa devrait évaluer systématiquement l'efficacité de ses contributions et la mesure dans laquelle les objectifs et les échéances énoncés dans le Pacte pour l'Afghanistan ont été respectés. Les engagements futurs, indique le rapport, devraient être pris en fonction de ces évaluations.
Les experts suggèrent en outre au gouvernement de présenter fréquemment à la population « des rapports plus francs sur les événements qui se déroulent en Afghanistan, qu'il fournisse d'autres évaluations du rôle du Canada et qu'il se concentre davantage sur les démarches diplomatiques et les efforts de reconstruction, parallèlement au volet militaire ».
Le Canada, ajoute le rapport Manley, devrait aussi préconiser:
- la prompte nomination d'un responsable civil de haut rang représentant le secrétaire général des Nations Unies, dans le but d'assurer une plus grande cohérence des efforts civils;
- des démarches énergiques auprès des pays voisins de l'Afghanistan, notamment le Pakistan, afin de réduire les risques rattachés à la stabilité et à la sécurité régionales au lendemain des événements survenus récemment dans ce pays;
- des efforts concertés de la part du gouvernement afghan pour améliorer la gouvernance en luttant contre la corruption, en offrant des services de base au peuple afghan et en travaillant à la réconciliation politique dans le pays.
Le groupe dirigé par M. Manley fait preuve d'un optimisme prudent quant à l'issue du conflit. « Contribuer à bâtir un Afghanistan plus stable, mieux gouverné et plus fort sur le plan économique nous apparaît comme un objectif réalisable pour le Canada. Mais l'issue demeure incertaine. La guerre qui se déroule en Afghanistan est complexe. L'avenir est parsemé de dangers, qui peuvent faire échec aux plans les mieux élaborés et aux prévisions les plus sûres », peut-on lire dans le rapport.
Réactions à venir
Le rapport Manley contribuera sans contredit à relancer le débat à la Chambre des communes sur la très controversée mission canadienne en Afghanistan.
L'opposition libérale exige d'Ottawa qu'il avise l'OTAN que les troupes canadiennes mettront fin à leur mission de combat dans le sud du pays en février 2009, mais qu'elles pourront alors être redéployées dans un secteur moins dangereux du pays et y mener une mission de reconstruction et d'aide humanitaire.
Les bloquistes, eux, veulent un retrait canadien à l'échéance de février 2009 et les néo-démocrates exigent un retrait immédiat d'Afghanistan.