Le sort de Berlusconi pourrait être scellé mardi

À Cannes, Silvio Berlusconi a été tancé par l'Europe et le FMI pour son manque de crédibilité.
Photo : AFP / PASCAL GUYOT
Prenez note que cet article publié en 2011 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Sous pression depuis la réunion du G20, le président du conseil italien Silvio Berlusconi s'emploie depuis dimanche à démentir les rumeurs sur sa démission imminente. Le chef du gouvernement doit affronter un nouveau vote décisif mardi au parlement, alors que plusieurs membres de sa majorité ont rejoint les rangs de l'opposition.
Pendant qu'il s'affaire en coulisse à s'assurer du vote des députés de sa formation politique, le Parti de la liberté (PDL), le Cavaliere multiplie les démentis. Sur sa page Facebook, on peut lire que les rumeurs en question sont « dénuées de tout fondement ».
Le chef de file des députés du parti berlusconien, Fabrizio Cicchitto, assure de son côté qu'il a parlé « il y a peu » au chef du gouvernement et que celui-ci n'envisageait pas de quitter son poste.
Malgré les dénégations de l'intéressé, les rumeurs autour de la démission de Silvio Berlusconi ne cessent de se propager sur Internet. Elles ont été déclenchées samedi par les déclarations d'un de ses proches, Giuliano Ferrara. « Que Berlusconi soit sur le point de céder la place, c'est désormais une chose claire. C'est une question d'heures voire de minutes », a affirmé le directeur du journal de droite Il Foglio, considéré comme un conseiller écouté du chef du gouvernement.
La rumeur a pris davantage de consistance dimanche, à la suite des informations qui ont filtré d'une rencontre ayant eu lieu entre le chef du gouvernement, ses enfants et le patron de son empire médiatique Mediaset. Rencontre au cours de laquelle l'idée de sa démission aurait été abordée.
Pressé par l'Union européenne (UE) et le Fonds monétaire international (FMI) de faire adopter un plan d'austérité, Silvio Berlusconi doit affronter un vote crucial mardi au parlement. Les députés italiens devront en effet se prononcer sur les finances publiques de l'État, une occasion de faire tomber le gouvernement.
Des députés quittent le navire
Jusqu'ici, le président du Conseil pouvait compter sur une majorité solide et indéfectible. Or, trois députés du PDL ont annoncé qu'ils ralliaient l'opposition centriste. Silvio Berlusconi doit également composer avec un groupe d'une vingtaine de députés frondeurs, dont le vote ne serait plus garanti.
Sur le papier, la coalition au pouvoir n'aurait plus la majorité absolue de 316 à la Chambre des députés.

En Italie, la rue demande la démission de Berlusconi.
Photo : AFP / ALBERTO PIZZOLI
« Les dernières informations qui me parviennent me laissent penser que la majorité n'existe plus et qu'il est inutile [pour Berlusconi] de se montrer implacable », a reconnu dimanche soir le ministre de l'Intérieur Roberto Maroni, membre de la Ligue du Nord et allié du PDL au sein de la coalition au pouvoir.
Afin d'éviter d'être mis en minorité, le Cavaliere rencontre les indécis et passe des coups de fil. Après un entretien avec Berlusconi, un député de la coalition a raconté que le président du Conseil était prêt à les récompenser par des « postes bien mérités » au sein du gouvernement.
« Berlusconi bluffe, c'est une tentative désespérée de sauver sa peau. Il n'a plus la majorité à la Chambre », certifie Dario Franceschini, du Parti démocrate (centre gauche). Dans l'éventualité où Silvio Berlusconi survivrait au vote, l'opposition a d'ores et déjà annoncé qu'elle préparait une motion de défiance pour faire tomber le gouvernement.
L'Italie au bord de la faillite
Troisième économie de la zone euro, l'Italie est présentée depuis plusieurs mois comme le prochain État de l'Union européenne menacé par la crise de la dette. Avec un déficit colossal de plus de 1900 milliards d'euros (2650 milliards de dollars), représentant 120 % du PIB, « l'Italie a une taille suffisante pour déstabiliser la zone euro » en déclenchant un « risque systémique », souligne Cyril Regnat, un stratégiste obligataire de la banque Natixis.
Lors du G20 de Cannes, les responsables internationaux ont multiplié les pressions sur l'Italie, accusée de manquer de « crédibilité ». Rome a ainsi été placée sous la surveillance du FMI et de Bruxelles, qui doivent s'assurer de la mise en oeuvre de ses promesses.
Avec les informations de Agence France-Presse et Reuters