Les États-Unis et l'Europe appellent le président syrien Assad à quitter le pouvoir
Prenez note que cet article publié en 2011 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'Union européenne et les États-Unis appellent le président de la Syrie, Bachar Al-Assad, « à quitter le pouvoir ». Le président américain Barack Obama estime que le temps est venu pour son homologue syrien de « se retirer ».
Le premier ministre canadien, Stephen Harper, s'est joint à ces appels, jeudi matin, pour demander que le président Assad « quitte son poste, qu'il renonce au pouvoir et qu'il parte immédiatement. La population syrienne a le droit de décider elle-même des prochaines étapes de l'avenir de la Syrie », a déclaré le premier ministre, dans un communiqué.

Le président syrien Bachar Al-Assad, lors de la réunion du comité central du parti Baas, le 17 août.
Photo : AFP / HO/SANA
Plus tard en journée, le ministre des Affaires étrangères, John Baird, a répété la position canadienne, affirmant sans détour que « le régime Assad a perdu toute sa légitimité en tuant ses propres populations pour rester au pouvoir ».
Le ministre a rappelé que le Canada avait annoncé des sanctions contre le régime syrien plus tôt cette semaine, mais n'en a pas annoncé de nouvelles.
La chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a officiellement demandé à Bachar Al-Assad d'abandonner le pouvoir, répétant que ce dernier « a perdu toute légitimité aux yeux du peuple syrien ». Son message a été repris en choeur par Nicolas Sarkozy, Angela Merkel et David Cameron, qui se sont prononcés, dans une déclaration commune, pour de « nouvelles sanctions fermes » à l'encontre de la Syrie.
Le président français, la chancelière allemande et le premier ministre britannique ont par ailleurs exhorté le régime syrien « à mettre fin immédiatement à toute violence, à libérer les prisonniers de conscience et à permettre aux Nations unies de conduire sans entrave une mission d'évaluation de la situation ».
De son côté, Catherine Ashton a annoncé que l'Union européenne préparait de nouvelles sanctions contre la Syrie. « L'ajout de noms supplémentaires sur la liste de ceux qui sont visés par des mesures restrictives de l'Union européenne est en préparation, a-t-elle précisé. De plus, a poursuivi la diplomate, l'UE avance dans ses discussions pour de nouvelles mesures qui élargiront le champ de ses sanctions contre le régime syrien ».
Nouvelles sanctions américaines
Le président américain a également annoncé de nouvelles sanctions à l'encontre de la Syrie. Celles-ci « vont frapper le régime en plein coeur et accélérer son isolement », a précisé la secrétaire d'État Hillary Clinton lors d'un point de presse.
Le gouvernement interdit ainsi l'importation aux États-Unis de pétrole et de produits pétroliers provenant de Syrie, tarissant par là même la principale source de financement du pouvoir en place.
En 2010, les exportations pétrolières de la Syrie ont atteint 3,3 milliards de dollars, selon un rapport du Fonds monétaire international, soit environ 23 % du total des exportations syriennes.
Le département du Trésor va également geler tous les avoirs que l'État syrien pourrait détenir dans les territoires sous sa juridiction. Le décret présidentiel instituant le renforcement de l'arsenal de sanctions contre Damas autorise également le Trésor à prendre des mesures de rétorsion contre toute personne morale ou physique, américaine ou non, « qui apporterait un soutien à l'État syrien ».
Bachar Al-Assad insensible aux pressions internationales
Le régime syrien a réagi dans la journée en jouant sur la fibre nationaliste. « C'est tout de même étrange qu'au lieu d'offrir son aide [à Damas] pour appliquer son programme de réformes, Obama et le monde occidental cherchent à attiser la violence en Syrie », a déclaré Reem Haddad, directrice des relations extérieures du ministère syrien de l'Information.
« La Syrie ne fera pas fi de sa dignité et de sa souveraineté et l'Occident a oublié que le peuple syrien fait front face aux pressions extérieures », a pour sa part martelé la télévision syrienne.
L'opposition syrienne a également cherché à prendre ses distances avec les positions des Occidentaux. « C'est le peuple syrien qui décide du départ du président. L'unique solution à l'effusion de sang dans les rues syriennes, c'est de réaliser un vrai changement démocratique, et pour y arriver, nous comptons sur le peuple syrien et non pas sur l'étranger », a ainsi affirmé Rami Abdel Rahmane, directeur de l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH).
Mercredi, le président Al-Assad avait présidé la première réunion du comité central du parti Baas - parti unique, au pouvoir depuis 1963 - depuis le début de la révolte le 15 mars.
Il y a affirmé que « la Syrie restera forte, continuera de résister et ne renoncera pas à sa dignité ni à sa souveraineté », malgré les pressions internationales.
Le président a souligné la nécessité de faire participer « les différents groupes de la société » au processus de réformes entamé « non pas à la demande de la communauté internationale, mais parce que les Syriens étaient convaincus de leur nécessité », selon l'agence officielle Sana.
Toujours selon Sana, les participants à la réunion ont cependant estimé que cela n'est « pas possible sans le rétablissement de la sécurité » en Syrie.
Rencontre du Conseil de sécurité de l'ONU
Le Conseil de sécurité de l'ONU doit tenir une réunion sur la crise en Syrie jeudi.
Selon des diplomates, la haute-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU, Navi Pillay, devrait demander au Conseil d'autoriser la Cour pénale internationale à lancer une enquête sur la répression sanglante des opposants.
Le Conseil des droits de l'homme des Nations unies a également fait savoir qu'une session extraordinaire sur les violences en Syrie aura lieu lundi prochain.
Les membres du Conseil pourraient y adopter une résolution condamnant la répression en Syrie et demandant l'ouverture d'une enquête sur la violence déployée par les forces syriennes contre les manifestants.
La demande de session spéciale du Conseil, une procédure peu fréquente, a été déposée par 24 des 47 pays membres, dont l'Arabie saoudite, la Jordanie, le Qatar et le Koweït.
Avec les informations de Agence France-Presse et Reuters