Un tribunal déboute le petit-fils de Staline

À Moscou, des artistes de rue, qui gagnent leur vie en personnifiant Lénine et Staline, prennent une pause en mangeant des frites de McDonald's.
Photo : AFP / ALEXANDER NEMENOV
Prenez note que cet article publié en 2009 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Le petit-fils du dictateur de l'époque soviétique perd son procès en diffamation contre le journal d'opposition russe Novaïa Gazeta qui a publié des articles sur les crimes commis par son grand-père.
Evguéni Djougachvili, le petit-fils de Staline, a perdu le procès en diffamation qu'il avait intenté contre le journal d'opposition russe Novaïa Gazeta. Un tribunal de Moscou qui examinait l'affaire depuis la mi-septembre a débouté le plaignant.
Le média avait publié le 22 avril dernier un article sur les crimes du « petit père des peuples ». Il y était dit que le dictateur soviétique avait signé personnellement les ordres d'exécution de citoyens soviétiques et de plusieurs milliers de prisonniers polonais qui ont été abattus par le NKVD en 1940. Il s'agit de l'ancêtre des services secrets de l'ex-URSS.
L'agence Ria Novosti, qui rapporte la nouvelle, précise qu'à l'annonce du jugement, qui sera rendu public ultérieurement, une partie des personnes présentes dans la salle ont applaudi, tandis que d'autres ont accueilli la décision en hurlant « honte ».
Selon Interfax, Iouri Moukhine, l'avocat du plaignant, qui avait déjà reproché au juge d'avoir refusé de prendre en compte des preuves qu'il avait présentées, a mentionné que le petit-fils de Staline, qui n'était pas présent à l'audience, allait « sans doute » interjeter appel. Par ailleurs, l'avocat de la défense du Novaïa Gazeta, Alexeï Benetski, a parlé d'une « grande victoire ».
Le petit-fils de Staline réclamait l'équivalent de 230 000 euros en dommages-intérêts après la publication de l'article qui s'appuyait sur des documents soviétiques déclassifiés.
Un jugement contre le journal aurait été considéré comme une manière d'exonérer le personnage, et, par le fait même, aurait constitué un revers pour l'opposition libérale. Cette dernière estime que la Russie doit reconnaître son passé sanglant et accuse le Kremlin de réécrire l'histoire.
Ces dernières années, certains Russes ont tenté de réhabiliter celui qui, selon l'organisation de défense des droits de l'homme Memorial, a ordonné la mort d'au moins 724 000 Soviétiques lors de purges.
Mort en 1953, Staline, de son vrai nom Iossif Vissarionovitch Djougachvili, reste néanmoins révéré en Russie pour son rôle dans la victoire des Alliés lors de la Seconde Guerre mondiale.
Avec les informations de Agence France-Presse et Associated Press