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Infatigable opposant

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Morgan Tsvangirai incarne au Zimbabwe l'opposition à l'inamovible président Robert Mugabe. Issu d'un milieu modeste, il est né en 1952 à Gutu, dans l'est du pays. Il a dû interrompre ses brèves études afin d'aider à nourrir sa nombreuse famille, dont il est l'aîné.

Après un passage dans l'industrie du textile, le jeune Morgan est embauché comme mineur pour une compagnie d'extraction de nickel à Bindura, où il vit pendant une dizaine d'années. C'est à ce moment-là, dans les années 70, que se tient la lutte armée contre le régime blanc d'Ian Smith. Morgan Tsvangirai se tient à l'écart, ce qui lui vaudra par la suite les remontrances de Robert Mugabe.

Tsvangirai fait ses premières armes dans le syndicalisme. Sa fougue et son activisme le propulsent au poste de chef de section du syndicat Associate Mine Workers Union. Il sera ensuite choisi comme l'un des responsables du National Mine Workers Union, avant de devenir secrétaire général du Zimbabwe Congress of Trade Unions en 1988.

Orateur de grande éloquence, Morgan Tsvangirai donne de multiples conférences dans les universités d'Afrique et d'ailleurs. Il s'exprime aussi dans le cadre de nombreuses rencontres internationales. Son propos est souvent incisif quand il s'agit de Robert Mugabe, qu'il n'hésite pas à qualifier de « despote dérangé ». On lui reproche toutefois d'être parfois impulsif.

Le Zimbabwe en chiffres

Population: 13,3 millions d'habitants (ONU, 2007)
Taux d'alphabétisation: 87 % pour les femmes et 94 % pour les hommes
Taux de chômage: 80 % (2008)
Taux d'inflation: 100 580,2 % (2008)
Sida: en 2007, 15,6 % des personnes de 15 à 49 ans étaient porteuses du VIH; en 2006, 17,7 % des femmes enceintes étaient porteuses du VIH

De syndicaliste à opposant politique

C'est vers la fin des années 90 que Morgan Tsvangirai émerge en politique. En décembre 1997 et au début de 1998, il prend la tête d'une série de grèves dirigées contre le gouvernement de Robert Mugabe. Ces mouvements font suite à une décision du président d'allouer unilatéralement aux vétérans de la guerre d'indépendance des indemnités de retraite et de financer cette mesure en augmentant les impôts. La grève paralyse le pays et force Mugabe à reculer.

En 1999, Morgan Tsvangirai fonde le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) avec l'aide du Zimbabwe Congress of Trade Unions. Le nouveau parti naît dans un pays où l'opposition au pouvoir est quasi inexistante. Le MDC va chercher ses appuis chez les travailleurs noirs en milieu urbain, mais il rassemble aussi des éléments très disparates, dont des fermiers blancs, unis par une même volonté: débarrasser le Zimbabwe de Robert Mugabe.

Harcèlements

Robert Mugabe n'hésite pas à accuser le MDC d'être une marionnette de la minorité blanche du Zimbabwe et de la Grande-Bretagne. Il ne rate pas non plus une occasion pour rappeler que Morgan Tsvangirai n'a pas pris part à la guérilla contre la minorité blanche et aux efforts pour rendre les terres les plus fertiles à la majorité noire du pays.

En s'opposant au régime, Morgan Tsvangirai s'est souvent attiré les foudres du puissant Mugabe. Lui et son parti font l'objet de harcèlements incessants et parfois brutaux de la part des autorités. L'opposant en chef aurait même été la cible de trois tentatives d'assassinat. En 1989 déjà, Tsvangirai avait été emprisonné pendant six semaines après avoir été accusé d'espionnage au profit de l'Afrique du Sud.

En février 2000, le MDC fait campagne contre le référendum sur la réforme de la Constitution, qui visait à donner plus de pouvoirs au président. Avec la victoire du non, Tsvangirai inflige une défaite cinglante à Robert Mugabe.

Montée de l'opposition

En dépit de l'acharnement du pouvoir, le MDC effectue une percée remarquable aux élections législatives de juin 2000. Le parti d'opposition rafle 57 sièges, contre 62 pour le ZANU-PF de Robert Mugabe, mettant ainsi fin à 20 ans de monopole du parti au pouvoir. Tsvangirai n'est cependant pas élu.

Première confrontation directe avec Mugabe, Tsvangirai se présente à l'élection présidentielle de mars 2002, entachée de fraudes de l'avis de nombreux observateurs. Le président est réélu avec 57 % des suffrages (loin des 90 % habituels) contre 43 % à Tsvangirai. Morgan Tsvangirai devient de plus en plus menaçant pour le pouvoir de Mugabe, qui tente de le discréditer et de briser son élan. En 2003, Il est accusé, avec deux de ses adjoints, d'avoir « conspiré pour renverser le chef de l'État ». Poursuivi pour haute trahison, il sera cependant acquitté.

Le bras de fer se poursuit. Le MDC perd des plumes aux élections de 2005, jugées frauduleuses. Tsvangirai en sort doublement égratigné, puisque des voix dissonantes se lèvent au sein du parti pour lui reprocher sa mollesse.

En mars 2007, le chef du MDC est passé à tabac puis incarcéré après une manifestation interdite par le gouvernement et organisée par des mouvements de l'opposition rassemblés autour de la coalition Save Zimbabwe Campaign (Campagne pour sauver le Zimbabwe). L'opposition protestait contre l'interdiction des manifestations et rassemblements politiques, et la crise socio-économique. Elle manifestait aussi contre l'intention du président Robert Mugabe de briguer un nouveau mandat en 2008.

Dernière confrontation en date et qui est toujours en vigueur: les élections générales du 29 mars 2008. Les résultats de la présidentielle accordent une légère avance à l'opposant Morgan Tsvangirai (47,9 % des suffrages, contre 43,2 % pour Robert Mugabe). Un deuxième tour aura lieu le 27 juin 2008.

Quant aux élections législatives, le MDC y a remporté 109 sièges contre 97 pour le ZANU-PF de Mugabe.


REPÈRES HISTORIQUES

Novembre 1965: Ian Smith, premier ministre du gouvernement blanc, déclare unilatéralement l'indépendance de la Rhodésie du Sud et coupe les ponts avec le Royaume-Uni.

1969: Le gouvernement adopte une nouvelle constitution limitant l'accès des Noirs au pouvoir. Des groupes nationalistes mènent une révolte armée.

10 septembre 1979: La conférence constitutionnelle de Lancaster House consacre l'indépendance du Zimbabwe. Elle permet la formation d'un gouvernement noir, après une longue lutte armée.

Avril 1980: Robert Mugabe, chef de la ZANU, est élu premier ministre.

31 décembre 1987: Robert Mugabe devient le premier président de la République du Zimbabwe, après la réforme constitutionnelle d'octobre de la même année.

17 mars 1996: Réélection contestée de Robert Mugabe.

Février 2000: Rejet du référendum constitutionnel visant à donner plus de pouvoirs au président.

Juin 2000: Le MDC de Morgan Tsvangirai effectue une percée lors des élections législatives. Il obtient 57 sièges contre 62 pour le ZANU-PF de Robert Mugabe

Mars 2002: Seconde réélection de Robert Mugabe à la présidence de la République.

Avril 2002: Mugabe lance une vaste réforme agraire. 2900 fermiers blancs sont dépossédés de leurs terres, qui ont été redistribuées à la population noire.

Juin 2003: Le MDC organise une semaine de protestation contre le président Mugabe. Le chef Morgan Tsvangirai est emprisonné, puis libéré sous caution

2003: Le Congrès américain inflige des sanctions financières et économiques au Zimbabwe.

2005: Le Zimbabwe se retrouve sur la liste américaine des « postes avancés de la tyrannie » aux côtés de Cuba et de la Corée du Nord.

29 mars 2008: Élections générales entachées de fraude. Le MDC remporte les législatives. Son chef, Morgan Tsvangirai, est en avance au premier tour de la présidentielle.

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