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Kouchner tempère ses propos

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Les déclarations récentes du chef de la diplomatie française, selon lequel le monde devait se « préparer au pire », même à l'éventualité d'une « guerre » avec l'Iran, soulèvent un tollé dans le monde.

La France, en adoptant un ton belliciste envers l'Iran, risque fort de passer dans le monde pour le nouveau sous-traitant du président américain George W. Bush.

C'est du moins ce que soutient, mardi, le quotidien algérien El-Watan qui craint que le nouveau ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, « n'installe la France dans la posture de sous-traitant des États-Unis qui, embourbés dans la tragédie irakienne, n'ont pas les moyens d'ouvrir un autre front avec l'Iran ».

Les déclarations controversées du ministre Kouchner ne peuvent, toujours selon le El-Watan, être considérée comme des « déclarations inopinées dans la mesure où elles interviennent après celles encore plus fracassantes du président français Nicolas Sarkozy qui, en août, avait également agité le spectre de la guerre contre l'Iran ».

Et si la déclaration martiale du ministre Kouchner ont fait bondir plusieurs éditorialistes du monde arabe, la presse française n'a pas hésité à critiquer le ministre. Le journaliste du Point, Franz-Olivier Giesbert, expliquant que « la diplomatie, c'est l'art de dire « Oh, le joli chien! » tout en cherchant des yeux un bâton », en conclut, jeudi, que le chef de la diplomatie française « n'est pas un diplomate ». Le Point poursuit sa sévère critique du ministre Kouchner en soutenant que « ce n'est pas avec de l'emphase et des moulinets que l'on fait une bonne politique étrangère ».

Même son de cloche du côté du journal satirique Le Canard Enchaîné, qui consacrait, mercredi, sa une à l'affaire, titrant « Kouchner prêt pour la guerre contre l'Iran. C'est le French Doctor Folamour ! »

De plus dans le Timesonline de Londres, la commentatrice en chef de la politique étrangère Bronwen Maddox affirme que le changement de ton dans le dossier du nucléaire iranien provient, entre autres, du désir de la France, depuis l'arrivée du président Sarkozy, d'employer la « ligne » dure.

Devant l'indignation générale, Bernard Kouchner avait pourtant tenté d'adoucir le ton, mardi, répétant à qui veut l'entendre qu'il n'est pas un « va-t-en-guerre » et qu'au contraire, ses commentaires de dimanche sur le nucléaire iranien se voulaient résolument « pacifistes ».

Dimanche, Bernard Kouchner a déclaré que le monde devait se « préparer au pire », même à l'éventualité d'une « guerre » avec l'Iran.

En Iran, malgré les vives critiques de l'agence de presse officielle IRNA, pour qui le gouvernement Sarkozy n'est guère plus que « le traducteur de la politique de la Maison-Blanche », le président Mahmoud Ahmadinejad a tempéré le tout.

« Les propos tenus à la presse sont différents des positions véritables, aussi nous ne devons pas considérer ces menaces comme sérieuses », a expliqué le président iranien lors d'un point de presse à Téhéran.

Bernard Kouchner, partisan de la théorie du devoir d'ingérence qui autoriserait moralement une nation à intervenir dans les affaires internes d'un autre pays sous prétexte de la défense de « valeurs universelles », a réclamé des sanctions européennes, en dehors de celles de l'ONU.

Paris a appelé malgré tout à la négociation pour éviter que Téhéran ne se dote de l'arme atomique.

Les deux grands alliés économiques de l'Iran que sont la Russie et la Chine ont tous deux appelé la diplomatie française à plus de retenue. À l'issue d'une rencontre avec son homologue Bernard Kouchner, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a déclaré que « la Russie s'inquiète devant les multiples informations selon lesquelles des actions militaires sont sérieusement envisagées contre l'Iran ».

La Chine, qui dépend grandement du pétrole iranien pour poursuivre son développement économique, affirme ne pas approuver « cette façon de brandir aussi facilement la menace d'un recours à la force dans les affaires internationales ».

Le chef de la diplomatie européenne, Javier Solana, s'est pour sa part abstenu de commenter d'éventuelles sanctions contre l'Iran en dehors du cadre des Nations unies.

ElBaradei réagit

Lundi, le directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), Mohamed ElBaradei, a déclaré qu'il était un peu tôt pour parler d'un coup de force contre l'Iran, affirmant que les « autres options » n'étaient pas épuisées.

« Je crois que ce que nous devons faire, c'est encourager l'Iran à travailler avec l'Agence pour clarifier les questions en suspens » sur la nature de son programme nucléaire, a-t-il ajouté.

« D'ici novembre ou décembre, nous serons en mesure de savoir si l'Iran agit de bonne foi et sinon, nous aurons clairement une autre situation », a souligné M. ElBaradei.

M. ElBaradei s'exprimait devant la presse au premier jour de l'assemblée générale des 144 pays membres de l'AIEA à Vienne. Le dossier nucléaire iranien sera au centre de cette conférence.

De leur côté, les États-Unis continuent de miser sur la diplomatie dans ce dossier, mais ajoutent que toutes les options restent ouvertes, y compris le recours à la force. C'est ce qu'a indiqué le secrétaire à la Défense Robert Gates, plus tôt, en marge de la conférence de l'AIEA.

Les six grandes puissances impliquées dans les négociations sur le nucléaire iranien doivent aussi se réunir vendredi à Washington pour étudier un projet de résolution de l'ONU prévoyant de nouvelles sanctions contre Téhéran.

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