Ascension et chute d'un politicien qui a bravé l'Occident

Prenez note que cet article publié en 2006 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Né à Pozarevac, en Serbie, d'un père théologien orthodoxe et d'une mère communiste, Slobodan Milosevic est entré en politique à 43 ans. Reconnu pour être un piètre orateur et un politicien sans charisme, il a pourtant connu une ascension fulgurante.
En 1987, alors président de la Ligue des communistes de Serbie, il affirme devant des milliers de Serbes du Kosovo que « personne n'a le droit de [les] frapper », devenant le symbole du nationalisme serbe. Profitant de l'affaiblissement du pouvoir fédéral, il entame une véritable croisade en faveur de l'union de tous les Serbes.
Neutralisant peu à peu ses adversaires, il évince son mentor, Ivan Stambolic, de la présidence de Serbie et remporte l'élection qui suivra. En 1989, il rétablit la primauté des Serbes au Kosovo, supprimant l'autonomie octroyée en 1974 à la province à majorité albanaise.
Après l'éclatement de la Yougoslavie communiste, en 1991, le projet prêté à Slobodan Milosevic de rassembler les Serbes dans un État, qui aurait été créé aux dépens de la Croatie et de la Bosnie, a provoqué en quatre ans la mort de 200 000 personnes et l'exode de deux à trois millions de personnes.
Il encourage les Serbes de « l'extérieur » à proclamer la République autonome de Croatie et celle de Bosnie-Herzégovine. Les épisodes sanglants se succèdent. Les forces serbes réduisent la ville croate de Vukovar à un champ de ruines. Le siège de Sarajevo fera une dizaine de milliers de morts. Quelque 7000 musulmans seront massacrés à Srebrenica.
Les puissances occidentales considèrent Slobodan Milosevic comme le principal responsable des guerres qui ont suivi le démantèlement de la Yougoslavie. Malgré tout, il s'impose comme l'interlocuteur incontournable lors de la conclusion des accords de paix de Dayton, aux États-Unis, qui met fin au conflit en Bosnie-Herzégovine, en 1995.
En juillet 1997, il troque son poste de président de la Serbie contre celui de président de la République fédérale de Yougoslavie (RFY/Serbie et Monténégro). Soutenu par l'armée et la police, il forme, au début 1998, une coalition avec les ultra-nationalistes et durcit son régime.
En 1998, la guerre éclate au Kosovo. Elle fera 2000 morts et provoquera la fuite de plusieurs centaines de milliers de Kosovars d'origine albanaise, qui veulent éviter le nettoyage ethnique.
En 1999, l'OTAN bombarde la Serbie pendant 11 semaines et contraint les troupes serbes à quitter le Kosovo.
En 2000, Milosevic reconnaît sa défaite à l'élection présidentielle, après un vaste soulèvement populaire. Accusé, en 2001 de fraude et d'abus de pouvoir, il est emprisonné à Belgrade en avril 2001.
Cédant aux pressions internationales, les autorités serbes finissent par le livrer au TPI, le 28 juin.