Autre coup dur pour les actionnaires

Photo : La Presse canadienne / Frank Gunn
Prenez note que cet article publié en 2009 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
L'ancien fleuron de l'économie canadienne se place sous la protection des tribunaux aux États-Unis et s'apprête à faire de même au Canada. Ottawa lui offre une aide sous forme de garantie de cautionnement.
Le géant canadien des télécommunications Nortel Networks et certaines de ses filiales viennent de se placer à l'abri de ses créanciers aux États-Unis et la firme annonce qu'elle fera de même au Canada.
Au pays, la firme invoquera la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies; aux États-Unis, sa requête a été présentée devant un tribunal du Delaware en vertu du chapitre 11 du Code des faillites. Une démarche similaire doit être entreprise par certaines filiales de Nortel en Europe, en Afrique et au Moyen-Orient.
Dans un communiqué, la firme indique que « la crise financière mondiale et la récession ont aggravé les défis financiers de Nortel et ont eu un impact direct sur sa capacité à compléter [la] transformation » qu'elle a entreprise en 2005.
La décision de se placer à l'abri de ses créanciers, précise Nortel, a été prise à l'unanimité lors d'une réunion du conseil d'administration, mardi. L'entreprise explique que la protection des tribunaux lui permettra de se pencher sur « ses coûts et le fardeau de sa dette, afin de restructurer efficacement ses opérations ».
« Nortel doit s'appuyer sur des bases financières saines une fois pour toutes », affirme le président et chef de la direction de Nortel, Mike Zafirovski. « J'estime que les gestes que nous posons aujourd'hui constituent le moyen le plus rapide et le plus efficace de transformer notre efficacité opérationnelle améliorée, notre taux de productivité à deux chiffres, notre engagement en matière de recherche et développement et notre leadership sur le plan technologique en succès à long terme. »
Réagissant à cette annonce, le gouvernement canadien a offert son aide à l'entreprise. Ottawa a accepté de fournir jusqu'à 30 millions de dollars en garantie de cautionnement à court terme par l'entremise d'Exportation et développement Canada (EDC). Par ailleurs, le gouvernement fédéral ne ferme pas la porte à des discussions portant sur un « financement subséquent ».
Les analystes financiers s'attendent maintenant à ce que le processus de restructuration se traduise par un démantèlement de Nortel Networks et la vente de ses actifs en pièces détachées. Les principaux créanciers d'une entreprise qui se place sous la protection des tribunaux étant normalement remboursés en premier, les petits investisseurs perdront vraisemblablement tous leurs avoirs dans le cadre de ce processus de restructuration.
Nortel Networks La montée et de la chute d'un géant
Transactions suspendues
La démarche de Nortel a été annoncée après que les transactions sur le titre eurent été suspendues à la Bourse de Toronto. Le titre de Nortel perdait 30 % dans des transactions effectuées avant l'ouverture des marchés. Les transactions ont repris depuis.
L'annonce de Nortel avait été ébruitée par le quotidien torontois Globe and Mail, qui avait annoncé dans son édition de mercredi, sur la foi de sources anonymes, que l'entreprise allait requérir la protection des tribunaux dès mercredi.
Le conseil d'administration de Nortel s'est réuni mardi soir pour discuter de l'impact de la crise financière sur l'entreprise. Le ralentissement économique mondial a entraîné une réduction des commandes placées par les compagnies de téléphone.

Nortel Networks (archives).
Qui plus est, des divisions de Nortel mises en vente il y a quelques mois n'ont toujours pas trouvé preneur, et l'entreprise doit payer des intérêts de 107 millions de dollars sur sa dette de 4,5 milliards de dollars dès jeudi.
Au troisième trimestre de 2008, Nortel Networks a déclaré une perte de 3,41 milliards de dollars américains, un résultat attribuable à une charge d'impôts de 2,13 milliards et à une baisse des ventes de 14 % par rapport au trimestre correspondant de l'année précédente.
L'entreprise avait annoncé du coup la suppression de 1300 emplois en 2008 et 2009, le gel des salaires de ses employés, la suspension de l'embauche et la suspension du versement de dividendes sur au moins deux séries d'actions privilégiées.
Nortel Networks a connu une sévère débâcle dans la foulée de l'explosion de la bulle technologique au tournant du siècle. Sa capitalisation boursière, qui s'établissait à 366 milliards de dollars à son sommet, en 2000, n'atteint plus que 192 millions de dollars aujourd'hui.
L'entreprise embauche tout de même 30 000 personnes et continue de faire des affaires dans 150 pays. Son siège social est situé à Toronto, mais elle a aussi des bureaux à Montréal et à Ottawa, où l'entreprise effectue l'essentiel de ses activités de recherche et de développement.
Le titre de l'entreprise a perdu 25 % de sa valeur, mardi, à la Bourse de Toronto. À la fermeture des marchés, le titre se négociait à 39 ¢. En tenant compte du fractionnement inverse, procédé qui a permis à l'entreprise de regrouper 10 actions en une, la valeur d'une action qui valait autrefois 123 $ n'est plus que de 4 ¢.
Quelque 497 millions d'actions de l'équipementier sont toujours en circulation.
Commandite des Jeux d'hiver de Vancouver

Les difficultés financières de Nortel créent une certaine inquiétude à Vancouver. À titre de commanditaire des Jeux olympiques d'hiver de 2010, Nortel est le fournisseur d'équipement de communications pour les Jeux de Vancouver qui débutent dans un an.
Le comité organisateur des Jeux de Vancouver (COVAN) a publié un communiqué, mardi matin, soulignant que Nortel a confirmé son entente de commandite après que la compagnie se soit placée sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies.
Dans son communiqué, la direction des communications du COVAN précise que Nortel a déjà respecté la majeure partie de ses engagements, évalués à plusieurs millions de dollars, et que le travail à compléter sera terminé en mai 2009.
Nortel s'est engagé à fournir l'équipement pour les connexions internet et les services téléphoniques aux 15 sites des Jeux de 2010 à Vancouver et à Whistler, aux bureaux du COVAN et à des sites connexes des Jeux de 2010.
Nortel a aussi négocié une entente de commandite évaluée à 70 millions de dollars, avec le comité organisateur des Jeux d'été de 2012 à Londres.
Avec les informations de The Globe and Mail