Le Nord en PPP

Projet minier de Millenium dans le nord du Québec.
Prenez note que cet article publié en 2011 pourrait contenir des informations qui ne sont plus à jour.
Cuivre, or, diamant, nickel, éolienne, hydroélectrique, les richesses du Nord québécois font saliver le gouvernement Charest depuis 2008. Le défi est toutefois immense. Le territoire est vaste, 72 % du territoire québécois, peu peuplé, quelque 120 000 habitants, dont 33 00 autochtones, soumis aux intempéries, et surtout doté de réseaux de transport et de télécommunications mal adaptés aux ambitions gouvernementales.
Dans un budget d'austérité, principalement tourné vers le retour à l'équilibre budgétaire, Québec dispose d'une mince marge de manoeuvre pour relancer son économie. En misant sur le développement des ressources naturelles et énergétiques du Nord, le gouvernement Charest table aussi sur l'aide de l'entreprise privée. La ministre des Ressources naturelles et responsable du Plan Nord, Nathalie Normandeau croit que les Québécois sauront tirer profit des occasions d'affaires qu'offre le Nord du Québec.
Nous entendons développer un nouveau modèle entre Québec et l'entreprise privée. Il est terminé le temps où le gouvernement assumait seul les risques.
Pour stimuler le développement de projet, le gouvernement entend construire des routes, des chemins de fer et améliorer les infrastructures des communautés. Québec prévoit y consacrer 1,6 milliard de dollars d'ici 2015, dont presque 1,2 milliard pour l'amélioration des infrastructures et près de 400 millions pour du soutien social et communautaire, dont 80 millions dès cette année.
Québec met en place le Fonds du Plan Nord afin de gérer les dividendes, les redevances minières, les taxes et les impôts générés par l'exploitation des ressources du Nord.
Les revenus que Québec engrangera par l'exploitation des ressources du Nord moduleront les investissements. Si les recettes sont au rendez-vous, le gouvernement pourrait injecter des fonds supplémentaires. Au contraire, si le Nord n'attire pas autant que prévu, le gouvernement pourrait ralentir le rythme de ses investissements.
Québec se montre ainsi prudent puisque l'évolution du secteur minier, un des piliers du Plan Nord, est très vulnérable aux fluctuations de l'économie mondiale. Le nouveau fonds profitera aussi des retombées fiscales des projets d'Hydro-Québec et des infrastructures publiques.
La gestion du Fonds du Plan Nord sera confiée à Investissement Québec. L'organisme sera aussi mandaté pour recruter des investisseurs privés pour le Plan Nord, et ce, non seulement pour le secteur minier, mais aussi dans les secteurs touristiques, fauniques et forestiers.
Québec consacrera 500 millions en cinq ans pour attirer des partenaires privés. À ce propos, le ministre des Finances, Raymond Bachand, se montre confiant et prévoit les exportations de minerai et d'aluminium seront en croissance en 2011-2012, passant de 3,4 % à 4,4 %, notamment en raison de la croissance des économies émergentes.
Le gouvernement propose différents modèles de partenariat et se montre ouvert à analyser différentes options selon la nature des projets et leur rentabilité. Toutefois, le gouvernement devra autoriser tout investissement supérieur à 30 % du cout total des projets et pour toute participation de plus de 50 millions. Ce type de partenariat pourrait intéresser des entreprises minières comme Adriana qui détient les droits miniers d'un immense gisement ferreux au nord de Schefferville. Le projet pourrait créer jusqu'à 2000 emplois.

Construction sur la Côte-Nord
Ouvrir le chemin du Nord
En attendant d'éprouver son nouveau modèle, Québec lance quatre grands projets pour ouvrir la route du Nord.
Ces projets nécessiteront un investissement de 570 millions au cours des cinq prochaines années et d'un total de 784 millions pour l'ensemble du Plan Nord qui s'étale jusqu'à 2025.
Dès cette année, le gouvernement consacrera 61 millions pour prolonger la route 167 vers les monts Otish. La construction de cette route de 260 km devrait nécessiter un investissement de 278 millions en cinq ans.
Québec répartira sur 10 ans les travaux de réfection des 570 km de la route 389, qui relient Baie-Comeau à Fermont. La facture totale devrait s'élever à 420 millions de dollars, dont 200 millions d'ici 2015. La 389 sera élargie, mieux drainée et certaines courbes, jugées dangereuses, seront corrigées. Des travaux majeurs de réfection seront entrepris sur le tronçon entre Fire Lake et Fermont. De même, de nouvelles structures seront aménagées pour franchir la rivière aux Pékans et le lac De La Rue. Les Nord-Côtiers devront toutefois se montrer patients. Le gros de ces chantiers sera mis en branle à partir de 2013.
Pour planifier l'avenir du Nord, le ministre Raymond Bachand financera deux études de faisabilité. Ainsi, 57 millions, dont la majeure partie entre 2013 et 2015, seront consacrés à une étude sur la réalisation d'un lien terrestre de 500 km entre le Nunavik et Schefferville. Ces études géomorphologiques aideront à déterminer si le lien terrestre choisi sera routier ou ferroviaire.
En reliant ainsi la baie d'Ungava à la fosse du Labrador, Québec donne aussi accès au grand réservoir de la Caniapiscau dont potentiel hydroélectrique encore inexploité est évalué à 1600 mégawatts (MW). Québec souhaite d'ailleurs qu'Hydro-Québec joue un rôle actif dans la mise en valeur des richesses du Nord. Le développement de l'immense potentiel éolien et hydroélectrique du Nord sera sous la responsabilité d'Hydro-Québec.
Le gouvernement investira aussi 33 millions pour réaliser des études de faisabilité sur la construction d'un port en eaux profondes à Whamagoostui-Kuujjuarapik et d'un lien terrestre de 250 km vers Radisson. Il s'agit ici d'un projet important qui ouvrirait les territoires du Nunavik et du Nunavut au passage du Nord-Ouest donc au commerce avec des pays nordiques comme la Russie, le Danemark ou la Norvège. L'essentiel de cette étude sera réalisé en 2014 et 2015.
La balance des investissements prévus par Québec pour l'aménagement des infrastructures du Nord, soit 508 millions, est incluse dans le Plan québécois des infrastructures 2010-2015. Le gouvernement reconnaît la fragilité du milieu nordique. La moitié du territoire du Nord sera soustraite à l'activité industrielle afin d'en protéger la diversité et la biodiversité.