Émission 207

Le mardi 11 décembre 2001


 

Quand la réglementation déficiente mine une industrie



Sept thermopompes sur 10 vendues au Canada sont achetées par des Québécois.

Cet appareil capricieux peut procurer du confort, mais il peut aussi causer des maux de tête à son propriétaire s'il est mal calibré, mal installé ou mal entretenu.

La Facture fait le point sur les maux dont souffre cette industrie après avoir reçu 126 appels téléphoniques de propriétaires mécontents de leur thermopompe.

C'est le cas d'un couple qui, en six ans, a fait réparer ou ajuster son appareil à neuf reprises, par la compagnie qui le lui a vendu.

La promesse-massue : l'économie d'énergie.

En achetant sa thermopompe en 1993, ce couple de Saint-Robert avait un but : réaliser des économies.

On lui avait dit que son prix, 7240 $, serait épongé par les économies d'énergie qu'il lui ferait réaliser. Cet argument est l'arme de choix des vendeurs.

André Dupuis, de la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie du Québec, a écrit un article sur l'art de vendre une thermopompe honnêtement.

Il affirme : «C'est un grossier mensonge de faire croire aux gens qu'ils feront une économie nette à fin de l'année. L'achat et les frais d'entretien annuels annulent les économies accumulées à la mi-saison.»

Le grossier mensonge, dont parle M. Dupuis, prend tout son sens quand on sait qu'une vente rapporte jusqu'à 2000 $ de commission au vendeur.

À l'Office de la protection du consommateur, environ 40% des plaintes déposées contre les chefs de file de l'industrie portent sur les mauvaises pratiques commerciales.

Parfois le problème commence avant qu'un vendeur ait mis les pieds dans la maison.

Les grandes entreprises font de la sollicitation téléphonique qui frise le harcèlement.

Lorsque le couple a décidé de ne plus utiliser sa thermopompe, il pensait avoir la paix.

Ce n'est pas le cas.

Il soutient que, depuis un an, le plus gros vendeur de thermopompes du Québec le harcèle pour l'avoir comme client.

Cette entreprise a fait l'objet de 53 plaintes à l'Office de la protection du consommateur depuis deux ans, dont le tiers pour mauvaises pratiques commerciales.

De l'aveu même de son président, 80 téléphonistes font de la sollicitation.

En avril dernier, le couple a demandé par écrit qu'on cesse de le harceler.

Moins d'une semaine plus tard, dit-il, il aurait reçu d'autres appels.

Le président de l'entreprise se défend des accusations de harcèlement.

Pour analyser la thermopompe du couple, La Facture a fait appel à Serge Mongeon.

Sa compagnie vend des thermopompes et elle n'a fait l'objet que d'une seule plainte à l'OPC.

M. Mongeon montre du doigt une grosse lacune de l'industrie : le manque de main d'œuvre qualifiée. «Beaucoup de personnes, dit-il, s'improvisent installateurs à gauche et à droite et c'est peut-être les conséquences qu'on a en ce moment.»

Sur la situation du couple, il ajoute: «Mon analyse, c'est que la mise en marche n'a pas été complétée selon les normes du manufacturier.»

Pourtant l'un des trois installateurs était frigoriste, comme l'exige la loi.

Confronté à ce diagnostic, la compagnie envoie deux techniciens pour évaluer l'installation. Ils sont accompagnés d'un représentant du distributeur.

Tous trois sont frigoristes.

Selon eux, ce n'est pas l'installation qui serait à l'origine des problèmes de la thermopompe, mais un manque d'entretien par le propriétaire.

Le système de filtration de l'appareil de chauffage est sale.

Le mari, électricien de formation, soutient qu'il nettoie les filtres tous les mois et qu'il a respecté toutes les consignes d'entretien du manufacturier.

La Facture remarque :
· que les problèmes ont commencé dès la première année d'utilisation de la thermopompe;
· et qu'aucun des techniciens appelés par le couple depuis 1993 n'a souligné par écrit un entretien déficient.

Serge Mongeau déconseille au couple d'investir de grosses sommes dans la réparation de sa thermopompe.

Les techniciens, quant à eux, suggèrent de procéder au nettoyage du système et de donner une seconde chance à l'appareil.

La Facture a appris que le couple a fait nettoyer le serpentin de sa fournaise qui était complètement bloqué. Pour l'instant, sa thermopompe fonctionne bien.

Une histoire à suivre…



Autopsie d'une industrie
en mal d'un code d'éthique


Dans les années 90, les compagnies de tabac américaines ont été forcées de révéler que des additifs étaient ajoutés au tabac des cigarettes.

Certains de ces additifs, comme l'ammoniac, devaient faciliter l'absorption de la nicotine par le fumeur et faire augmenter les ventes.

Malgré les négations des compagnies américaines, le scandale des additifs a contribué à démolir leur réputation.

Au Canada, plusieurs fabricants, comme Tabac Lépine, indiquent que leurs cigarettes ne contiennent pas d'additif.

Cela signifie-t-il que ces cigarettes soient moins dangereuses que les autres?

Les paquets de cigarettes vendues par Imperial Tobacco, le plus grand fabricant canadien, ne portent pas la mention «sans additif». Selon son porte-parole, la raison est évidente : en général, les cigarettes canadiennes ne contiennent pas d'additif.

Vérification faite auprès de Santé Canada, c'est vrai.

À quoi sert donc cette mention?

La Facture a posé la question au représentant de la compagnie Rothman Benson & Hedges, qui l'inscrit sur certaines de ses marques.

Selon lui, les consommateurs ignorent qu'il n'y a pas d'additif dans le tabac canadien, et la compagnie juge important de les en informer.

Il reconnaît toutefois que la mention est peut-être un argument de marketing.

Neil Collishaw, directeur de recherche de «Médecins pour un Canada sans fumée» analyse cette mention : « Ce qui est sous-entendu, c'est que "naturel, sans additif", ça veut dire que c'est mieux pour la santé. Ce n'est pas vrai.

Le petit fabricant Tabac Lépine tient à conserver la mention «sans additif», puisqu'elle est vraie, dit-il.

Mais Santé Canada ne l'entend pas de la même oreille.

Son porte-parole, Benoît Jarry, explique : «Il est interdit de faire une promotion trompeuse d'un produit du tabac et de créer une fausse impression sur les caractéristiques de ce produit.»

Il ajoute que la question de la légalité de la mention «sans additif» est à l'étude.

De toute façon, la fumée du tabac est dangereuse. «Il y a une centaine de poisons pour l'être humain dans la fumée du tabac, même sans additif», conclut Neil Collishaw.

Tous les produits nocifs dénoncés dans les messages antitabac - benzène, arsenic ou autres - ne sont pas des additif, mais sont produits par la combustion du tabac.

Avec ou sans additif, les résultats sont les mêmes : le taux de mortalité imputable au tabagisme est le même au Canada qu'aux États-Unis.


Hyperliens pertinents

Physicians for a Smoke-Free Canada

Tabagisme
Site du Réseau canadien de la santé


Réduction du tabagisme
Site de Santé Canada

Tabagisme et cancer
Site de la Société canadienne du cancer


Ouvrez l'oeil... avant de le perdre

 

Avant que le port du protecteur facial complet ne devienne obligatoire dans le hockey mineur en 1975, on a dénombré au Canada 258 blessures aux yeux et 43 yeux crevés.



En 2000, ces chiffres tombaient à 13 blessures et un œil crevé.

C'est donc dire que le protecteur facile complet est efficace.

Seulement il ne met pas à l'abri de tout danger.

Pour une simple épaisseur de ruban gommé, un joueur peut être blessé même s'il porte une grille qui couvre tout son visage.

En effet, un bâton de hockey peut passer dans une ouverture de la grille si la couche de ruban gommé qui en couvre le bout n'est pas assez épaisse.

Aussi faut-il s'assurer de deux choses, quand son enfant joue au hockey :
• qu'il porte une grille qui couvre tout le visage;
que le bout de son bâton soit garni d'une couche de ruban assez épaisse pour l'empêcher de passer dans l'ouverture d'une grille.

Pour garder vos yeux intacts, ouvrez-le l'oeil!



Presque lavée par son planificateur financier : la suite


Le 6 novembre dernier, La Facture diffusait un reportage sur un planificateur financier.

Un couple de Montréal lui avait demandé de gérer l'argent de sa retraite qu'il transférait d'un Reer à un Ferr, un Fonds enregistré de revenu de retraite.

Après le décès du mari, sa veuve a constaté que le placement ne valait rien.

Le planificateur financier avait placé l'argent du Ferr dans une seule compagnie, dont il était un des associés, par le biais d'une autre compagnie.

Il y avait donc conflit d'intérêt. À la suite d'une plainte déposée par la veuve, le comité de discipline de la Chambre de la sécurité financière a retiré de façon provisoire son certificat au planificateur financier.

De plus, la firme qu'il dirigeait a reçu l'ordre de cesser ses activités.

La veuve espère toujours récupérer les 50 000 $ investis par son mari du Fonds d'indemnisation des services financiers.


 

 

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