Quand
la réglementation déficiente mine une industrie
Sept thermopompes
sur 10 vendues au Canada sont achetées par des Québécois.
Cet
appareil capricieux peut procurer du confort, mais il peut aussi causer
des maux de tête à son propriétaire s'il est mal calibré, mal installé
ou mal entretenu.
La Facture fait le point sur les maux dont souffre cette industrie
après avoir reçu 126 appels téléphoniques de propriétaires mécontents
de leur thermopompe.
C'est
le cas d'un couple qui, en six ans, a fait réparer ou ajuster son appareil
à neuf reprises, par la compagnie qui le lui a vendu.
La promesse-massue : l'économie d'énergie.
En achetant sa thermopompe en 1993, ce couple de Saint-Robert avait
un but : réaliser des économies.
On lui avait dit que son prix, 7240 $, serait épongé par les économies
d'énergie qu'il lui ferait réaliser. Cet argument est l'arme de choix
des vendeurs.
André
Dupuis, de la Corporation des maîtres mécaniciens en tuyauterie
du Québec, a écrit un article sur l'art de vendre une thermopompe honnêtement.
Il affirme : «C'est un grossier mensonge de faire croire aux gens
qu'ils feront une économie nette à fin de l'année. L'achat et les frais
d'entretien annuels annulent les économies accumulées à la mi-saison.»
Le
grossier mensonge, dont parle M. Dupuis, prend tout son sens quand on
sait qu'une vente rapporte jusqu'à 2000 $ de commission au vendeur.
À l'Office de la protection du consommateur, environ 40% des plaintes
déposées contre les chefs de file de l'industrie portent sur les mauvaises
pratiques commerciales.
Parfois
le problème commence avant qu'un vendeur ait mis les pieds dans la maison.
Les grandes entreprises font de la sollicitation téléphonique qui frise
le harcèlement.
Lorsque le couple a décidé de ne plus utiliser sa thermopompe, il pensait
avoir la paix.
Ce n'est pas le cas.
Il soutient que, depuis un an, le plus gros vendeur de thermopompes
du Québec le harcèle pour l'avoir comme client.
Cette entreprise a fait l'objet de 53 plaintes à l'Office de la protection
du consommateur depuis deux ans, dont le tiers pour mauvaises pratiques
commerciales.
De l'aveu même de son président, 80 téléphonistes font de la sollicitation.
En avril dernier, le couple a demandé par écrit qu'on cesse de le harceler.
Moins d'une semaine plus tard, dit-il, il aurait reçu d'autres appels.
Le président de l'entreprise se défend des accusations de harcèlement.
Pour
analyser la thermopompe du couple, La Facture a fait appel à
Serge Mongeon.
Sa compagnie vend des thermopompes et elle n'a fait l'objet que d'une
seule plainte à l'OPC.
M.
Mongeon montre du doigt une grosse lacune de l'industrie : le manque
de main d'œuvre qualifiée. «Beaucoup de personnes, dit-il, s'improvisent
installateurs à gauche et à droite et c'est peut-être les conséquences
qu'on a en ce moment.»
Sur la situation du couple, il ajoute: «Mon analyse, c'est que
la mise en marche n'a pas été complétée selon les normes du manufacturier.»
Pourtant l'un des trois installateurs était frigoriste, comme l'exige
la loi.
Confronté à ce diagnostic, la compagnie envoie deux techniciens pour
évaluer l'installation. Ils sont accompagnés d'un représentant du distributeur.
Tous trois sont frigoristes.
Selon eux, ce n'est pas l'installation qui serait à l'origine des problèmes
de la thermopompe, mais un manque d'entretien par le propriétaire.
Le système de filtration de l'appareil de chauffage est sale.
Le mari, électricien de formation, soutient qu'il nettoie les filtres
tous les mois et qu'il a respecté toutes les consignes d'entretien du
manufacturier.
La Facture remarque :
· que les problèmes ont commencé dès la première année d'utilisation
de la thermopompe;
· et qu'aucun des techniciens appelés par le couple depuis 1993 n'a
souligné par écrit un entretien déficient.
Serge
Mongeau déconseille au couple d'investir de grosses sommes dans
la réparation de sa thermopompe.
Les techniciens, quant à eux, suggèrent de procéder au nettoyage du
système et de donner une seconde chance à l'appareil.
La Facture a appris que le couple a fait nettoyer le serpentin
de sa fournaise qui était complètement bloqué. Pour l'instant, sa thermopompe
fonctionne bien.
Une histoire à suivre…
Autopsie
d'une industrie
en mal d'un code d'éthique
Dans
les années 90, les compagnies de tabac américaines ont été forcées
de révéler que des additifs étaient ajoutés au tabac des cigarettes.
Certains de ces additifs, comme l'ammoniac, devaient faciliter l'absorption
de la nicotine par le fumeur et faire augmenter les ventes.
Malgré les négations des compagnies américaines, le scandale des additifs
a contribué à démolir leur réputation.
Au Canada, plusieurs fabricants, comme Tabac Lépine, indiquent que
leurs cigarettes ne contiennent pas d'additif.
Cela signifie-t-il
que ces cigarettes soient moins dangereuses que les autres?
Les paquets de cigarettes vendues par Imperial Tobacco, le plus grand
fabricant canadien, ne portent pas la mention «sans additif».
Selon son porte-parole, la raison est évidente : en général, les cigarettes
canadiennes ne contiennent pas d'additif.
Vérification
faite auprès de Santé Canada, c'est vrai.
À quoi sert donc cette mention?
La Facture a posé la question au représentant de la compagnie
Rothman Benson & Hedges, qui l'inscrit sur certaines de ses marques.
Selon lui, les consommateurs ignorent qu'il n'y a pas d'additif dans
le tabac canadien, et la compagnie juge important de les en informer.
Il reconnaît toutefois que la mention est peut-être un argument de
marketing.
Neil
Collishaw, directeur de recherche de «Médecins pour un Canada
sans fumée» analyse cette mention : « Ce qui est sous-entendu,
c'est que "naturel, sans additif", ça veut dire que c'est mieux pour
la santé. Ce n'est pas vrai.
Le
petit fabricant Tabac Lépine tient à conserver la mention «sans
additif», puisqu'elle est vraie, dit-il.
Mais Santé Canada ne l'entend pas de la même oreille.
Son
porte-parole, Benoît Jarry, explique : «Il est interdit
de faire une promotion trompeuse d'un produit du tabac et de créer
une fausse impression sur les caractéristiques de ce produit.»
Il ajoute que la question de la légalité de la mention «sans
additif» est à l'étude.
De toute façon, la fumée du tabac est dangereuse. «Il y a une
centaine de poisons pour l'être humain dans la fumée du tabac, même
sans additif», conclut Neil Collishaw.
Tous les produits nocifs dénoncés dans les messages antitabac - benzène,
arsenic ou autres - ne sont pas des additif, mais sont produits par
la combustion du tabac.
Avec
ou sans additif, les résultats sont les mêmes : le taux de mortalité
imputable au tabagisme est le même au Canada qu'aux États-Unis.
Ouvrez
l'oeil... avant de le perdre
Avant
que le port du protecteur facial complet ne devienne obligatoire dans
le hockey mineur en 1975, on a dénombré au Canada 258 blessures aux
yeux et 43 yeux crevés.
En
2000, ces chiffres tombaient à 13 blessures et un œil crevé.
C'est donc dire que le protecteur facile complet est efficace.
Seulement
il ne met pas à l'abri de tout danger.
Pour une simple épaisseur de ruban gommé, un joueur peut être blessé
même s'il porte une grille qui couvre tout son visage.
En
effet, un bâton de hockey peut passer dans une ouverture de la grille
si la couche de ruban gommé qui en couvre le bout n'est pas assez
épaisse.
Aussi
faut-il s'assurer de deux choses, quand son enfant joue au hockey
:
qu'il porte une grille qui couvre tout le visage;
que
le bout de son bâton soit garni d'une couche de ruban assez épaisse
pour l'empêcher de passer dans l'ouverture d'une grille.
Pour
garder vos yeux intacts, ouvrez-le l'oeil!
Presque lavée
par son planificateur financier : la suite
Le 6 novembre dernier, La Facture diffusait un
reportage sur un planificateur financier.
Un couple de Montréal lui avait demandé de gérer l'argent de
sa retraite qu'il transférait d'un Reer à un Ferr, un Fonds enregistré
de revenu de retraite.
Après le décès du mari, sa veuve a constaté que le placement
ne valait rien.
Le planificateur financier avait placé l'argent du Ferr dans une seule
compagnie, dont il était un des associés, par le biais d'une autre
compagnie.
Il y avait donc conflit d'intérêt. À la suite d'une plainte déposée
par la veuve, le comité de discipline de la Chambre de la sécurité
financière a retiré de façon provisoire son certificat au planificateur
financier.
De plus, la firme qu'il dirigeait a reçu l'ordre de cesser ses activités.
La veuve espère toujours récupérer les 50 000 $ investis par son mari
du Fonds d'indemnisation des services financiers.