L'expérience mystique chez les bouddhistes en est une d'union avec l'univers. Elle a pour but
d'approfondir la connaissance de soi. Mais l'expérience mystique existe également dans toutes
les religions: de l'islam au judaïsme en passant par le christianisme. Chez les catholiques,
c'est la prière qui permet d'atteindre cette expérience; elle est interprétée comme un rapprochement
avec Dieu. Ce qui soulève la question fondamentale: Est-ce que notre cerveau possède des mécanismes
qui nous permettent d'entrer en contact avec Dieu? Que se passe-t-il lorsqu'on vit ce genre
d'expérience?
Pour tenter d'y répondre, le radiologiste Andy Newberg, de l'université de Pennsylvanie, a utilisé
les nouvelles techniques d'imagerie médicale. Le Dr Newberg a examiné ce qui se produisait dans le
cerveau du Dr Michael Baine, bouddhiste, lors de ses expériences mystiques, comme il l'a fait avec
des sœurs catholiques en prière et avec d'autres bouddhistes. Le Dr Newberg a d'abord injecté une
substance radioactive au Dr Baine. Pendant la méditation, cette substance est allée se fixer dans
les régions du cerveau associées à l'expérience mystique. Il a ensuite photographié ces régions à
l'aide d'un tomographe. Finalement, à son bureau, il a examiné les résultats. «En examinant les lobes
pariétaux, nous voyons que, lorsque la personne est au repos, l'activité du cerveau est équivalente
des deux côtés. Par contre, durant la méditation, il y a moins d'activité dans l'hémisphère responsable
de son orientation dans l'espace», constate le radiologiste Andy Newberg.
Que se passe-t-il dans notre cerveau?
Dans le cas d'un bouddhiste, la personne commence sa méditation en se concentrant sur un objet,
un mantra visuel. Elle sollicite donc son lobe frontal, la région de l'attention.
Des impulsions sont ensuite envoyées vers une structure qu'on appelle le thalamus. Cette structure
agit sur le cortex visuel puisque, dans ce cas-ci, le mantra est visuel.
C'est ensuite au tour du système limbique, le système qui indique aux émotions d'entrer en jeu.
L'hippocampe, en rouge, et l'hypothalamus, en jaune, commencent à inhiber l'activité du lobe pariétal,
la région responsable de la perception de notre corps et de notre relation avec l'environnement.
Résultat: la sensation de flotter et de ne faire qu'un avec le monde.
«Le cerveau est conçu de telle sorte qu'il nous permet de vivre ces expériences. Et peut-être que cela
a été voulu par une intervention divine ou par le résultat de millions d'années d'évolution. Quelle
qu'en soit la raison, je crois que ce qui est important, c'est de comprendre comment le cerveau
fonctionne. Cela nous aide à comprendre le pourquoi de ces expériences et comment nous pouvons les
incorporer dans notre vie. C'est en ayant cette compréhension que nous ouvrons, je crois, une nouvelle
fenêtre sur ce genre de sentiment et d'expérience que nous n'avions pas auparavant.» - Le Dr Andy
Newberg, radiologiste
«Un athée pourrait certainement dire que cette recherche prouve qu'il n'y a pas de Dieu, que tout se
passe dans le cerveau. Un pratiquant de n'importe quelle religion pourrait certainement dire que
cette recherche prouve que Dieu a créé le cerveau pour nous permettre d'ouvrir une porte sur l'absolu.
Or, je pense que cette recherche prouve que nous sommes conçus pour vivre cette expérience, qu'elle
fait partie de notre nature fondamentale. Est-ce qu'il y a une raison à cela? Et quelle est cette
raison? C'est là que nous passons de la science à la théologie, et je n'ai pas de réponse. Je sais
seulement que nous sommes conçus pour vivre cette expérience.» - Le Dr Baine, omnipraticien et
bouddhiste
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