Vivre au Canada : qu’est-ce qui s’est amélioré au cours des 50 dernières années?
« A-t-on réussi à construire une société plus juste et plus épanouie qu’avant? Est-ce que les rêves des années 70 se sont matérialisés? », se demande Frédéric Choinière.
Dans le documentaire Miroir, miroir, le journaliste Frédéric Choinière brosse un vaste portrait de l’évolution du Canada des 50 dernières années. Des événements comme l’Exposition universelle de 1967 et la reconnaissance des droits ancestraux des peuples autochtones ont été majeurs. Aussi, l’égalité des hommes et des femmes, la mutation du monde du travail, les changements du milieu de la santé, l’arrivée de l’écoanxiété, le développement des moyens de transport et la nouvelle religion de la consommation ont transformé la société.
Miroir, miroir sera diffusé à Doc humanité samedi 4 juin à 22 h 30 sur ICI Télé
Pour répondre à ses questions et tenter d’y voir plus clair, Frédéric Choinière va analyser avec l’aide de spécialistes les différentes facettes du quotidien des Canadiennes et des Canadiens.
Autrement dit, on va se regarder dans le miroir et se poser des questions.
Regardez le documentaire Miroir, miroir
Vieillissement et immigration, quelle influence?
Trois grandes tendances ont marqué la population canadienne au fil des 50 dernières années : son vieillissement, la progression de la diversité ethnoculturelle et l’urbanisation qui a creusé l’écart entre les milieux ruraux et urbains.
L’espérance de vie des Canadiens a considérablement progressé. C’est l’un des grands progrès du 20e siècle. On est passé par exemple d’une espérance de vie pour les hommes de 70 ans à plus de 80 ans de nos jours.
Ce vieillissement de la population amène son lot de défis, notamment en matière de soins de santé et de maintien à domicile. Il se peut qu’on soit beaucoup plus malades qu’avant
, souligne la Dre Jalila Jbilou.
La démographie des années 70 et 80 évoluait principalement avec les naissances des enfants des baby-boomers. À partir des années 90, c’est l’immigration qui prend le relais.
C’est quand même une immigration très restrictive. Il y a des règles et l'on n’accepte pas les gens à la pelletée. On dit souvent que le Canada est un pays d’immigration, mais si c’était le cas, il y aurait 150 millions de personnes dans le pays.
Les droits des Premières Nations ont-ils changé?
Les 50 dernières années ont aussi été marquées par la reconnaissance des droits ancestraux des peuples autochtones. Il faut se rappeler qu’en 1969, on avait le livre blanc de Pierre Elliott Trudeau qui voulait tout simplement éliminer le statut d’Indien, nous donner des subventions pour que l’on soit des groupes culturels
, souligne Alexis Wawanoloath, avocat en droit des peuples autochtones, Neashish & Champoux S.E.N.C.
Ce dernier revient aussi sur les pensionnats pour Autochtones, où on plaçait des enfants des Premières Nations en les arrachant à leur famille. On nous parle de réconciliation, de reconnaissance de nos droits, mais le terme "réconciliation" est souvent utilisé par le colonisateur pour nous faire croire que la colonisation est terminée
, déclare Alexis Wawanoloath.
Il serait intéressant d’en arriver à un point où l'on prend la philosophie des Premières Nations et on l’insère dans une nouvelle constitution canadienne.
La famille a-t-elle évolué?
La famille canadienne n’est plus seulement composée d’un père, d’une mère et d’enfants. Elle a énormément évolué et est devenue très diversifiée.
Les familles correspondent un petit peu plus [qu'avant], pas complètement, à ce qu’on est [comme société].
Avec l’évolution du travail des femmes et l'explosion du taux de divorce, le rôle des pères s’est aussi transformé.
Un monde du travail et de l’éducation différent?
Les spécialistes soulignent que le travail et le stress qui l'accompagne souvent sont beaucoup plus présents dans nos vies qu’au début des années 70. Les types d’emploi ont aussi beaucoup changé.
Les gens sont aussi plus scolarisés, en particulier à cause de la plus grande facilité d’accès à l’éducation.
Quand les femmes [allaient à l'école avant], c’était dans des filières classées comme féminines. Ça, s’est terminé. On est passé au-delà et c’est majeur.
Normand Baillargeon reconnaît toutefois qu’on a maintenu des systèmes d’éducation qui perpétuent les inégalités.
Une meilleure santé?
Outre la montée de l’écoanxiété, la santé mentale est maintenant prise au sérieux. Toutefois, plusieurs spécialistes soulignent que les ressources n’ont pas toujours suivi.
L’état de santé de la population s’est généralement amélioré et on a assisté au déclin de la cigarette. Toutefois, plusieurs autres dangers nous guettent et ils sont expliqués dans le documentaire.
Finalement, nos moyens de transport ont changé ainsi que la planification du territoire.
Depuis 1970 environ, on vit au-dessus de nos moyens. On a construit une ville, des quartiers, on s’est acheté des maisons qu’on n’était pas capable de se payer. On a accumulé dans la période la plus riche de l’histoire une dette en infrastructures de 150 milliards de dollars au Canada.
Quelques chiffres
Population canadienne en 1970 : 21 millions / en 2020 : 38 millions
Âge médian en 1970 : 26 ans / en 2020 : 40 ans
La proportion de la population canadienne née à l’étranger est aujourd’hui presque aussi élevée qu’en 1921.
1 personne sur 5 au pays appartient à un groupe de minorité visible.
En 2016, pour la première fois, le type de ménage le plus commun est celui comprenant une seule personne.
Le taux de divorce a explosé dans les années 70.
En 1970, 4 femmes sur 10 étaient sur le marché du travail. Aujourd’hui, c’est deux fois plus.
Compléments :
- Regardez CHSLD : au front, une docuréalité sur la réalité d'un CHSLD pendant la pandémie
- Le blogue télé : Loto-Méno, le documentaire qui a fait bouger les choses
- Le blogue télé : Des documentaires fort pertinents à voir au printemps et à l'été 2022
- Le blogue télé : Les enfants invisibles : une réalité trop longtemps ignorée
- Regardez le documentaire Face aux monstres : l'origine des M