Tourisme et protection de la nature en Gaspésie
« La pandémie aura-t-elle provoqué une prise de conscience quant au modèle de développement touristique actuel? Je le souhaite de tout cœur, mais j’espère qu’on donnera une plus grande place aux citoyens désormais. Le tourisme de masse est-il compatible avec la protection des milieux fragiles? Dans sa forme actuelle, la réponse est malheureusement non. Il faut repenser nos façons de faire, trouver une harmonie entre l’homme et la nature. Je crois que c’est là notre plus grand défi collectif. » – Jean Guénette, scénariste et réalisateur
Un texte de Carmen Bourque
À l’été 2020, la Gaspésie a reçu un nombre impressionnant de touristes, tout juste à la sortie du premier confinement lié à la pandémie. Cette affluence a causé plusieurs désagréments et mené le réalisateur Jean Guénette, résident de Carleton-sur-Mer, à une réflexion sur la cohabitation entre le tourisme de masse et la protection des milieux naturels.
La Gaspésie est un territoire de 20 000 km2 où vivent 75 000 personnes. Environ 1 million de touristes ont visité la Gaspésie à l’été 2020, soit 400 000 personnes de plus qu’à l’habitude.
Les désagréments de l’été 2020 en Gaspésie
Véhicules sur les plages, gazon piétiné, matériel de camping abandonné, embouteillages, files d’attente, plages bondées, etc. La Gaspésie a été victime de sa popularité et a fait les frais d’un déconfinement tant espéré.
Même si la majorité des visiteurs et visiteuses ont profité du rivage avec respect, les autorités en place ont tout de même dû gérer les débordements.
Pour changer le secteur touristique, je crois qu’il faut faire une plus grande place aux résidents, car ce sont eux qui reçoivent les touristes. Ça, les élus de Gaspé l’ont compris. Ils ont tenu des assemblées publiques afin d’apporter des solutions aux débordements et mieux gérer les milieux naturels fragiles du territoire.
La protection des milieux naturels
Le barachois de Carleton-sur-Mer héberge 160 espèces d’oiseaux qui viennent s’y nourrir et s’y reproduire. On considère ce site comme d’autant plus précieux lorsqu’on sait que la quantité d’oiseaux y est en déclin et que l’activité humaine peut les perturber.
S’il y a trop de circulation, s’il y a trop de mouvements, trop de dérangements, forcément les oiseaux ne vont pas rester là pour se reproduire.
L’activité immobilière sur le mont Saint-Joseph, qui se trouve dans la même municipalité, inquiète une bonne partie de la population, qui voit de plus en plus de chalets sur la montagne.
Aujourd’hui, ce sont des plans d’eau, des montagnes qui sont [menacés par] des intérêts commerciaux. Les intérêts commerciaux sont forts. Les appétits personnels peuvent devenir voraces. Je n’accuse personne, mais je dirais qu’en Amérique du Nord, en public on va parler comme Obama, puis en privé on agit comme Trump.
Penser l’avenir touristique intelligemment
Une réflexion s’impose quant à l’avenir du tourisme en Gaspésie. Cathy Poirier, mairesse de Percé, souhaiterait allonger la saison touristique pour éviter les débordements l’été et parle d’un tourisme durable. Le réalisateur du documentaire émet également ses réflexions quant au futur.
Regardez Tourisme contre nature, diffusé à Doc humanité sur ICI Télé :
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