Boris Eltsine

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JOURNALISTE
Richard Raymond

Ils ont dit...



« S'il avait encore son intuition d'antan et le sens de sa propre dignité politique, il démissionnerait sur l'heure. »

Sergueï Karaganov, directeur adjoint de l'Institut de l'Europe et conseiller d'Evgueni Primakov, en septembre 1999.


 

 

La Russie de Boris Eltsine

L'année 1992 commence en Russie par la libéralisation des prix. Les consommateurs, confrontés à une économie de marché, font face à une inflation explosive : 200 % pour le seul mois de janvier! Elle atteindra 2600 % en 1992, et 1000 % l'année suivante. Le rouble, lui, dégringole. De 220 RBL pour 1 $ US au début de janvier, il passe à 420 RBL à la fin de l'année. Par ailleurs, l'incertitude politique retarde les investissements étrangers. La grogne populaire commence à s'installer. Les Russes reçoivent leur salaire, mais il ne suit pas le rythme de l'inflation. Pire, les pensions s'adaptent plus lentement et font des retraités les principales victimes de l'inflation.

Boris Eltsine est optimiste, mais pas son vice-président, Alexandre Routskoï, ni le président du Parlement, Rouslan Khasboulatov.

Boris Eltsine souhaite que la CEI se dote d'une défense conventionnelle « unifiée ». Il essuiera un refus sur cette question de la part de l'Ukraine, de la Moldavie et de l'Azerbaïdjan en février. Mais ce refus ne l'arrête pas. Le président signe deux décrets, l'un créant un ministère de la Défense de la fédération de Russie, et l'autre créant les forces armées russes, une armée « multinationale ». La Russie est au bord de l'éclatement, mais, le 31 mai, 18 des 20 républiques autonomes de Russie signent le traité de la fédération de Russie.



On commence à parler ouvertement de la surconsommation d'alcool du chef de l'État russe. Alors que son arrivée dans l'Ouzbékistan, le 14 mai, est retransmise à la télévision, tous peuvent constater que le président est ivre.



Le 17 juin 1992, le président des États-Unis, George Bush, et Boris Eltsine s'entendent à Washington pour réduire leur arsenal nucléaire des deux tiers. Ce sommet américano-russe sera suivi, en janvier 1993, de la visite du président des États-Unis à Moscou. Ce dernier signe avec Boris Eltsine le traité Start II sur la réduction des armes stratégiques. C'est la fin de la guerre froide.

Les présidents George Bush et Boris Eltsine signent le traité Start II

En décembre 1992, le premier ministre Egor Gaïdardevient la première victime de Boris Eltsine, qui le remplace par Viktor Tchernomyrdine. De plus, le président annonce pour le mois d'avril 1993 la tenue d'un référendum destiné à résoudre la crise qui l'oppose au Parlement. Cette crise se prolongera jusqu'au 25 avril, date de la consultation populaire. En mars 1993, les députés refusent de prolonger les pouvoirs d'exception accordés au président. Ils refusent aussi d'organiser le référendum réclamé par le président pour asseoir son autorité. Le 20 mars, Boris Eltsine prive le Congrès des députés de ses pouvoirs en instaurant un système de gouvernement par décrets valable jusqu'au référendum. Le Parlement voudrait bien destituer Eltsine. Le 26 mars, le président échappe à la destitution, sa popularité ayant fait reculer les députés.

Les démêlés de Boris Eltsine avec le Parlement russe commencent dès 1993

C'est finalement 58 % des participants à la consultation populaire qui accorderont leur confiance à Boris Eltsine le 25 avril 1993. Fort de ce résultat, il engage la lutte finale avec le Congrès des députés. Le 29 avril, le président dévoile un projet de Constitution qui renforce ses pouvoirs, projet qui sera ratifié le 12 juillet, au terme d'une conférence constitutionnelle. Boris Eltsine doit faire face à une nouvelle crise politique, un mois et demi plus tard, quand la Banque centrale de Russie retire les roubles mis en circulation avant 1993. En septembre, Boris Eltsine dissout le Parlement et convoque des élections législatives anticipées pour se débarrasser d'un congrès des députés trop communiste à son goût.

Pour se débarrasser de l'opposition communiste, Boris Eltsine dissout le Parlement russe

Le Parlement ne tarde pas à répliquer en destituant Boris Eltsine et en le remplaçant par Alexandre Routskoï. Les députés conservateurs mécontents des réformes économiques s'enferment dans l'édifice du Parlement, le 24 septembre, avec leurs chefs, le président du Parlement, Rouslan Khasboulatov et Routskoï.

Alexandre Routskoï signe le document qui le proclame président de la Russie, en remplacement de Boris Eltsine

Des supporters des conjurés se rassemblent autour de l'édifice parlementaire pour le défendre contre les troupes d'élite envoyées par Eltsine. Le patriarche Alexis II sert de négociateur aux deux parties. Son action échoue et le président décrète l'état d'urgence le 3 octobre. Le lendemain, Boris Eltsine ordonne à deux commandos spéciaux de donner l'assaut au parlement. Les conjurés se rendent et Routskoï et Khasboulatov sont emprisonnés.

Les conjurés du coup manqué de 1993 se rendent le 4 octobre 1993

Le bilan officiel de cette journée s'élève à quelque 150 morts. L'état d'urgence ne sera levé que le 18 octobre, 3 jours après que Boris Eltsine eut annoncé la tenue d'un référendum sur la Constitution et des élections législatives. Les deux scrutins sont prévus pour le 12 décembre 1993. Auparavant, le président a suspendu les activités de la Cour constitutionnelle et interdit les journaux d'opposition.

Le 5 novembre, le président présente un projet de Constitution qui lui donne plus de pouvoirs.
Le 7 novembre, on ne célèbre pas l'anniversaire de la révolution d'Octobre.
C'est une première depuis 1918.

Vladimir Jirinovski, chef du Parti libéral-démocrate

Le 12 décembre 1993, les Russes adoptent la Constitution proposée par Boris Eltsine, mais seulement 53 % des personnes inscrites ont voté et le projet a été approuvé par 58,4 % des votants. Par ailleurs, le même jour ont lieu les premières élections législatives libres depuis 76 ans. Le Parti libéral-démocrate de Vladimir Jirinovski devance celui de Boris Eltsine avec presque 23 % des voix. Mais le parti de Boris Eltsine aura plus de sièges à la Douma que le parti de l'ultranationaliste Jirinovski, avec 96 sièges contre 70.