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REPORTAGE
— 2003-11-11

JEANS ET
T-SHIRTS :
LE DÉCLIN
DE L'EMPIRE CANADIEN

 


« Qui ne sait pas lire et vit avec un dollar par jour ne ressentira jamais les bienfaits de la mondialisation. »

[Jimmy Carter, ancien président des États-Unis]


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Ici, les gens mangent des steaks! Là-bas, un bol de riz suffit. Impossible de concurrencer avec eux! » - Bill Nagy, président SKB

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« La mondialisation a poussé les pays riches à se concentrer sur les produits à forte valeur ajoutée, ils ont alors pris conscience que la richesse n'était pas dans les bras, mais dans les cerveaux.» [Anonyme]

Partie 3 - 4
(Les parties 1 et 2 ne sont pas disponibles en raison de droits)

On vient de fêter le 150e anniversaire de la création du jean, le vêtement-culte de nombreuses générations partout dans le monde. Le Québec, et surtout la Beauce, est devenu au fil des ans un des plus grands producteurs de jeans du monde. Dans la Beauce, décrite comme le Hong-Kong du Québec, on fabrique les légendaires Levi's, les Gap, les Lois et les Parasuco. Mais tout ça risque de s'effondrer, mondialisation oblige...


Qui aurait dit que ce vieux pantalon, créé il y a 150 ans pour les mineurs américains, deviendrait un jour un vêtement-culte?

Adopté par les hippies à l'époque du Peace and Love, le jean est aujourd'hui un vêtement très recherché chez les gens les plus branchés.




« Les Versace et D-Squared se vendent autour
de 400 ou 700 $. » - Peter Simons, président, Maison Simons


Le jean est en fait au centre de la partie d'échec qui se joue entre pays riches et pauvres autour de la mondialisation. Un enjeu qui représente des milliards de dollars.

À sa façon, le Montréalais Bill Nagy participe à la partie qui se joue. Celui-ci a fait fortune dans le délavage des jeans. Aujourd'hui, il voyage dans les grandes capitales du monde, caméra à la main, pour visiter des centaines de magasins à la recherche de nouveaux modèles de jeans. De retour à Montréal, ses photos se retrouvent dans les mains de ses employés, qui doivent « créer » un produit similaire, une réplique.


La production «artisanale» de Bill Nagy est en fait un pénible travail effectué en usine à Montréal.

Et les artisans sont plutôt des travailleurs immigrés, peu rémunérés, qui travaillent à la chaîne et qui n'ont rien à voir avec les Picasso des grandes marques.


Jamais on aurait pu pensé qu'un simple jean pouvait être livré à autant de manipulations : il est traité aux jets de sable, puis vaporisé de peinture. Il est par la suite savamment déchiré et soigneusement sablé à la main, pour être finalement lavé avec de la pierre ponce et envoyé à la sécheuse.


 

Fabriquer un jean de cette façon au Canada coûte de plus en plus cher. Prenons par exemple un modèle similaire à un Parasuco :

Le faire fabriquer ici coûte à Bill Nagy 21 $. Il le revend aux magasins 29,50 $, qui eux les revendent aux consommateurs 69,99 $.

Or, lorsque Bill Nagy le fait fabriquer en Chine, le même jean lui coûte 12,50 $. Il le vend aux chaînes 16 $, qui elles le revendent aux consommateurs 39,99 $.

Lorsque les quotas disparaîtront, Bill Nagy paiera ce jeans 7 $ au lieu de 12,50 $.

Ce n'est donc pas pour rien que celui-ci a commencé à transférer sa production du Canada vers la Chine, où les salaires sont beaucoup moins élevés qu'ici!


Le Hong-Kong québécois du jean

C'est dans la Beauce que Bill Nagy faisait autrefois fabriquer la totalité de ses jeans. Une région bondée d'usines de jeans jusque dans les plus petits villages.

Même si Andrée Busque possède son usine, elle est l'esclave de ceux qui contrôlent le marché, qui n'ont d'ailleurs qu'une seule loi : réduire leur coût de production peu importe l'endroit.




Plusieurs usines de jeans de la Beauce ont cessé leurs opérations au cours des derniers mois. Pourtant, il n'y a pas si longtemps, les Beaucerons s'enorgueillaient de réussir à concurrencer l'Asie grâce aux nouvelles technologies.

Or avec la disparition des quotas, ce n'est plus possible. Et ce malgré le fait que les couturières gagnent un peu plus que le salaire minimum.




Dans ce domaine, ce sont donc les détaillants qui décident des règles du jeu. Les gros, comme Gap ou Wall Mart, mais aussi de plus petits, comme Simons. Pour eux, c'est l'intérêt du consommateur qui prime plutôt que celui des travailleuses. Ce qui signifie plus de ventes, certes, mais de moins en moins d'emplois ici. Bref, ce sont souvent les ouvriers et les ouvrières qui disparaissent les premiers sur l'échiquier de la mondialisation.


Aussi à Enjeux : (deuxième partie)

À Montréal, l’industrie du vêtement, plus particulièrement le secteur du t-shirt, est aussi secouée par les effets de la mondialisation. Le déferlement de
t-shirts fabriqués à bon marché dans les pays en voie de développement fait très mal aux petits manufacturiers québécois : les fermetures et les pertes d'emplois se multiplient.

Par contre, en Californie, un jeune Montréalais, Dov Charney, est en train de se tailler une place en contrant ce mouvement. Celui-ci parle de néocapitalisme. Il fabrique des t-shirts équitables.


(Première partie)
Recherchiste : Marie-Claude Pednault
Journaliste : Alain Gravel
Réalisateur : Peter Greenwood

(Deuxième partie)
Journaliste : Esther Normand
Réalisateur : Léon Laflamme




Hyperliens

:: La mondialisation des marchés
Dossier, Zone Nouvelles

:: Made in Canada
Émission Zone libre du 7 novembre 2003

:: La filière industrielle de l'habillement au Québec : Enjeux, tendances et perspectives de développement
Ministère du développement économique et régional du Québec. Document PDF.

:: Informations sur l'industrie canadienne du vêtement
Industrie Canada

:: Vêtement Québec
Site de l'Institut des manufacturiers du vêtement du Québec

:: Association des entrepreneurs en couture du Québec

:: Fédération canadienne du vêtement

:: Les textiles
Organisation mondiale du commerce (OMC)

:: American Apparel
Site de l'entreprise de Dov Charney

Cliquez ici pour visionner l'émission Place publique en compagnie de l'animatrice Madeleine Roy et de l'animateur Alain Gravel.

 

 

 

 
 
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