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REPORTAGE
— 2003-10-28

HISTOIRE DRAMATIQUE D'UN SURDOUÉ

« C'est classique : les “bolés” se font encore, malheureusement, harceler. Comme lors des prix citrons, dans les activités de fin d'année, pour le plus “téteux”. »
- Ronald Tougas, ancien professeur d'Olivier au secondaire.


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Qu'est-ce que ressent un parent suite à ça? Tu as l'impression de ne plus avoir le droit de vivre. Tu existes, mais tu ne vis plus. » - Lucie Molleur, mère d'Olivier.

 

 
 

 

Enfant, Olivier avait tout pour être heureux. Il mordait dans la vie. Il était curieux et voulait tout connaître. Il était en fait un enfant surdoué. Mais graduellement, celui qu'on surnommait « le bolé » a été isolé par ses compagnons de classe. En 3e secondaire, il décide d'en finir et se tire une balle dans la tête. Aujourd'hui dans la vingtaine, Olivier est aveugle et vit de l'aide sociale.


« Ce n'était jamais assez vite pour lui, il avait toujours fini avant les autres. Pour le désennuyer, les professeurs lui donnaient les corrections des autres à faire. » - Lucie Molleur, mère d'Olivier.




Olivier
, le mal-aimé, accumule les récompenses et les méritas à l'école. Mais il suscite aussi la jalousie autour de lui.


« Il avait des sujets de discussion qui étaient trop élevés pour des jeunes adolescents de 12-13 ans, qui n'avaient pas nécessairement envie d'entendre parler de notions de physique ou de chimie. »
- la mère d'Olivier.




Véronique est l'amie d'enfance d'Olivier. Elle se souvient des insultes qui pleuvaient sur lui en classe :

« On lui disait carrément de se fermer la gueule quand il levait sa main pour donner des réponses. »



Pour Olivier, tout a basculé à partir de la 4e année du primaire : « Le monde m'écœurait parce que j'étais “bolé”, "téteux". Quand tu te fais envoyer [chier] ou traiter de n'importe quel nom 40 ou 50 fois par jour, mettons qu'à la longue, c'est un peu “plate”! »


L'histoire d'Olivier se répète tous les jours dans de nombreuses écoles. Qui n'a pas un jour détesté le premier de sa classe, chouchouté par ses professeurs parce qu'il avait réponse à tout?

 

« Le “téteux”, c'est celui qui pose des questions à l'enseignant, ou qui le rencontre au début ou à la fin du cours. Ce qui devient vraiment stressant pour un élève qui est curieux. » — Ronald Tougas, ancien professeur d'Olivier au secondaire.



Olivier encaisse secrètement et douloureusement ses souffrances. À l'âge de 14 ans, il n'en peut plus. Soudain, tout chavire. On ne le reconnaît plus. Pour sa mère, il était clair que quelque chose n'allait pas :



« Je pensais avoir le temps de faire quelque chose, même sans savoir ce que j'aurais pu faire. Mais je n'ai pas eu le temps. »

- Lucie Molleur, mère d'Olivier.





Puis, la cassure survient en octobre 1994. C'est un miracle si Olivier est encore en vie aujourd'hui. Après être sorti d'un profond coma, il a passé plusieurs mois à l'hôpital. Il est devenu aveugle, mais ses facultés mentales n'ont pas été touchées. Une sorte de vengeance? « Sans doute, admet-il. En même temps qu'une absence de moyens pour faire autrement. »


Olivier veut sortir de son isolement, lui qui n'a qu'un 5e secondaire et qui vit de l'aide sociale dans un petit logement de Longueuil. Il s'accroche aujourd'hui à tout ce qui lui reste : la musique. Il écrit et compose ses chansons.

L'histoire d'Olivier nous fait tous réfléchir comme parents. Que doit-on dire à un enfant victime quotidiennement d'intimidation ou de harcèlement? De laisser faire ou de réagir? Tous s'entendent pour dire qu'il faut au moins en parler. La question est de savoir si, comme adultes, nous tendons assez l'oreille pour les écouter.




Journaliste : Alain Gravel
Réalisatrice : Anne Sérode


C I T A T I O N

« La solitude a deux facettes. Volontaire, elle élève et purifie. Obligatoire, elle étouffe et détruit. »
- Francine Ouellette, romancière québécoise

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