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REPORTAGE
— 23/09/03

STAR ACADÉMIE MÉDECINE

« Si je n'entre pas en médecine, ça me décevrait beaucoup. Ce qui me stresse, ce sont les entrevues. J'aime chanter, je fais de la natation dans un club de compétition et je fais beaucoup de bénévolat. »
- Laurie Lafontaine, étudiante au collège Édouard-Montpetit

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Si je ne suis pas accepté en médecine, je suis déjà accepté en pharmacie, mais ça ne me tente pas vraiment. Je vais peut-être opter pour un voyage autour du monde, une année. »
- Maxime Côté, 19 ans, instructeur de pilotage

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


« Plus de filles, ça ne me fait pas peur. Ça me satisfait. La présence féminine ne me gêne pas du tout
. »
- Maxime

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chez les étudiants venant du collégial, un peu plus de 40 % seront finalement admis en médecine. Après tous leurs efforts, certains n'acceptent tout simplement pas d'être refusés.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Devenir médecin est le rêve de bien des jeunes. Les facultés de médecine du Québec reçoivent chaque année environ 5500 demandes d'admission et acceptent, toutes universités confondues, environ 550 étudiants. Chacune de ces facultés a ses propres critères pour trouver les meilleurs candidats au titre de médecin.

 
À l'Université de Sherbrooke, cette année, on a reçu près de 2000 demandes et 145 étudiants ont été acceptés. Qu'ont donc traversé ceux qui vont finalement suivre la formation en médecine dans cette université? Enjeux a suivi trois étudiants désireux d'entrer en médecine : Laurie, Maxime et Janie.

À Sherbrooke, un comité de sélection prend en compte, évidemment, les notes de l'étudiant, qui pèsent pour 75 % dans le dossier du candidat. On se penche aussi sur le test de sélection qui consiste en une série de questions touchant les habitudes intellectuelles, les capacités organisationnelles et les valeurs des étudiants pressentis.


 À l'heure de la visite, tout est fait pour impressionner les futurs étudiants.
Le but : attirer ceux qui seront acceptés partout. Il faut savoir que ceux qui sont conviés aux tests ont tous d'excellentes moyennes. Seule la crème de la crème sera retenue.


À l'Université de Montréal, on compte près de 2000 demandes pour 227 places disponibles. Le Dr Raymond Lalande, vice-doyen de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal, résume en ces termes les critères de l'institution dans la sélection de ces candidats : « On cherche de très très bonnes moyennes. »

Les entrevues permettent de sélectionner les étudiants qui ont les qualités recherchées chez les futurs médecins. Outre les entrevues personnelles, les autorités de la Faculté de médecine de l'Université de Montréal plongent leurs futurs étudiants dans une discussion de groupe. Les sujets, cette fois-ci : la légalisation de la marijuana, la violence dans les écoles et l'utilité d'Internet dans la bonne communication.

Pendant le dîner, des étudiants aguerris donnent des trucs aux apprentis pour les aider à passer l'entrevue. L'une des étudiantes déjà en place donne ce conseil : « L'important à mon avis, c'est de rester soi-même. Ce n'est pas mieux d'aimer la littérature du 15e siècle que d'aimer le cinéma américain. »


Improvisation à l'Université Laval

À l'Université Laval, à Québec, les notes comptent pour 50 % du dossier de l'étudiant. On y a reçu cette année 1600 demandes pour 179 étudiants acceptés. Ici, l'approche diffère des autres universités et est assez originale. Les étudiants sont réunis et soumis à des mises en situation, des approches par simulation. Voilà une manière originale d'évaluer le jugement et la capacité à communiquer. On fera improviser les jeunes à partir de différentes situations.

Le Dr Augustin Roy, ex-président du Collège des médecins, met un bémol sur la place qu'occupent les notes dans la sélection des médecins. « Je me méfie de ce qu'on appelle les bollés, de nature obsessionnelle compulsive, qui ont réponse à tout, qui sont rapides. Et c'est ce qu'on privilégie actuellement. »

Pour Marie-Claude Goulet, étudiante de troisième année à l'Université de Montréal, ce n'est pas le seul problème. « Je laisserais une place à ceux qui proviennent de différents milieux, qui ont eu des expériences différentes parce que ça enrichit la médecine d'avoir ces expériences. »

Marie-Claude a elle-même un parcours atypique. Elle a dû faire un baccalauréat en sciences afin d'être acceptée en médecine. Une solution pour ceux qui ont des notes moins fortes au cégep. Mais le problème est peut-être ailleurs.

« De toute façon, les gens qui sont en médecine viennent de milieux privilégiés.
C'est clair, net et précis. »

- Marie-Claude Goulet, étudiante en médecine à l'Université de Montréal



Des garçons et des filles


Une autre question est soulevée par l'étude des admissions en médecine. Dans presque toutes les universités, la proportion est d'environ 70 % de filles pour 30 % de garçons. Officiellement, personne n'y voit de problèmes et certains diront qu'il s'agit tout simplement d'un phénomène. Rien là de bien problématique. La France n'échappe pas à cette omniprésence des filles en médecine, mais le Dr Didier Rabineau, vice-doyen de la Faculté de médecine Cochin Port-Royal à Paris, en fait une tout autre analyse.

« Ça a des incidences très importantes dont nous prenons conscience maintenant. Les filles pour une partie d'entre elles abandonnent complètement leurs études ou si elles terminent, n'exercent pas la profession ou choisissent des spécialités compatibles avec leur vie de mère de famille. »


Autre question à regarder de plus près : ailleurs au Canada comme aux États-Unis, on entre en médecine à un âge plus avancé. Il semble que cette façon de faire favorise l'entrée des garçons et crée de meilleurs médecins.

Le Dr Jean Drouin, omnipraticien, précise : « L'individu qui commence sa pratique médicale autour de 23-24 ans peut être un excellent médecin, mais si vous avez devant vous quelqu'un qui a des idées suicidaires, qui est psychotique, qui a des troubles avec la réalité, ça prend une bonne maturité. »

Troisième bémol dans la médecine au Québec : l'exode des cerveaux. Par exemple, 60 % des diplômés de McGill quittent le Québec. Le Dr Philip Beck, vice-doyen de la Faculté de médecine de cette université, n'y voit pas un problème : « Ça aide la province de Québec d'avoir de bons médecins qui pratiquent un peu partout et ça nous aide à attirer les médecins d'autres pays pour venir pratiquer ici. »

Augustin Roy propose plutôt un service civil obligatoire pour les jeunes médecins. « Vous êtes acceptés en médecin à la condition que dans les quatre premières années, vous alliez exercer là où on a besoin de vos services. Ça peut être à Montréal ou dans les salles d'urgence, des fois, on manque de monde, ou ça peut être dans certaines régions où on a plus de misère à recruter. »

Fait à retenir, en entrevue, à McGill, on ne soulève pas devant Laurie, notre jeune étudiante, la question du travail en région ou à l'extérieur du Québec.
Plusieurs pensent que notre manière de sélectionner les étudiants en médecine est très complexe. Trop complexe? Aux Pays-Bas, on procède beaucoup plus simplement. Étonnamment, les étudiants en médecine sont sélectionnés par un système de loterie. Ce choix a de quoi surprendre, mais le Dr Albert Scherpbier, doyen de la Faculté de médecine à Maastricht, n'y voit pas de problème. « Rien ne prouve que les autres systèmes fonctionnent mieux. Si quelqu'un peut prouver que les autres systèmes fonctionnent mieux, nous changerons. »

Les deux tiers de ceux qui font une demande sont refusés. Notre processus de sélection n'est certainement pas parfait et les étudiants refusés contestent parfois la décision des autorités. Le Dr Michel Baron, doyen de la Faculté de médecine de l'Université de Sherbrooke, confirme : « On a souvent des contestations des étudiants et des parents, même très souvent juridiques. Je suis l'ami personnel des huissiers, on se connaît. On se voit régulièrement. Mais jamais on n'interviendra dans le processus. »

Pour Laurie, Janie et Maxime, le rêve d'exercer la médecine se réalisera puisqu'ils ont tous trois été acceptés dans une des quatre facultés et deviendront dans quelques années, Dre Laramée, Dre Lafontaine et Dr Côté.


Journaliste : Claire Frémont
Réalisateur : Jean-Louis Boudou


C I T A T I O N S

« Guérir parfois, soulager souvent, réconforter toujours. »
- Georges Clémenceau, home politique, journaliste et médecin

« Soyons optimistes : la médecine a découvert beaucoup plus de remèdes qu'il n'y a de maux. »
- Alfred Capus, auteur dramatique, journaliste et essayiste


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:: Collège des médecins du Québec
   
Conditions d'admission aux facultés de médecine au Québec et liens vers ces facultés

:: Forum de l'Université de Montréal
   Article sur l'ouverture d'une succursale de la Faculté de médecine à Trois-Rivières

 
   

 

 
 
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