ACCUEIL
REPORTAGES RÉCENTS
CLAVARDAGES
COORDONNÉES
ÉQUIPE
Logo Enjeux

REPORTAGE
— 02/09/03

ADOS-DOLLAR

« Avant, ils me donnaient 10 $ par semaine et je faisais la vaisselle. Maintenant, ils me donnent 200 $, mais je paie mes vêtements! »
- Une adolescente

 


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'argent des 2 millions et demi d'ados canadiens coule de 2 sources : les parents et le travail. Mis ensemble, ces revenus peuvent être considérables.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Une étude américaine évalue qu'un client fidèle à vie peut valoir jusqu'à 100 000 $ pour un commerce de détail.

 

 

 

 

 

 

 

Au Canada, environ 10 000 jeunes de 18 à 24 ans font faillite chaque année.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Valérie travaille, mais elle ne fait plus partie de la majorité. En 1989, 51 % des jeunes âgés de 15 à 19 ans travaillaient. En 2000, ils n'étaient plus que 43 %. Une diminution qui pourrait être attribuable à la meilleure santé économique de leurs parents.

 

 

 

Les ados d'aujourd'hui sont les plus riches et les plus dépensiers de l'histoire. Ils sont aussi les plus sollicités par les commerçants, attirés par un pouvoir d'achat de 30 milliards de dollars, au Canada seulement! Pourtant, dans les familles, l'argent demeure un sujet tabou dont parents et adolescents discutent rarement.

Comme tous les vendredis soir, Christelle et ses copines ratissent les boutiques du centre-ville de Montréal.

Magasiner et dépenser, c'est pour elles une fête, un acte de pur plaisir. 300, 400 ou 500 $, voilà ce qu'elles dépensent, par mois, pour leurs vêtements!



« Si on travaille, on va plus calculer nos [dépenses]. Maintenant, c'est l'argent de nos parents, alors ça ne nous dérange pas! »

- Une copine de Christelle

 

Et les parents, comment réagissent-ils? « Ils sont habitués, répond l'une des copines de Christelle. Ils n'ont pas le choix, car ils savent que je ne vais pas acheter autre chose que ça. » Et si papa et maman refusent de payer? « Je vais bouder! », répond aussitôt la jeune fille.

En plus des 300 à 400 $ par mois pour ses vêtements, Christelle reçoit environ 200 $
pour ses petites dépenses.

Christelle, une étudiante, habite avec sa mère, Marie, dans un petit appartement du nord de Montréal. Cette dernière travaille dans un restaurant et elle est le seul soutien financier de sa fille. Pourtant, elle n'hésite pas à lui fournir sa carte de guichet lorsqu'elle magasine.

Pour cette maman, il n'est d'ailleurs pas question que sa fille travaille pour assumer ses dépenses, car elle craint trop que celle-ci y prenne tellement goût qu'elle abandonne l'école : « Parce qu'elle aime acheter, dépenser, surtout pour ses vêtements! ».

 

Au Québec, les jeunes dépensent 2 milliards de dollars et influencent les achats de leurs parents pour 4 milliards supplémentaires, pour un total de 6 milliards de dollars. Au Canada, leur pouvoir d'achat et d'influence atteint les 30 milliards de dollars.


Les ados, nouvel Eldorado des commerçants

Cette année, plus de 90 000 adolescents ont envahi le stade olympique pour le rendez-vous Célébration-jeunesse. Transformé en véritable cathédrale de la consommation, l'endroit est idéal pour les commerçants désireux de lancer de nouveaux produits.

À sa façon, le Mouvement Desjardins encourage aussi les jeunes à dépenser, avec sa nouvelle carte CHROME. Ni une carte de crédit ni une carte de débit, CHROME est une sorte de carte de membre. Pour 10 $ par an, le jeune reçoit toutes sortes de coupons-rabais ou de promotions dans les boutiques. Celui-ci doit d'abord s'inscrire en répondant à une série de questions. En échange, Desjardins et ses commanditaires obtiennent une mine d'informations sur lui.

Attirer les jeunes. L'entreprise québécoise Alimentation Couche-Tard en a presque fait une religion. Son produit-vedette auprès de 12-15 ans? La Sloche, un mélange de jus de fruits et de glace aux saveurs surréalistes comme « rosebeef » ou « sang froid ».

Avant, l'image du produit attirait les 9-10 ans, qui sont bien sûr moins riches et… moins dépensiers. Il faut croire que le virage « humour noir » a bien fonctionné, car les ventes ont explosé : 400 % de plus en moins d'un an!


Couche-tard a d'ailleurs reconfiguré la plupart de ses magasins en fonction des adolescents : la place d'honneur revient de plus en plus aux croustilles et aux bonbons.

« L'adolescent est probablement
le plus fidèle de tous les consommateurs. »

- Stephan Gonthier, vice-président, Exploitation, Alimentation Couche-Tard


Et comme le souligne Claude Cossette, un des pères fondateurs de l'industrie de la publicité au Québec, la fidélité demeure un critère fort précieux pour les publicitaires.


« C'est là-dessus que les [spécialistes du marketing] misent. [...] Ils s'adressent à des consommateurs de plus en plus jeunes et qui ont de plus en plus de force. »


 

L'argent, un sujet tabou à la maison

Les études le prouvent : parents et adolescents parlent rarement d'argent à la maison. Les jeunes peuvent toutefois aborder le sujet en cinquième secondaire, pendant leur cours d'économie. C'est un cours obligatoire, mais qui ratisse très large : code du travail, impôts, économie internationale, etc. Ce qui allume le plus les élèves? Le module sur la consommation, où l'on apprend comment gérer son argent.

« Ils ont hâte de savoir ce que c'est, du crédit, comment ça marche. Il y a aussi l'effet "magique" du crédit : "On met ça sur la carte." Ils le voient autour d'eux. Ça, ça les allume beaucoup. »
- Alain Beaulieu, professeur d'économie

Le cours d'économie obligatoire disparaîtra du programme avec la réforme du secondaire. Le contenu du module « consommation » sera donc laissé à la bonne volonté des professeurs.

Chez les 12-13 ans, on dispose en moyenne de
66 $ par semaine, chez les 14-15 ans, de 102 $, et chez les 16-17 ans, de 174 $ par semaine.


À l'école du « petit cochon »

Alors, pour faire des ados de meilleurs consommateurs, qui de mieux que leurs parents? Enjeux vous raconte aussi l'histoire de Valérie Morrissette, 13 ans, qui, été comme hiver, se lève à 5 h 30 pour livrer ses journaux avant de se rendre en classe. Collectes et pourboires compris, Valérie gagne environ 30 $ par semaine, argent qu'elle met de côté pour les voyages.

Contrairement à la majorité des parents, M. et Mme Morrissette n'hésitent pas à mettre leur nez dans les finances de leurs filles. D'ailleurs, pour responsabiliser celles-ci, ils leurs demandent de verser 1000 $ chacune pour financer le voyage d'été.

« Le but, ce n'est pas de [leur] demander de l'argent, mais qu'elles contribuent. On pourrait très bien leur payer le voyage, mais c'est la partie facile. Je pense que les jeunes d'aujourd'hui ne sont pas assez conscients de toute la chance qu'ils peuvent avoir. » - Mère de Valérie

Si la plupart des parents ne parlent pas d'argent et que l'école se désengage, où les jeunes prendront-ils leur information financière?


Journaliste : Pasquale Turbide
Réalisateur : Yves Bernard

C I T A T I O N S

« J'aime moins l'argent que vous puisque j'en dépense plus. »
- Boris Vian, écrivain
surréaliste français

« Argent emprunté s'en va en riant et revient en pleurant. »
- Proverbe turc

« Mieux vaut ne pas avoir d'argent que
de ne pas avoir d'âme. »

- Proverbe arménien

Hyperliens

:: Office de la protection du consommateur - Jeunesse

:: Programme SuperDépart CIBC - tout sur l'argent pour les jeunes

:: Question d'argent - Site commandité par l'Association des banquiers canadiens

:: La carte Chrome de Desjardins - carte rabais et épargne pour les jeunes

:: ACEF de l'est de Montréal - bibliographie sur les jeunes et l'argent

:: Street Cents
Site du réseau anglais de Radio-Canada destiné aux adolescents (en anglais)

:: Bourstad
Simulation d'investissements financiers

:: Hollywood Stock Exchange
Jeu de simulation boursière où les personnages sont des actions, les vedettes d'Hollywood des obligations, et la monnaie, le dollar d'Hollywood

   

 

 
 
© RADIO-CANADA.CA  2003
Haut de page