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REPORTAGE
— 2003-04-08

ÉLEVER UNE FAMILLE EN POLITIQUE


« Plus les enfants vieillissent, plus il est clair qu'ils sont obligés d'accepter [de faire] des sacrifices parce qu'ils sont plus conscients. »

- Benoît Pelletier, député libéral à l'Assemblée nationale


 

 

 

 



La notion de conciliation du travail et de la famille est devenue une des questions de l'heure et sera aussi un des enjeux de la campagne électorale qui s’amorce. Enjeux a décidé d'aller voir de plus près comment la conciliation travail-famille se vit, plus précisément auprès de gens qui sont en politique.

 

La petite famille de... Benoît Pelletier, député libéral à l'Assemblée nationale. Auteur de la position constitutionnelle de son parti. Ministrable. Père de quatre enfants.

 

 

C'est sa femme, Danièle Goulet, qui gère la maisonnée. Il y a Jean-Christophe, 7 ans, Françoise, 9 ans, Florence, 11 ans, et la dernière, mais non la moindre : Mathilde, trois mois et demi. La famille vit à Gatineau, à 500 kilomètres du parlement.


Danièle Goulet est chargée de projet dans un musée. Pour l'instant, son congé de maternité lui permet de souffler. Un peu.

« Le partage des tâches, dans la maisonnée, c'est moi qui le fais : je fais les deux parts. Oui, parfois je sens que c'est dur. Quand j'en ai trop, je le lui dis. Il réagit tout le temps tout de suite puis on essaie de se réorganiser. »

 

Une vie exigeante, mais choisie de plein gré, et qui n'a pas empêché le couple d'avoir un quatrième enfant, une décision bien mûrie. Parce que la politique est une passion que Benoît Pelletier se dit prêt à mettre de côté, si elle devenait trop dévorante.

Quand le Parlement siège, Benoît Pelletier vit dans ses valises. En campagne électorale, c'est carrément le sprint. Pour les enfants, c'est une vie avec, parfois, des notes discordantes.

« C'est quand même difficile. Surtout au début, pour nous, c'était assez difficile. Moi, j'étais en première année, et je n'étais pas habituée à ce qu'il parte. Mais avec le temps, ça va mieux. »
- Florence, 11 ans

 

Le couple a décidé d'y aller pour un second mandat. En sachant que les choses seront plus compliquées si Benoît Pelletier accède un jour au cabinet.


La petite famille de... Nicole Léger, 50e femme de l'histoire de l'Assemblée nationale. Ex-ministre de la famille, ministre déléguée à la Lutte contre la pauvreté et l'Exclusion sociale. Mère par alliance de deux enfants. Nicole Léger partage son temps entre Québec et Pointe-aux-Trembles, où elle vit dans l'ancienne maison familiale.





« On se parle par mots, par téléavertisseur, par téléphone cellulaire. Effectivement, les gens vont dire que ce n'est pas extraordinaire! Mais je pense qu'on réussit à avoir de beaux moments quand même ensemble. »
- Nicole Léger, ministre






La ministre a un double défi : concilier politique et famille recomposée. Tous les dimanches, même en pleine campagne électorale, elle prépare le brunch familial. Sa mère vit avec eux. Son conjoint est père d'un garçon de huit ans, puis il y a Audrey, qui est la fille de son ex-conjoint. Le mot clé : organisation. Deuxième condition : l'appui indéfectible de la famille, sinon ça ne marche pas!



Audrey a choisi de vivre avec sa belle-mère très occupée. Elle trouve l'expérience enrichissante :
« Des fois, tu te remets en question, elle n'est pas souvent là. Est-ce qu'elle voit que je continue à vivre? Mais oui, car ses priorités restent toujours à la bonne place. Elle lâcherait tout pour nous s'il y avait quelque chose ».

 

 

Mère, conjointe, députée, ministre, Nicole Léger assume chacun de ses rôles. « Quand j'arrive le jeudi soir, je dis : je viens mettre de l'ordre! Ça les fait rire! Je suis bien et j'ai réussi à avoir une sérénité dans tout ça », affirme Mme Léger.


La petite famille de... Bernard Lord. C'est le plus jeune premier ministre du Nouveau-Brunswick. Convoité sur la scène fédérale. Père de deux enfants. Il a refusé la direction du Parti conservateur du Canada, offerte sur un plateau d'argent, pour l'amour de ses enfants. « L'avantage d'être premier ministre : habituellement, je fixe les rendez-vous [...] lorsqu'il y a des activités précises pour les enfants, j'organise l'horaire en conséquence. » - Bernard Lord, premier ministre du Nouveau-Brunswick


20 h 30. Les enfants couchés, le premier ministre revient au bureau. Pour passer du temps avec son fils, il avait retardé deux réunions, et même fait patienter un visiteur : le député fédéral André Bachand.

Les Néo-Brunswickois se sont habitués à ce premier ministre qui cède souvent la place au père de famille. Bernard Lord est d'ailleurs venu à la politique avec cette seule condition. Pour Sébastien, 9 ans, et Jasmine, 7 ans, il refuse même de travailler le dimanche.

 

L'équilibre familial repose sur les épaules de Diane Lord, la femme du premier ministre.

« Je m'étais préparée, je ne suis pas rentrée là-dedans aveuglément. Je m'étais préparée à une vie extrêmement exigeante, à beaucoup de sacrifices et à un rythme très, très élevé, et maintenant, c'est moins pire que ce que j'avais pensé. » - Diane Lord

 

À 37 ans, Diane Lord, d'origine acadienne, est presque aussi populaire que son mari. Pour que les enfants aient une vie à peu près normale, elle a mis en veilleuse une carrière qu'elle adorait. Son quotidien est fait maintenant de protocole et de fonctions officielles. Elle consacre aussi beaucoup d'énergie à la cause de l'alphabétisation.

Les mœurs politiques sont-elles en train de changer? Bernard Lord, Nicole Léger et Benoît Pelletier font partie d'une minorité d'élus avec de jeunes enfants. Ils sont unanimes : leur passion commune exige le soutien total du conjoint. Et personne ne peut prévoir combien de temps cette passion durera.


« Il y a des titres dans la vie qui sont très, très importants : se faire appeler premier ministre d'une province ou premier ministre du Canada, ça sonne bien aux oreilles de plusieurs. Mais rien n'est plus important pour moi que de me faire appeler papa. » - Bernard Lord, premier ministre du Nouveau-Brunswick




Journaliste : Sylvie Fournier
Réalisateur : Pier Gagné

   

 

 
 
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