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REPORTAGE
— 2003-03-11

LE JOURNAL D'UNE FUGUEUSE


 

 

 

 

« Quand il s'agit des libertés, rien n'est jamais gagné définitivement, rien. » [Robert Merle,
écrivain français]

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

* Ce reportage ne peut être diffusé en totalité en raison de droits. Voici néanmoins des extraits :
1re partie - 2e partie
3e partie (section A) - 3e partie (section B)
4e partie (section A) - 4e partie (section B)

 


« Je m'appelle Roxanne. J'ai 14 ans. J'ai fugué parce
que j'avais des problèmes avec mes parents. »


Quand on se lance dans l'aventure d'avoir des enfants, on n'imagine pas que les liens tissés au fil des ans puissent se briser. Que nos propres enfants puissent fuguer. Et pourtant, le nombre de fugues augmente chaque année au Canada.

 

Roxanne a accepté de nous livrer son témoignage. Pour la protéger, nous avons changé son nom et emprunté la voix et les gestes d'une autre adolescente.



 

« Ça n'allait vraiment pas bien. J'étais toujours déprimée et sur la drogue... Je n'étais plus capable de vivre comme ça. Je suis donc partie à Montréal. [...] C'était plus pour attirer l'attention de mes parents. Je ne les ai jamais vus se parler correctement. [...] C'était plutôt un cri d'alarme. »
- Roxanne


Derrière chaque fugue, il y a une histoire différente. C'est parfois un réflexe de protection, une réaction de frustration, un rejet de l'autorité ou simplement un désir de liberté.



« La majorité des familles qui vivent la fugue vont la vivre une fois. Une fois, s'ils ont trouvé la solution. S'ils ont été capables de regarder avec le jeune ce qui ne fonctionne pas et de mettre les choses en place pour aider le jeune à vivre ce qui va moins bien, ou à changer des choses. »
- Daniel Plante, En Marge

 

 

On rapporte un millier de fugues chaque semaine au pays. Mais attention : ces chiffres sont trompeurs, car ils incluent les cas de récidive.

Il est donc difficile d'estimer le nombre exact de fugueurs. Ce qu'on sait avec certitude, c'est que 70 % d'entre eux fuient une forme de violence, verbale, physique ou sexuelle.


Roxane a fugué sur un coup de tête. Sans se douter du prix qu'elle aurait à payer...

 


« Je ne connaissais vraiment pas ça, Montréal, je ne savais pas comment ça marchait, les métros et tout ça. [...] La première journée, je voulais m'en retourner chez moi, parce que j'étais perdue, je ne savais plus quoi faire. »
- Roxanne


Enjeux
a capté des images avec une caméra cachée. Elles nous révèlent un côté peu connu de Montréal.

 


« Puis, il y a un gars qui m'a vue. Il est venu me voir, il m'a offert de la drogue. J'ai dit oui, parce que je n'avais personne. »
- Roxanne



« C'est le coup classique : “Bonjour, t'as l'air seule, je peux t'aider?” La jeune fille se confie et vlan! C'est fait. »

- Chantal Fredette, intervenante spécialisée dans les gangs de rue au
Centre jeunesse de Montréal

 

« Je lui ai dit que j'étais en fugue et que je n'avais pas d'endroit où dormir. Il m'a hébergée. Tu ne t'en vas pas chez quelqu'un comme ça quand tu ne connais pas la personne, c'est sûr. Mais quand t'es en fugue, tu t'en fous pas mal, quand quelqu'un t'offre de t'héberger, tu ne dis pas non. »
- Roxanne



La fugue est une expérience risquée. Ces derniers mois, la culture de la rue a changé à Montréal. Les punks, un groupe solidaire qui protégeait les mineurs dans la rue, ont presque disparu. Les fugueurs sont maintenant plus isolés, plus dispersés et plus vulnérables.

Roxanne a suivi son «bon samaritain» jusque chez lui. Elle venait sans le savoir de se jeter dans la gueule du loup...

La rencontre de Roxanne n'était pas un hasard. Dans plusieurs stations de métro, des membres de gangs de rue font le guet pour recruter des jeunes filles.

 

 

« On va leur offrir gîte, vêtements, nourriture. On va les gâter, prendre soin d'elles, elles vont être les reines du moment. Rapidement, on va lui faire comprendre que tout ce qu'on a donné se paie. » - Chantal Fredette


La lune de miel de Roxanne a duré trois jours. Roxanne venait d'entrer dans l'univers des gangs de rue. Et de quitter définitivement le monde de l'enfance...


Journaliste : Sylvie Fournier
Réalisateur : Pier Gagné


Hyperliens et références


:: Le Bon Dieu dans la rue
Organisme regroupant La Roulotte, L'abri d'urgence (le «Bunker») et le Centre de jour Chez POPS, incluant l'École du Bon Dieu, pour les jeunes sans-abri ou en difficulté âgés de 12 à 25 ans. Tél.: (514) 526-5222, (514) 526-POPS (Centre de jour)

:: Jeunesse J'écoute (service adressé aux jeunes)
Service d'assistance téléphonique pour les jeunes en détresse. Disponible 24 heures sur 24, 365 jours par année. Le service est gratuit, anonyme et confidentiel. Outre par téléphone, les questions peuvent aussi être soumises par Internet, en vous rendant sur le site. Tél. : 1 800 668-6868.

:: Tel-Aide (service adressé aux jeunes)
Autre servicee d'assistance téléphonique pour les jeunes en détresse. Disponible 24 heures sur 24, gratuit, anonyme et confidentiel. Les questions peuvent aussi être soumises par Internet, en vous rendant sur le site. Tél. : (514) 935-1101.

:: Le Refuge des jeunes de Montréal
Tél. : (514) 849-4221.

:: Assistance parents (service adressé aux parents)
Service d'assistance téléphonique adressé aux parents. Tél. : 1 888 603-9100.

:: Les jeunes de la rue : un défi en santé publique
Site de l'Université de Montréal

 
 

 

 
 
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