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REPORTAGE
— 2003-02-25

LES MÉTIERS, C'EST L'AVENIR


« Il y a ce préjugé : lorsque tu es très bon à l'école, c'est facile pour toi, donc tu n'as pas le droit de choisir un métier ou de ne pas aller à l'université, carrément. »
- Mario Charette,
conseiller en orientation


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Les cours de métiers ont longtemps hérité, dans le passé, des élèves à problèmes. Aujourd'hui, la réalité est tout autre, du moins dans les centres de formation professionnelle.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Nicolas a 19 ans. Même si tout semblait le destiner au cégep, il a toujours aimé cuisiner et a décidé d'en faire son métier, malgré les sarcasmes de ses amis. En moins de deux ans, après des études professionnelles en cuisine, il est devenu aide-cuisinier dans un chic restaurant de Joliette, en banlieue de Montréal.


Philippe, lui, arpente les rues de la ville à la recherche d'emplois intéressants et il refuse d'envisager, pour l'instant, un retour au cégep.

 

 

 

Pour sa part, Simon, 19 ans, sans aucun diplôme en poche, continue à vivre d'espoir : « J'ai quelques plans en tête, mais rien de très précis. [...] Gagner ma vie en jouant de la musique, me lever le matin, avoir à composer une "toune". Ma job de la journée dans le fond ».

 

 

Julie, elle, rêvait d'être journaliste. En principe, elle aurait dû, en septembre dernier, commencer l'université. Après deux ans au cégep en sciences humaines, elle a décidé de se réorienter en technique de génie mécanique : « Au secondaire, j'ai passé un test, c'est là [que l'orienteur] m'a dit : en sciences humaines, tu devrais te trouver quelque chose. Ça pointait vers journaliste, ou écrivain. » Quant à l'orienteur du cégep, il l'a plutôt dirigée vers une technique.

 

Nicolas, Philippe, Simon et Julie sont du même avis : la société actuelle pousse beaucoup trop les jeunes à faire des études collégiales :


« Ils t'envoient au cégep pour que tu ailles à l'université après. » - Philippe

« Et si jamais ça ne fait pas ton affaire, tu vas voir l'orienteur. Mais finalement, il y a peut-être seulement 20 % des jeunes qui vont voir l'orienteur : les autres s'en vont au cégep, sans se poser de questions. » - Julie

 

 


Les jeunes continuent massivement à se diriger vers le cégep à la sortie du secondaire. Pourtant, les chiffres démontrent que près de la moitié des garçons vont abandonner en cours de route.

Ces abandons à répétition ont un coût social important : il en coûte aux contribuables 120 000 $ pour mener un enfant du primaire jusqu'à la fin du cégep. Un minimum qui ne tient pas compte des changements d'orientation.

 

L'avenir appartient-il aux métiers?

La cuisine, la boucherie et la pâtisserie viennent en tête de liste des métiers les plus prometteurs.

D'ici 2005, 600 000 emplois seront créés au Québec, des métiers ne demandant, pour la plupart, pas de formation universitaire, comme l'électricité, la plomberie, ou l'ébénisterie, sans parler de tous ces métiers de la santé ou de l'environnement.



« À mon époque, c'était une bonne idée de viser l'université [...] car le Québec manquait d'universitaires, de personnes occupant des postes de direction, des postes professionnels. Ce qui n'est vraiment plus le cas aujourd'hui : les besoins se situent davantage au niveau des techniques et de la fabrication. »
- Mario Charette, conseiller en orientation

 

La main-d'œuvre spécialisée est de plus en plus difficile à trouver, forçant les entreprises à organiser des foires de l'emploi. Malgré toutes les possibilités qu'offrent aujourd'hui les métiers, les jeunes continuent de bouder la formation professionnelle. Pourquoi? Au Québec, comme dans la majorité des pays occidentaux, l'enseignement général menant aux études supérieures continue d'être perçu comme la seule voie de prestige.



Les préjugés


Mario Charrette est conseiller en orientation. Il rencontre quotidiennement des jeunes totalement confus face à leur avenir. Selon lui, les parents y sont pour beaucoup dans le choix des jeunes d'étudier à l'université.

Une opinion que partage aussi Andrée Godin, conseillère à l'Académie Antoine-Manseau de Joliette, une école privée. Depuis l'année dernière, la direction tente de sensibiliser davantage les élèves, mais aussi les parents, aux nouvelles réalités du monde du travail :


« Il y a encore beaucoup de préjugés : "Il faut que mon jeune aille à l'université" [...] parce que les parents sont eux-mêmes des universitaires ou parce qu'ils n'ont malheureusement pas eu la chance d'aller à l'université. Il faut donc encore se battre contre cette mentalité qui dit que, pour réussir dans la vie, il faut aller à l'université, sinon tu ne fais rien de bon. »

 

Une enquête du MEQ révèle que plus d'un jeune sur deux, au secondaire, croit que ses parents souhaitent qu'il aille à l'université. Pourtant, à peine un garçon sur cinq réussira à y décrocher un diplôme.


La crainte de retourner étudier avec des plus jeunes et l'image des métiers non rémunérateurs expliquent aussi pourquoi les jeunes évitent plus souvent qu'autrement de s'en informer :


« Lorsque tu t'en vas faire un DEP, tu t'en vas avec la commission scolaire, donc tu retournes avec des jeunes du secondaire. Est-ce qu'il n'y a pas là une espèce de barrière psychologique chez le jeune ? »

- Danielle Sansregret, aide pédagogique à l'Académie Antoine-Manseau

 

 

Si, au départ, son choix était loin de faire l'unanimité, Nicolas se dit persuadé aujourd'hui d'avoir pris la bonne décision. C'est d'ailleurs avec un brin de fierté qu'il nous parle de son autonomie financière. De plus, Nicolas songe à retourner aux études. Dans le domaine de la cuisine, évidemment!

 


Journaliste : Michel Vincent
Réalisateur : Jean-Claude Le Floch

 

Hyperliens


:: Information sur le marché du travail : perspectives profesionnelles 2001-2005
Site d'Emploi-Québec

:: Le Top 50 de la formation professionnelle et technique 2002-2003
Liste des programmes de formation professionnelle (secondaire) et de formation technique (collégial) offrant les meilleures perspectives d'insertion sur le marché du travail.

:: Emploi-Québec

:: Jobboom
Magazine s'adressant aux chercheurs d'emploi et aux employeurs

:: La formation profesionnelle et technique
Site du ministère de l'Éducation du Québec

:: La formation profesionnelle chez les jeunes : un défi à relever
Recommandations du Groupe de travail sur la relance de la formation
professionnelle des jeunes au secondaire et sur la formation technique. Site du ministère de l'Éducation du Québec

:: Emploi Non Trad
Site de l'organisme Option Femmes Emploi consacré aux métiers non traditionnels

   

 

 
 
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