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REPORTAGE
— 2003-02-18

ON N'OUBLIE JAMAIS
(lA MORT D'UN BÉBÉ)

 

 


 

 

« C'est vrai que c'est un petit bébé que je ne connais pas. Mais c'est un petit bébé que j'aime, c'est mon enfant ! Je l'ai porté en moi, je l'ai senti bouger, on l'attendait. »
- Thérésa

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


« On nous a suggéré de le prendre dans nos bras, de le regarder, de prendre des photos, pour nous aider dans notre deuil. Au début, on ne voulait pas. Puis, quand il est arrivé, ça a été instinctif ! On voulait l'avoir avec nous. Tellement qu'on a passé trois heures avec lui dans la salle d'accouchement. »
- Annie, mère de Xavier

 

 

 

 

 


 

 

 

 

 

 

Les parents de la petite Jade, qui est décédée à terme, ont filmé leurs derniers moments avec elle à l'hôpital. Ils ont aussi affiché leurs photos sur Internet.

Cliquez ici pour
consulter leur site

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 




Des mois à attendre, à rêver, à parler, à chanter au petit être chéri. Puis, le cauchemar. L'impensable. L'enfant qui avait déjà toute sa place au sein de la famille est parti.

 

Chaque année, des dizaines de milliers de femmes au Canada perdent leur bébé avant terme; la plupart au début, mais parfois aussi juste avant, ou après la naissance. Au Québec seulement, c'est arrivé presque 7000 fois l'an dernier.

 


Un départ qui n'est pas sans laisser de marques profondes. Aux premiers instants, certains parents se sentent même coupables.

« Je me sentais un peu comme si j'avais donné la mort, comme si je n'avais pas réussi à le faire vivre. Je me sentais comme une criminelle. »
- Annie


Des cicatrices profondes

Enjeux vous raconte d'abord l'histoire de Thérésa, qui a perdu sa deuxième fille à sept mois de grossesse. Le jour de Noël de l'an 2000, les médecins lui annoncent que le cœur d'Ariane a cessé de battre. Son conjoint explique à quel point il lui a été difficile d'annoncer la nouvelle à leur fille Catrine :

« J'essayais de trouver des mots d'enfants pour détourner, pour ne pas employer le mot "mort", qui est le mot tabou. Elle comprenait, mais elle ne voulait pas comprendre. J'ai été obligé de dire : "Elle est morte". Et là, elle m'a dit : "Pas pour de vrai ?". J'aurais tant aimé lui dire "Non, pas pour de vrai ". »
- Denis

 


Thérésa se souvient de son retour à la maison. Un souvenir douloureux et encore difficile à accepter : « On est revenus les bras vides. C'est un souvenir assez douloureux. Une douleur physique, mais une douleur psychologique aussi : tu as des montées de lait, tu reviens à la maison et tu n'as pas de bébé avec toi… Le lit de bébé est là, tout était prêt. Ça n'a vraiment pas été facile de sentir un vide. » - Thérésa


Question de prendre un peu de recul, Thérésa et son conjoint ont choisi de se retirer quelque temps. La peine qui les affligeait, mais qui pesait aussi sur leurs proches, était très lourde à supporter.

 

Des couples se quittent, d'autres se soudent ou s'accrochent aux enfants qui restent.



Quant au conjoint de Thérésa, il a tout simplement perdu la foi :

« Ce qui est important, c'est ma famille. Ça, c'est mon dieu maintenant. Quant à Ariane, c'est un ange. Elle nous protège. À ça, j'y crois. Pas à Dieu. »

 

 

 

Une infirmière, une approche unique

Chantal Verdon est infirmière en deuil périnatal. Sa pratique est unique au Québec. En plus des nourrissons dont elle s'occupe, elle consacre les trois-quarts de son temps aux parents qui ont perdu leur bébé. Elle suit le cheminement des parents en deuil durant plusieurs mois, quelquefois des années. Elle se rend même à domicile pour des visites individuelles.

 

« Le deuil d'un bébé pendant la grossesse ou après, ce n'est pas le deuil du passé, comme le deuil d'un adulte   c'est le deuil de l'avenir, le deuil du futur et des projets qui viennent avec. Ce n'est pas un deuil qui se règle en très peu de temps, puisqu'on va peut-être revivre une grossesse, accompagnée d'inquiétudes et de stress. Et c'est justement à ce moment-là qu'il faudra renégocier la perte qu'on a vécue. »
- Chantal Verdon, infirmière

 

À tous les mois, Chantal Verdon anime un groupe de soutien pour les parents endeuillés de Laval. Une ressource tellement rare qu'on y vient d'un peu partout dans la grande région de Montréal. Ce soir, on parle des souvenirs, ou plutôt de l'absence de souvenirs liés au bébé disparu. Chaque pyjama, chaque document, chaque mèche de cheveu prend ici toute son importance.

 

 

La tristesse et la détresse prennent beaucoup de place ici, mais pas toute la place. Bien des parents se sentent incompris par un entourage qui veut consoler, mais qui souvent ne trouve pas les mots.


Dans les hôpitaux, on accorde de plus en plus un traitement spécial aux parents de bébés décédés. À la Cité de la santé, on leur réserve des chambres à l'écart. Sur la porte, un carton avertit le personnel : « Attention, parents en deuil ».

On insiste de plus en plus sur l'importance de créer des liens avec l'enfant qu'on ne connaîtra jamais. Certains parents refusent; la plupart acceptent éventuellement.

À la Cité de la santé, les parents ont un accès illimité à leur bébé. Le corps est conservé sur l'étage pour la durée de leur séjour.



« On devait te laisser là, avec ton beau petit pyjama vert. Je t'aurais gardé dans les bras mon amour. Je t'embrasse, je te fais le plus beau des câlins, mon amour, fais-moi signe, et même si tu n'es pas capable, je sais que tu es là, et je t'en remercie. »


Journaliste : Pasquale Turbide
Réalisateur : Yves Bernard

 

Hyperliens et références


:: Page de Jade
Site Nos petits anges au paradis

:: CHARL : Une description des services
Site du Centre hospitalier ambulatoire régional de Laval

 

GROUPE DE SOUTIEN

Pour joindre Chantal Verdon, infirmière spécialisé en deuil périnatal :
Montréal : (514) 990 1003
Québec : (418) 990-2737

 

 

 
 
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