« J'aimais
le goût du risque, l'adrénaline,
le feeling que j'avais avant d'entrer dans une banque... »
- Un détenu
Les prisonniers
qui purgent des peines d'emprisonnement à vie ont
souvent une vie amoureuse bien remplie. Malgré leur
incarcération, ils réussissent à attirer
des femmes de tous les milieux, soit par l'entremise d'un
codétenu, soit à l'aide des petites annonces
ou des programmes de bénévolat.
Ces
femmes sont prêtes à bien des sacrifices; elles
investissent temps et argent au nom de l'amour. Mais qu'est-ce
qui fascine toutes ces femmes éprises d'un homme
avec qui la vie quotidienne est impossible?
Enjeux
a sondé le coeur de plusieurs de ces couples inhabituels,
dont certains résistent aux difficultés et
durent, contre vents et marées. D'autres, la plupart
en fait, éclatent peu après la sortie de prison
du conjoint.
Vous rencontrerez des hommes, des criminels parfois endurcis,
qui racontent la fascination qu'ils exercent sur un certain
type de femmes. Certains se sont réformés
et ont un clair recul par rapport à ce genre de relation;
dans certains cas, ils peuvent même venir en aide
aux autres couples de ce genre. C'est le cas, par exemple,
de l'ancien avocat Michel Dunn, qui a payé
cher l'assassinat de son partenaire en 1978. Son procès
a été retentissant, attirant un nombre important
de curieuses.
Une réinsertion réussie
« Il est
mort, parce qu'effectivement, je n'étais
pas capable d'affronter mes problèmes. »
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Michel Dunn, comme bien des condamnés
à perpétuité, a vu sa popularité
auprès des femmes grandir en prison. Il a correspondu
avec des femmes qui s'intéressaient à son
sort, s'est marié deux fois et à divorcé
en prison, et y a même conçu sa fille.
L'attirance
envers un détenu : un phénomène
complexe
Vouloir
protéger, croire aussi que le fait que l'homme soit
enfermé veut dire qu'il vous appartient entièrement...
Les femmes qui s'attachent à des détenus ont
tendance à excuser les gestes et pulsions criminelles
de leurs conjoints ou amis. Pour les experts, ce phénomène
va avec la tendance qui veut que dans nos cultures, les
femmes sont davantage portées à prendre soin
d'autrui, à excuser, à vouloir protéger,
parfois à l'excès.
Profil d'une
conjointe de détenu
Elle a souvent
vécu une enfance difficile.
A parfois été victime de violence
familiale.
Elle souffre de carences affectives et a une faible
estime d'elle-même.
Elle peut souffrir de dépendance affective.
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L'histoire de Susan Musgrave
La
poétesse vancouveroise Susan Musgrave vit un attachement
de longue durée avec un détenu. C'est en prison
qu'elle a connu son conjoint, qui lui envoyait ses manuscrits.
À sa sortie de prison, Stephen Reid est devenu un
véritable modèle de réinsertion sociale.
Pendant 12 ans, le couple mène une existence
idyllique, jusqu'au 9 juin 1999, où Stephen
récidive. Aujourd'hui encore, Susan demeure à
ses côtés, mais leur fille porte les séquelles
psychologiques de ces événements.
Cette poète et écrivaine
est née à Vancouver en 1951. Elle est l'auteure
de trois romans : The Charcoal Burners (1980),
The Dancing Chicken (1987) et Cargo of Orchids
(2000). Elle a aussi écrit de nombreux recueils de
poésie.
Beaucoup d'anciens détenus
ont du mal à fonctionner une fois leur liberté
retrouvée, malgré la présence d'une
conjointe qui, parfois (ce fut le cas de Susan Musgrave),
tente de donner un cadre à l'homme en jouant littéralement
une forme de rôle de gardien de prison à la
maison.
Journaliste :
Esther Normand
Réalisatrice : Doris Synnett
