1er JANVIER 2011
Émission spéciale Des voix pour la paix

Lettres à Marie Mère de la Vie

 

Textes de la liturgie :
Livre des Nombres (Nb 6, 22-27)
Psaume : 97 La terre entière a vu
Lettre de saint Paul Apôtre aux Galates (Ga 4, 4-7)
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc (Lc 2, 16-21)

 
En lieu et place de l'homélie, nous avons demandé à quatre auteurs de rédiger une lettre à Marie Mère de la Vie. Ils nous partagent ainsi leurs réflexions à l'occasion de cette fête liturgique consacrée à la Mère de Dieu.
Ce 1er janvier est aussi Journée mondiale de prière pour la paix.

 
Lettre de Lorraine Caza, c.n.d.

Dis-moi, Marie, ta vie à Nazareth avant l'événement de l'Annonciation t'avait-elle préparée à tout ce qui a suivi? Nul doute que tes parents, Anne et Joachim, t'avaient enseigné ce qu'on apprenait aux enfants dans les familles juives, il y a deux mille ans. Que savais-tu de l'attente du Messie? Que savais-tu des rouleaux de la Parole de Dieu? Comment avais-tu appris à prier? J'ouvre le témoignage de Luc. Après nous avoir raconté la visite des bergers à Bethléem, il nous dit que, les ayant entendus, « tu conservais avec soin toutes ces choses, les méditant en ton coeur ». Aurais-tu pu deviner que des bergers de la nuit te révéleraient la mission incomparable de ton nouveau-né? Qu'as-tu vécu lorsqu'ils ont proclamé que l'être fragile et vulnérable, déposé dans une mangeoire d'animaux, était le Sauveur, le Christ, le Seigneur? Comment as-tu pu faire une telle confiance à une parole aussi extravagante, la conserver en ton coeur, la méditer?

Gardais-tu en ta mémoire l'accueil reçu de ta vieille cousine Élisabeth, enceinte, alors qu'elle avait si largement dépassé l'âge d 'enfanter? Revivais-tu l'étonnement qui avait été tien lorsqu'Élisabeth t'avait proclamée bénie entre toutes les femmes et porteuse d'un enfant béni. L'entendais-tu exprimant sa totale surprise que la mère de son Seigneur vienne à elle? Qu'à ta salutation, Jean, qu'elle portait, avait exprimé sa joie? Te rappelais-tu qu'Élisabeth te trouvait heureuse d'avoir donné ta confiance à la parole reçue de la part du Seigneur? Mais, quelle était cette Parole?... Tu étais renvoyée à cette visite de Gabriel. Ce dernier avait-il dit autre chose que ce que les bergers et Élisabeth t'avaient annoncé?

À Bethléem, tu n'avais plus à te demander si et comment tu concevrais et enfanterais, ni comment tu nommerais l'enfant, mais tu n'aurais jamais fini de creuser, de méditer : « Il sera grand, et sera appelé Fils du Très-Haut. Le Seigneur lui donnera le trône de David son Père; il règnera sur la maison de Jacob pour les siècles et son règne n'aura pas de fin... l'être saint qui naîtra sera appelé fils de Dieu. »

Marie, ma mère, aide-moi à reconnaître les Gabriel, les Élisabeth, les bergers de la nuit sur ma route. Marie, partage-moi ta foi que rien n'est impossible à Dieu.

 
Lettre de Georges Madore, montfortin

Jadis, la tradition chez-nous était d'offrir les étrennes des Fêtes au Jour de l'An. Vous êtes-vous déjà demandé ce qui fait qu'un cadeau... est un cadeau? Quand est-ce qu'un objet devient cadeau?

Quand je le vois sur un rayon de magasin? Mais ce n'est alors qu'une marchandise. Quand je l'achète? Ce n'est qu'une dépense qui apparaîtra sur mon relevé de carte de crédit. Est-ce quand je l'emballe? N'est-il pas alors qu'un bel objet?

Non, un cadeau ne devient vraiment cadeau que lorsqu'il est reçu, accueilli, avec joie et reconnaissance.

Il en est ainsi entre Dieu et nous. Voilà qu'il nous offre son Fils pour que chacun et chacune de nous puisse devenir ses enfants bien-aimés. Mais le cadeau de Dieu ne le devient vraiment que s'il est accueilli. Voilà où Marie apparaît : elle est, dans sa personne, l'humanité qui accueille Dieu. Elle dit oui à la venue du Fils de Dieu dans sa chair et dans son temps, dans notre chair et dans notre temps.

L'Évangile nous dit que Marie « retenait tous ces événements et les méditait dans son coeur. » Cette méditation, c'était sa manière de développer le cadeau, de le recevoir pleinement, de s'en émerveiller.

Ô Marie, apprends-nous à dire oui à Dieu qui se donne à nous. Fais-nous entrer dans ton oui entier et joyeux à sa venue dans notre chair et notre temps. C'est ainsi qu'il bénira chaque journée de l'année nouvelle.

 
Lettre d'Anne Fortin, théologienne – Université Laval, Québec

Au commencement, Marie entend la Parole de l'Ange qui retentit dans sa chair; puis, ses yeux contemplèrent le Verbe de vie qui s'est fait chair dans sa chair. Par Marie, par son écoute et sa parole, le temps et l'espace de nos vies sont transformés, à jamais : Dieu s'est fait l'un de nous pour que nous vivions de sa vie, et il vit en Marie dans la chaleur de nos vies, accroché au sein de sa mère comme tous les nourrissons.

La Parole de l'Ange s'est insérée dans le silence de Marie. Elle s'est inscrite comme une parole intérieure dans sa chair. En ce lieu, attendait le désir d'Alliance. La Parole de l'Ange s'est fait oreille intérieure d'une parole intérieure, et vient y résonner.

Marie porte tout cela en son coeur : l'Annonce descendue dans la chair; le temps d'arrêt en elle, neuf mois; sa chair bouleversée par une Parole; le Verbe qui se fait chair.

Marie entend, voit, sent, ressent, goûte la Parole dans sa chair. Et elle médite tout cela en son coeur. Lorsqu'elle prend la parole, c'est pour nommer l'enfant du nom déjà annoncé : elle inscrit sa parole dans la Parole de l'Ange. Marie, femme de parole éclatante! Sa vie raconte ce qu'elle a entendu.

Comme les Bergers vont voir la Parole de l'Annonce, allons voir, à notre tour ce qui est dit de cette naissance. Ils voient et ils racontèrent, non pas ce qu'ils ont vu, mais ce qui leur avait été annoncé au sujet de cet enfant. Recevons à notre tour le Verbe dans nos chairs, pour que nos chairs deviennent paroles de vie adressées à tous.

 
Lettre du père Benoît Lacroix, dominicain, adressée à Marie

Montréal le 27 novembre 2010

Permets, chère Marie, que je te tutoie... à cause de lui ton Emmanuel Jésus.

Parmi tant de femmes que j'ai rencontrées ici, en Europe, au Japon, en Afrique... je considère que tu es celle qui m'étonne le plus!

Pourquoi? Parce que toute jeune, tu risques ta réputation, tes fiançailles même. Tu le fais tout simplement pour signifier à toutes les générations en quête continue de liberté, que Dieu est tellement AMOUR que ton enfant, tu nous le donnes. À tes risques et dépens.

Ce que j'ai appris à la maison, chez-nous, il y a bien longtemps, je le crois encore. Je crois que tu es encore avec nous, avec moi, chaque jour, chaque année... « Et jusqu'à l'heure de notre mort »

J'ai hâte de te voir, Marie.
J'arrive.
J'ai 95 ans...

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