HOMÉLIE DU 7 NOVEMBRE 2010
32e dimanche du temps ordinaire (Année « C »)

ÉGLISE SACRÉ-COEUR-DE-JÉSUS
Ottawa, Ontario

Président de l'assemblée :
Pierre-Olivier Tremblay, o.m.i

Lectures :
Lecture du second livre des Martyrs d'Israël (2M 7,1-2.9-14)
Psaume (16,1.3ab,5-6,8.15)
Deuxième lettre de saint Paul Apôtre aux Thessaloniciens (2Th 2,16-17:3,1-5)
Évangile selon saint Luc (20,27-38)

« Le Dieu des vivants »

Les journées sont plus courtes et plus sombres. Nous sommes en novembre, mois appelé traditionnellement le mois des morts. Avec les fêtes des fidèles défunts, de la Toussaint et du jour du Souvenir, nous avons l'occasion de réfléchir à la réalité de la mort. Qu'est-ce que mourir? Que restera-t-il de moi? Quel héritage vais-je laisser ici? Quel souvenir? Ce sont là des questions que nous pouvons tous nous poser. Qu'est-ce que ça vous fait intérieurement le fait de m'entendre parler de la réalité de la mort? Un malaise, une paix, une curiosité? Je voudrais vous partager ce soir à quel point notre foi en un Dieu des vivants peut devenir une force pour changer toute notre façon de vivre.

Nous vivons dans une époque où la réalité de la mort est évacuée, cachée, rendue moins visible. Il serait intéressant de comparer la façon dont se vivaient les funérailles il y a cinquante ans et la façon actuelle. Beaucoup de choses ont changé. Les lieux : très rarement dans les maisons, moins dans les églises, surtout au salon funéraire. Le temps : de quelques jours pour veiller les morts à une journée ou deux. Le corps ou les cendres? Une signification religieuse aux rites ou non? Je dirais, pour faire bref, qu'aujourd'hui il y a moins d'espace donné à la mort, moins de temps, moins de visibilité. En fin de compte, bien souvent, moins de sens.

En même temps, notre société semble fascinée par la mort. Pensez aux romans et films qui parlent de vampires, de morts-vivants et de loups-garous. On pourrait même parler d'une banalisation de la mort lorsqu'on regarde la violence gratuite de beaucoup de films et de jeux vidéo.

Depuis que je suis prêtre, j'ai eu l'occasion de vivre plusieurs funérailles. J'observe que beaucoup de personnes, particulièrement les plus jeunes, ne savent pas quoi dire ou quoi faire en cette circonstance. Des jeunes m'ont déjà demandé dans un salon funéraire : « Qu'est-ce que je devrais dire? » La société actuelle ne nous prépare pas à faire face à la mort. Il serait peut-être temps, comme disciple de Jésus, de nous réapproprier notre héritage de foi qui nous propose un chemin libérant : celui de la confiance. Je sais, ce n'est pas facile de croire en la résurrection. Ce n'est pas facile de croire tout court! Mais on peut le faire. La première lecture nous montre un moment-clé dans l'histoire du peuple d'Israël où la croyance en la vie après la mort est devenue plus forte et a pris un sens concret. Quelques dizaines d'années seulement avant la venue de Jésus, le livre des Macchabées (des Martyrs d'Israël) nous montre comment c'est la foi en la bonté de Dieu qui va donner le courage à sept frères de faire face à la persécution et devenir des martyrs. Ces jeunes gens sont convaincus : Dieu ne se laisse pas vaincre en générosité. Il ne permettra pas que leur vie soit perdue en vain. Sûrement que leur foi en la vie éternelle n'a pas fait disparaître leur peur de la mort, mais elle leur a certainement donné le courage de tenir bon!

À l'époque de Jésus, il restait encore un groupe important de juifs qui ne croyaient pas à la résurrection : les sadducéens. En réponse à leur question, Jésus exprime sa foi profonde : Dieu est le Dieu des vivants et non des morts. Cette foi lui donne le même courage que les martyrs avant lui pour aller jusqu'au bout. Mais plus que la réponse donnée dans l'Évangile d'aujourd'hui, c'est toute sa vie, et particulièrement sa passion, qu'il faut contempler et méditer. Jésus est comme nous devant la mort : il a peur, il se sent seul et même abandonné. Mais il aime, il se donne, il s'abandonne. Il a vécu sa mort comme un don. Sa résurrection est la victoire finale sur la mort. Je ne peux pas dire bien plus ici. Je pense qu'il faut le méditer : Jésus a vaincu la mort. Il nous donne la Vie Éternelle, pas seulement à la fin de nos jours : dès maintenant. Il change nos morts en sa Vie. Il change tout! Je dirais que par rapport aux jeunes martyrs de la première lecture, nous sommes privilégiés. Nous avons en effet accès, dans l'eucharistie, au don intime de Jésus à son Père. Et sa résurrection est déjà la nôtre.

Maintenant, une question : est-ce que la foi en la résurrection de Jésus change quelque chose à ma vie? Est-ce que je vis comme un sadducéen? Ne restons pas là. Ne cherchons pas des assurances et des sécurités. Avançons dans la confiance. Avançons avec courage. L'exemple de Jésus m'inspire : je voudrais mourir comme Lui, en donnant ma vie. Mais je voudrais d'abord surtout vivre comme Lui, en donnant ma vie : Dieu est le Dieu des vivants! Une chose est sûre, je ne pourrai pas le faire de ma propre force. J'ai besoin de son soutien. Nous avons besoin de son soutien. Aujourd'hui, dans cette eucharistie, il nous est donné. En elle, nous pouvons aimer, donner, apprendre, découvrir, espérer comme jamais auparavant! Vive la Vie!

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