HOMÉLIE DU 25 OCTOBRE 2009
30e dimanche du temps ordinaire B

ÉGLISE SAINT-SÉBASTIEN
Ottawa (Ontario)

Préparation liturgique :
Paroisse Notre-Dame-de-Lourdes de Cyrville
et Paroisse St-Louis-Marie-de-Montfort

Président de l'assemblée :
Abbé François Kibwengé

Livre de Jérémie (31, 7-9)
Psaume 125
Lettre aux Hébreux (5, 1-6)
Évangile selon saint Marc (10, 46-52)

Chers frères, chères soeurs,
Chers téléspectateurs,
Bien aimés en Jésus,

Quel que soit ce que vous êtes en train de vivre en ce moment, je vous souhaite la joie de Dieu en Jésus.

J'aime souvent raconter une histoire, l'histoire de cette femme, « madame poubelle », qui n'est pas de moi, mais qui décrit bien la vie de la plupart des chrétiens que je rencontre. Enfant unique, à la mort de ses parents, elle fait une forte dépression mentale. À cause de cela, cette femme avait passé toute sa vie courbée avec un sac à ramasser les poubelles qui traînaient partout dans les rues de Londres. D'où son nom de « madame poubelle ».

Mais, curieusement à sa mort, lors de ses funérailles, l'église était remplie des gens très bien habillés. Un des pasteurs demanda : comment se fait-il que cette femme qui a passé sa vie dans les poubelles entraîne tant de gens à ses funérailles. L'autre pasteur lui dit : ses parents étaient riches et lui avaient laissé une grande fortune; ce sont des cousins... qui sont venus de partout... et des exécuteurs de testament. Chacun espérait quelque chose de cette fortune. Cette femme, qui était en principe riche, a pourtant passé toute sa vie dans la poubelle.

Cette histoire semble le reflet de plusieurs chrétiens aujourd'hui – et peut-être de vous qui me suivez chez vous – qui, tout en possédant le secret du bonheur, ont toujours le visage triste.

Il est vrai que notre monde aujourd'hui est rempli de mauvaises nouvelles. De sorte que nous avons perdu la joie de vivre, en dépit du degré d'évolution intellectuelle et technologique. L'être humain a atteint son plus haut degré de performance technologique : les navettes sur la lune, la technologie de pointe en communication, en santé, en économie, en éducation etc. Pourtant, dans la même société, les gens font continuellement face à la solitude, à la peur des pandémies, à l'apparition des maladies autrefois inconnues, à la malnutrition et à la malbouffe, à la violence et aux suicides et récemment à la crise financière dont les effets se font encore sentir dans notre quotidien de vie. Nous, les humains, sommes plus que jamais malheureux. Mais, si nous sommes malheureux, c'est parce que nous avons perdu le sens de l'émerveillement. Et nous ne nous émerveillons plus parce que nous avons cessé de voir en profondeur.

L'épisode de Bartimée, dont il est question dans l'évangile d'aujourd'hui, est une invitation à redécouvrir des nouvelles raisons de pousser des cris de joie dans ce monde marqué par le mal et la souffrance : « Poussez des cris de joie... Faites résonner vos louanges », nous dit la première lecture, car le Seigneur lui-même vient sauver son peuple, guérir l'aveugle et le boiteux; consoler ceux qui pleurent. Cette promesse que Dieu a faite depuis le temps du prophète Jérémie, Jésus est venu l'accomplir en intervenant en notre faveur. À tous ceux et celles qui l'accueillent dans la foi comme Seigneur et sauveur, il se charge de leur fardeau (venez à moi vous qui ployez sous le fardeau) et multiplie pour eux des raisons d'être dans la joie à cause de merveilles que le Seigneur fait pour eux. Telle a été l'histoire de Bartimée.

Cette année, toi aussi, tu souhaites sans doute voir... les merveilles du Seigneur dans ta vie. Fais-en le cri de ta prière, ton désir du coeur et laisse tomber (quitte) – comme l'a fait Bartimée – le manteau du deuil que tu portes : rancune, tristesse, colère, esprit de vengeance, esprit de condamnation ou de désespoir.

C'est ce qu'ont fait les disciples d'Emmaüs. Tant qu'ils portaient le manteau de désespoir, ils n'étaient pas capables de voir et de reconnaître Jésus le Christ sur leur chemin. Quand ils ont quitté ce manteau de tristesse, à la fraction de pain, ils sont retournés joyeux à Jérusalem.

Le monde d'aujourd'hui a compris l'importance de la joie. Il s'organise des célébrations joyeuses; il organise des cours juste pour apprendre à rire. Si eux peuvent faire cela, pourquoi pas nous, chrétiens. J'ai la ferme conviction que tant que nous ne serons pas fiers et heureux de notre appartenance au Christ, tant que nos liturgies ne seront pas des lieux de joie, nous ne pourrons jamais convaincre le monde de prendre le chemin de la foi.

À une époque où les gens ont besoin de modèles, être chrétien est une question de choix à faire : le choix de s'exercer à la joie de Dieu, et cela, en toutes circonstances!

Amen!

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