HOMÉLIE DU 8 MARS 2009
2e dimanche du Carême B

PAROISSE SAINT-JOVITE
Mont-Tremblant, Québec

Président de l'assemblée :
Alain Morin, prêtre

Genèse (22,1-2.9a.10-13.15-18)
Romains (8, 31b-34)
Saint Marc (19, 2-10)

Nous le savons tous et toutes, pour l'avoir appris très tôt dans la vie, et parfois même à nos dépens, il y a de ces choses qu'on ne dit pas à tout le monde; il y a de ces confidences que nous ne faisons qu'à des personnes choisies, triées sur le volet. Il y a de ces secrets que nous ne confions qu'à des personnes en qui nous avons une confiance totale.

C'est de cela dont il s'agit dans cette page d'Évangile de ce matin qui nous rappelle l'épisode de la Transfiguration de Jésus.

1) Un secret pas mal spécial : celui de sa filiation divine

Qu'en est-il au juste? Que se passe-t-il? Prenant avec lui ses trois disciples les plus intimes, Jésus les emmène à l'écart, sur une haute montagne, et leur livre le grand secret qui l'anime et qu'il porte. Il leur donne accès au grand mystère de sa personne.

Il est plus qu'un homme ordinaire si brillant soit-il; Il est encore plus grand que les deux grands prophètes qui ont marqué l'histoire du Peuple de Dieu : Moïse et Élie. Il est l'intime de Dieu. Il y a en lui du divin, il vit de la vie même de Dieu...

Et comment les disciples vont-ils découvrir cela? Comment peuvent-ils accéder à cette grande vérité? Encore une fois, par le langage des signes. Des signes qui proviennent de la Bible et qui sont associés aux grandes manifestations par lesquelles Dieu se fit connaître, se révèle à son Peuple. Des signes qu'ils connaissent, qui appartiennent à leur univers religieux et qu'ils peuvent décoder, interpréter. Par exemple...

Le visage transfiguré de Jésus : qui rappelle celui de Moïse rayonnant de lumière après on entretien avec Dieu.

La blancheur des vêtements à nulle autre comparable; couleur qui évoque l'éclat de lumière de ceux et celles qui entrent dans la gloire de Dieu, dans la vie même de Dieu;

La vision qui s'offre aux trois disciples. Pierre, Jacques et Jean voient Jésus en train de s'entretenir avec Moïse et Élie, les deux grandes figures ou prophètes que Dieu avait envoyés à son Peuple;

La nuée qui enveloppe les disciples et qui rappelle celle qui accompagnait Moïse lors de ses entretiens avec Dieu;

Une voix qui se fait entendre et qui reprend, comme en écho, les paroles entendues au baptême de Jésus : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le! »

Tous des signes qui, dans la Bible, manifestent la présence de Dieu. Tous des signes qui leur permettent d'accueillir et de décoder le grand secret de Jésus : Il est vraiment l'intime de Dieu, le Fils de Dieu, la Parole même de Dieu à écouter et à suivre. Tout son être rayonne de la vie même de Dieu comme une lampe dispense et communique la lumière qui l'habite.

On comprend à quel point ce fut pour eux une grande expérience de lumière : ils savent maintenant qui est vraiment ce Jésus qu'ils suivent et en qui ils ont mis leur foi et leur espérance.

2) Jésus le signe de la Nouvelle Alliance

En nous donnant Jésus, Dieu nous a donné son propre Fils. Il nous donnait ainsi le plus grand, le plus beau, le plus parfait signe d'Alliance qui soit. C'est d'ailleurs ce que nous rappelle Saint-Paul dans la deuxième lecture de ce dimanche : « Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous? Il n'a pas refusé son propre Fils, il l'a livré pour nous. Comment pourrait-il avec Lui ne pas nous donner tout? » En nous donnant Jésus, Dieu nous a tout donné : toute sa Vie, tout son Amour. Par Jésus, en Lui, et avec Lui, nous est donné le signe d'une nouvelle alliance.

Toute la Bible nous rappelle comment Dieu s'est fait connaître aux humains, non pas pour les dominer, mais pour faire alliance avec eux, pour conclure une alliance d'Amour et de Vie. Toujours, c'est Lui qui prend les devants, c'est Lui qui pose les premiers gestes, qui donne les signes concrets de cette alliance. Dimanche dernier, nous nous sommes rappelés l'engagement solennel de Dieu envers Noé et sa descendance, après l'épisode du Déluge.

Et dans la première lecture de ce matin, même engagement de Dieu qui renouvelle son alliance avec Abraham et sa descendance : « je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer. »

Sur la montagne, lieu de prédilection où Dieu vient à la rencontre de l'être humain, Abraham reconnaît un Dieu qui ne veut pas la mort, mais la vie, et qui s'engage solennellement à faire proliférer la vie.

Enfin, c'est encore sur la montagne que les disciples peuvent contempler dans la personne de Jésus le rayonnement de la vie et de la gloire de Dieu. Un rayonnement qui se veut une annonce, un signe avant-coureur, une préfiguration de la plénitude de vie de la Résurrection.

Avec Jésus, tout s'éclaire. Dans sa vie, comme dans sa mort et sa résurrection, Dieu nous donne le signe parfait d'une nouvelle alliance d'Amour et de Vie. Oui! Vraiment, comme nous nous le redirons tout au long de ce Carême, Seigneur, « Tu aimes le monde, et nous marchons avec Toi. »

3) Des signes d'alliance pour nous aussi

Mais comment la Parole de Dieu peut-elle nous rejoindre, ce matin, nous les disciples de 2009, que des siècles et des millénaires séparent d'Abraham, de Jésus?

Et bien, par le truchement de la Parole de Dieu, nous sommes les auditeurs de la promesse d'alliance que Dieu adressa un jour à Abraham. Une alliance dont nous sommes encore aujourd'hui les héritiers et les héritières par notre foi en Dieu et en Jésus, son Fils.

De même, par le truchement de cette page d'Évangile, nous aussi nous vivons une même expérience de lumière. Tout comme Pierre, Jacques et Jean, le Seigneur nous prend avec lui. Il nous amène sur cette haute montagne pour que nous soyons témoins de sa Transfiguration et que nous devenions ses confidents privilégiés. Nous aussi, nous accueillons le grand secret de Jésus et découvrons sa véritable identité : celle de Fils de Dieu et Messie. Et c'est encore nous qui sommes invités à l'écouter et à le suivre dans la foi.

Sur cette montagne, par le signe de la Transfiguration, Jésus donne à Pierre, Jacques et Jean le secret de sa véritable identité pour les préparer à affronter le drame qui s'annonce tout proche : le drame de sa passion et de sa mise à mort. Il veut ouvrir leur coeur et leur esprit non pas sur un horizon de mort, mais sur un horizon de lumière et de vie. Oui, il va passer par la mort, mais pour en ressortir vainqueur au moment de sa Résurrection. Il leur laisse entrevoir la lueur de la résurrection.

C'est à nous aussi, disciples de 2009, qu'est offerte cette lueur de résurrection. Nous aussi, un jour, nous aurons à affronter la mort, à la vivre, à l'expérimenter. Tout comme Jésus, nous aussi nous serons défigurés par la mort. Mais, tout comme Lui, nous vivrons aussi une véritable Transfiguration de tout notre être pour rentrer chez Dieu, dans une plénitude de Vie, de Lumière et d'Amour.

Ce temps du Carême nous est donné pour nous rappeler que, tels des pèlerins, nous marchons dans la pénombre de la foi, à la suite de Jésus, sur le chemin qui nous mène à Dieu. Au-delà des embûches, des difficultés et des épreuves qui ralentissent parfois notre marche, réconfortons-nous les uns les autres à l'annonce de la Bonne Nouvelle de la Parole de Dieu de ce matin; à l'horizon de notre cheminement de foi, luit le soleil de la Transfiguration et de la Résurrection. Que notre Eucharistie de ce matin soit pour nous une occasion renouvelée de rendre grâce au Seigneur notre Dieu pour ce don incomparable. Et que l'Esprit saint de Dieu nous inspire et nous soutienne dans notre marche à la suite du Christ.

<<  | index des homélies |  >>