HOMÉLIE DU 4 JANVIER 2009
Épiphanie du Seigneur

CATHÉDRALE SAINT-JOSEPH
Gatineau, Québec

Président de l'assemblée :
Mgr Roger Ébacher

Isaïe (60, 1-6)
Éphésiens (3;2-3a.5-6)
Saint Matthieu (2,1 -12)

Nous sommes habitués à croiser sur nos rues ou dans nos lieux de travail des personnes venant des divers continents de la terre. Nous voyons là le résultat de la mondialisation des rapports humains, des voyages, des déplacements de toutes sortes. Toutefois, la migration des populations n'est pas un phénomène nouveau.

Le récit évangélique que nous venons d'entendre nous invite à approfondir le sens de ces rencontres devenues quotidiennes dans nos vies. Il nous convie à dépasser nos préjugés et nos peurs face aux étrangers qui croisent nos chemins. Il nous stimule à deviner la profondeur du dynamisme qui travaille actuellement notre humanité en l'attirant vers une unification pacifique dans le respect des riches diversités de toutes sortes qui en forment le tissu.

Ce récit des mages est un texte lumineux de dynamisme, d'espérance et de joie. Il nous fait voir des sages venus de pays lointains qui cheminent ensemble à la recherche du « roi des Juifs ». Ce sont des gens attentifs aux appels mystérieux de Dieu. Ce sont des chercheurs de sens, de salut, de vie, d'espérance. Ces mages, c'est toi, c'est moi, c'est toute personne qui sait écouter les attraits les plus profonds et les plus humains de son coeur.

Et cette étoile qui les émeut, les fait se lever et partir, c'est un instinct spirituel, une aspiration intime qui, par-delà tout ce qui peut nous séparer, nous attire à la paix et à la justice.

C'est Dieu qui a semé dans nos coeurs, ce dynamisme têtu de fraternité qui bouscule sans cesse nos frontières et tend à unifier les peuples de la terre. Dans son amour pour notre monde, Dieu veut que l'univers entier soit un jour réuni en Jésus Ressuscité. Patiemment, son Esprit travaille nos coeurs et les attire vers Jésus dans le respect de la diversité des cultures et des races de notre monde.

Revenons à ces mages venus d'Orient. Ce sont les Écritures saintes qui vont leur indiquer où rencontrer personnellement Jésus et en être intimement transformés. Le Concile Vatican II, annoncé il y aura 50 ans le 25 janvier par le bon pape Jean XXIII, a déclaré qu'ignorer les Écritures, c'est ignorer Jésus Christ. Et ces Écritures Saintes nous indiquent beaucoup de lieux où rencontrer personnellement Jésus. Je n'en retiens qu'un en ce jour de l'Épiphanie. Jésus a dit : « J'étais un étranger et vous m'avez accueilli ». Chaque fois que nous ouvrons nos coeurs, nos maisons ou nos frontières à ce réfugié fuyant la guerre, la faim, la persécution, c'est Jésus que nous accueillons. Et c'est à travers ce contact personnel que l'Esprit de Jésus nous transforme peu à peu et tisse ces liens qui nous unissent en une seule humanité cherchant la paix et un avenir plus juste pour tous.

Chacun de nous peut s'engager dans ce projet divin de rassembler l'humanité dans la fraternité. Car l'étranger est souvent si proche de nous, au ras de nos vies de couple, de famille, de travail. C'est là que Jésus nous donne rendez-vous pour guérir les liens humains qui nous unissent.

Marie la mère de Jésus est toujours active, comme à Bethléem, pour nous accueillir dans nos recherches, nos doutes, nos souffrances, nos échecs. Toujours elle nous présente Jésus qui par son Esprit travaille en nous et avec nous à réaliser le grand projet d'amour de Dieu notre Père : faire de nous sa famille, par-delà nos guerres et nos barrières. Dans cette eucharistie, mettons à ses pieds nos trésors, comme l'ont fait les mages : nos talents, nos énergies, notre profond désir de vivre ensemble dans plus d'harmonie et de paix.

Amen.

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