HOMÉLIE DU 9 novembre 2008
32e dimanche du temps ordinaire A

PAROISSE SAINTE-ANNE
Sainte-Anne-des-Chênes, Manitoba

Président de l'assemblée :
René Chartier, prêtre

Ézékiel (47, 1-2.8-9.12)
Corinthiens (3, 9b-11. 16-17)
Saint Jean (2, 13-22)

Pourquoi célébrons-nous la dédicace de la basilique du Latran aujourd'hui? C'est quoi une dédicace? Une dédicace est un rite de consécration par lequel un édifice tel que la nôtre, est reconnu par l'église comme lieu de rassemblement et de célébration du mystère chrétien.

Aux premiers siècles, la communauté chrétienne persécutée, célébrait discrètement dans des maisons privées et aux tombaux des martyrs. Vers l'an 320, la période Constantin reconnaît le culte chrétien qui peut être célébré enfin publiquement.

Il le manifeste de façon solennelle par la construction de la basilique du Latran qui porte aussi le nom de basilique du Saint Sauveur. Dédiée à Saint Jean Baptiste, cette basilique la plus ancienne des églises d'occident se trouve à Rome. C'est l'église cathédrale du Pape reconnue par la tradition chrétienne comme la mère et la reine de toutes les églises.

Elle symbolise l'unité de l'église universelle. Commémorer sa dédicace c'est exprimer notre communion avec l'église de Rome et avec les églises locales du monde entier.

Aujourd'hui donc en plus de célébrer la fête de toutes les églises, nous célébrons la fête de l'église universelle puisque tous nos lieux de rassemblent et de célébration sont des signes du temple que nous formons. Le corps du Christ, la maison que Dieu construit. Aussi cette fête nous ouvre-t-elle au mystère de la présence de Dieu dans notre monde.

Au temps de Jésus, le temple signifiait la présence de Dieu au milieu de son peuple. Les Juifs s'y rendaient pour vivre la rencontre avec le Seigneur. Pour nous chrétiens et chrétiennes, le premier, le lieu premier de la rencontre de Dieu, c'est le Christ. D'ailleurs dans l'évangile, Jésus précise que le véritable temple c'est son corps. Depuis la mort et la résurrection de Jésus, le corps vivant du Christ, c'est l'église. La maison de Dieu n'est plus un édifice, mais une communauté de croyants et de croyantes.

En faisant de la communauté chrétienne, son temple et sa maison, Dieu nous fait honneur et il nous confie une grande responsabilité. Chacune de nos communautés doit être un signe, un sacrement du salut et de la présence de Dieu. Sommes-nous une maison fermée ou accueillante? Sommes-nous une maison remplie de lumière ou sombre? Sommes-nous un havre de paix ou un lieu de mesquinerie?

La communauté chrétienne est beaucoup plus qu'un regroupement de personnes qui partagent un projet commun ou qu'une simple institution qui a pour but de promouvoir la religion et la morale. Elle est d'abord le rassemblement de personnes qui ont mis leur confiance en Jésus et qui veulent vivre de son évangile.

Jésus est la base solide, les fondations sur lesquelles repose la communauté. La communauté chrétienne sera vivante à la condition que chacun de ses membres accepte de se convertir à Jésus et vivre selon ses enseignements. La communauté ne peut s'édifier uniquement par des techniques d'animation ou des comités. Chacun doit découvrir personnellement Jésus et expérimenter la vérité de sa parole.

C'est lui la pierre solide qui donne à la communauté toute sa solidité et son unité.

On ne bâtit pas un édifice sans suivre un plan. L'église est un chantier dont le principal architecte est Dieu lui-même. C'est lui qui en Jésus Christ construit sa maison chez nous. Mais il le fait avec nous et avec des matériaux d'ici.

Par le baptême nous sommes devenus temple de son esprit. Ouvrons-nous à cet esprit qui nous habite, l'avoir reçu par pure grâce du Seigneur, lui qui continue à bâtir son église aujourd'hui. Ainsi nous sommes tous appelés à être des pierres vivantes dans ce nouveau temple. Et chacun de nous a un rôle à jouer dans la communauté, selon nos dons reçus et les responsabilités confiées. Tous sont appelés à collaborer, à édifier la communauté selon les plans tracés par Dieu, d'un monde nouveau. Un monde de justice, de paix et d'amour.

C'est en étudiant, en méditant les évangiles que nous arrivons à mieux voir le projet de Dieu sur nous et pour le monde.

Pour aboutir à la vie nouvelle de Pâques et devenir le temple nouveau Jésus a passé par l'épreuve de l'agonie et de la mort. Paul précise que d'autres poursuivront la construction après lui. Mais chacun doit prendre garde à la façon dont il construit. Il faut faire un choix de matériau, pour une construction solide. En effet, on ne peut pas construire la communauté sans donner de son temps et de son énergie. Sans y mettre beaucoup de patience et de respect des personnes. Sans supporter les difficultés et les échecs. Il faut accepter de mourir à ses ambitions égoïstes et ne pas rechercher les accolades.

Que des services discrets sont nécessaires pour la vie de la communauté. On ne peut bâtir sur Jésus Christ sans passer comme lui de la mort à la vie.

Le Seigneur nous appelle sans cesse à faire du neuf, à faire vivre l'esprit qui nous habite est là, pour nous aider à entendre les appels. À lire les signes des temps et à intervenir au coeur de la communauté. Il n'attend que notre prière pour nous indiquer les façons de révéler la présence, la proximité, la paix et la joie du Christ. Implorons l'esprit. La vie jaillira de tous nos côtés et nous porterons des fruits nouveaux. Tel est le temple dans la vision d'Ézékiel.

Sur un chantier de construction, on s'arrête parfois pour étudier les plans. Et aussi, pour se reposer et prendre des forces. Voilà la signification de notre célébration eucharistique de chaque dimanche. Nous prenons le temps de nous arrêter pour écouter la parole de Dieu qui nous éclaire, pour manger le pain de vie qui renouvelle nos forces. Pour partager notre espérance avec nos frères et soeurs qui travaillent tous à la construction de la maison de Dieu que nous formons. Où que nous soyons, quoi que nous faisons, soyons toujours cette présence du Seigneur, cette maison de Dieu au coeur du monde.

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