HOMÉLIE DU 21 SEPTEMBRE 2008
25e dimanche du temps ordinaire A

ÉGLISE SAINT-FRANÇOIS-D'ASSISE
Paroisse Bon Pasteur
Sherbrooke, Québec

Président de l'assemblée :
Daniel Jodoin, prêtre

Isaïe (55, 6-9)
Philippiens (1, 20c-24.27a)
Saint Matthieu (20, 1-16a)

Nous venons d'entendre une belle histoire, une des paraboles que Jésus contait à ses amis, les disciples. De quoi s'agit-il exactement? Un maître a engagé des ouvriers à sa vigne à différentes heures de la journée. À la fin, il rend ses comptes en donnant la même somme à tous les travailleurs peu importe le nombre d'heures travaillées. À ceux qui avaient travaillé toute la journée et qui désapprouvaient ce geste, le maître leur rappelle qu'il leur donne exactement le salaire qu'il avait convenu avec eux dès le départ. Quant à la même somme donnée aux autres, il leur fait remarquer qu'il a entièrement le droit d'être généreux envers quiconque.

Une belle histoire de générosité certes, mais qui nous laisse un peu perplexe quant à la justice... Nous sommes dans un monde de revendications syndicales, une société de droits prônant l'équité salariale et à nos yeux, la simple justice commande de payer les ouvriers selon le nombre d'heures travaillées...

Regardons maintenant la même situation avec les yeux de Dieu qui voit au plus profond de notre coeur.

À l'époque de Jésus, tous ceux qui voulaient travailler se rassemblaient de bonne heure sur la place publique où différents maîtres allaient faire leur choix pour leur entreprise. Les premiers ouvriers, choisis dès le matin, étaient naturellement les plus jeunes, de jeunes adultes qui vivaient peut-être encore dans leur famille. Étant jeunes et forts, les maîtres les engageaient en premier étant assurés qu'il seraient de bon travailleurs.

Ceux qui étaient engagés plus tard dans la journée étaient le plus, souvent les plus âgés dont on doutait de leur capacité à travailler aussi fort que les plus jeunes. Mais ces travailleurs étaient des pères de famille qui avaient absolument besoin de travailler pour faire vivre leur épouse et leurs enfants, les nourrir, les habiller, les loger. Leur besoin était beaucoup plus grand que les premiers, car des familles comptaient sur eux.

Finalement, ceux qui étaient engagés à la fin du jour demeuraient toute la journée au soleil à attendre d'être choisis (certains d'entre eux n'étaient même jamais choisis!). Et qui étaient-ils? Eh bien, ceux qui étaient malades ou handicapés (boiteux, aveugles, sourds, etc.). Ils étaient seuls au monde et devaient absolument trouver du travail pour vivre, pour ne pas mourir de faim. Mais on les ignorait, les rejetait ou on les engageait quelques fois à la dernière minute faute de mieux. Et pourtant, ce sont eux qui avaient finalement le plus grand besoin de gagner de l'argent pour vivre.

Voilà pourquoi notre Dieu, symbolisé par le maître de l'histoire, est un Dieu généreux qui voit non pas d'abord ce que l'on peut faire pour Lui, mais plutôt nos besoins les plus chers : nos besoins d'amour, de pardon, de paix, de justice et d'espérance. Ce sont ces besoins qu'Il veut combler très généreusement, sans compter, pour chacun et chacune d'entre nous et ce, sans discrimination.

Il veut d'ailleurs combler particulièrement ceux qui en ont le plus besoin : « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs pour qu'ils se convertissent ». (Lc 5, 31-32)

En revoyant cette même histoire avec les yeux de Dieu, et surtout avec son coeur, nous comprenons beaucoup mieux sa générosité et même sa justice! Comme nous le rappelait le Seigneur dans la première lecture : « ... mes pensées ne sont pas vos pensées et mes chemins ne sont pas vos chemins ». (Is 55,8)

Les jeunes, lorsque vous venez à la catéchèse, c'est pour être en communion avec Jésus, écouter sa Parole, se laisser guider par Lui. Le rencontrer dans les sacrements dans le but d'être transformés par Lui et de parvenir justement à voir le monde, à voir les autres et à vous voir personnellement avec les yeux mêmes de Dieu, à entendre ce qu'Il entend (le cri des plus pauvres, les souffrances de plusieurs, les appels à l'aide, de personnes qui peuvent être très proches de vous) et à avoir un coeur comme le Sien afin de pouvoir aimer comme Lui nous aime. Vous pourrez alors mettre votre amour en action en étant au service de vos frères et soeurs et bâtir un monde meilleur tel que Dieu le veut.

De plus lorsque nous sommes en communion avec Jésus, on se sent bien, ça nous fait chaud au coeur.

Est-ce possible pour vous d'y parvenir? Bien sûr que oui, des amis de Jésus depuis 2000 ans y sont parvenus. Prenons par exemple le patron de notre église, saint François d'Assise.

Au début, il voyait le bonheur que dans le plaisir et les fêtes avec ses amis; par la suite, dans le fait d'aller à la guerre pour être célèbre ou en faisant beaucoup d'argent comme son père. Mais un jour, l'esprit de Dieu l'a touché. En voyant Jésus sur la croix (le crucifix de Saint-Damien), en écoutant la Parole de Jésus dans les Évangiles et en voyant des témoins de charité, il a suivi comme des rencontres de catéchèse qui l'ont profondément transformé. Il a d'abord vu toute la beauté de la nature (le soleil, la lune et les étoiles, les animaux, les oiseaux et les fleurs) avec les yeux de Dieu qui a tout créé. Il a entendu le cri des pauvres, des lépreux, des malades, des enfants abandonnés comme Dieu les entendait. Et il a aimé Comme Dieu nous aime : en se donnant entièrement aux plus pauvres, en faisant connaître Jésus comme notre meilleur ami (notre guide, notre Sauveur) et en se mettant au service de l'Église qui avait grand besoin de lui. François rayonnait tellement de bonheur et de joie que ses amis ont voulu devenir comme lui. Et depuis 800 ans, des milliers d'hommes et de femmes à travers le monde suivent toujours les pas de saint François (ici même à Sherbrooke ou à Montréal, pensons au Père Pops qui oeuvre toujours auprès des sans-abris et des jeunes démunis de la ville!).

Saint François d'Assise a été transformé par Jésus comme bien d'autres : par exemple, saint Paul qui, dans la deuxième lecture, nous parlait de l'importance du Christ dans sa vie, de Mère Teresa, du frère André... etc. Nous aussi nous pouvons, comme eux, être transformés par ce même Jésus. Avec l'aide de vos catéchètes, le soutien de vos parents et les prières de toute la communauté, vous parviendrez vous aussi à rencontrer Jésus afin de voir comme Dieu, d'entendre comme Lui et surtout d'aimer comme Lui seul nous aime!

<<  | index des homélies |  >>