HOMÉLIE DU 24 FÉVRIER 2008
Carême III

ÉGLISE LE-SACRÉ-COEUR-DE-JÉSUS
East-Broughton, Québec

Homélistes :
Nelson Audet, prêtre
Paolo Maheux, prêtre

Exode (17, 3-7)
Saint Jean (4, 5-42)

Si tu savais le Don de Dieu... voilà la question percutante que le Seigneur adresse à la Samaritaine et qu'Il nous adresse aussi à chacun et chacune de nous. Si nous savions, si nous connaissions, si nous faisions l'expérience du Don de Dieu pour nous, notre vie en serait radicalement transformée comme le fut celle de la Samaritaine.

Bien sûr, dans une démarche de foi, nous n'avons jamais fini de découvrir la grandeur de ce Don que le Christ a déposé en nous au jour de notre baptême, ce Don que nous sommes invités à accueillir, à prendre en charge pour qu'il porte les fruits que le Seigneur en attend. Et quel est-il ce Don? C'est la Vie même de Dieu, c'est l'Amour de Dieu qui a été répandu en nos coeurs par le Don de l'Esprit et qui nous appelle à devenir sans cesse plus transparents pour que le Père puisse reconnaître en chacun et chacune de nous le visage de son Fils bien-aimé.

Avant de lui offrir le Don de Dieu, le Christ s'approche de la Samaritaine, dépassant les frontières et les préjugés de son époque, portant lui-même à la fois sa soif et sa fatigue, et il amorce la rencontre en lui exprimant son besoin, auquel elle est capable d'apporter une certaine réponse : « Donne-moi à boire! ». Elle avait ce qui était nécessaire autant pour puiser que pour recueillir cette eau qui désaltère et rafraîchit. Cette rencontre devient déterminante pour elle.

Comme Il l'a fait pour la Samaritaine, le Seigneur s'approche de chacun et de chacune de nous et Il nous exprime son besoin de ce que nous sommes en mesure de lui offrir, un peu comme il l'avait fait pour la multiplication des pains où à partir des 5 pains et des 2 poissons, il a nourri 5000 hommes sans compter les femmes et les enfants.

Qu'est-ce que le Christ m'invite à Lui offrir aujourd'hui? Quelle est sa soif quand Il vient vers moi? Que suis-je en mesure de Lui offrir pour le rafraîchir et le désaltérer? Mon désir de servir, ma pauvreté, mes talents, ma disponibilité.

Ce que le Christ m'offre aujourd'hui en ce Carême baptismal, c'est sa Grâce, sa Présence, sa Parole, le Souffle de son Esprit qui nous a rendu fils et filles de Dieu et qui nous rend capables de marcher à sa suite pour qu'avec Lui nous puissions transformer ce monde et façonner son Église.

Au contact du Christ, suite à cette rencontre déterminante pour elle, la Samaritaine est devenue témoin; elle a cru à celui qui se révélait à elle comme le Messie (« Je le suis, c'est moi qui te parle! ») Puis, elle est devenue messagère de la Bonne Nouvelle à travers sa pauvreté, sa situation particulière; elle est devenue comme un chemin qui a ouvert la voie à la rencontre des gens de son village avec le Christ, si bien que les gens diront : « Ce n'est plus à cause de ce que tu nous dis que nous croyons maintenant; nous l'avons entendu par nous-mêmes et nous savons que c'est vraiment Lui le Sauveur du monde! ».

Nous aussi, nous sommes appelés par le Christ à être chemins qui facilitent la rencontre du Christ avec tous ceux et celles vers qui nous sommes envoyés.

Puisse le Seigneur nous donner d'être transparents de sa Présence et d'être comme des aimants qui favorisent une rencontre avec Lui pour que la foi grandisse et que l'espérance devienne plus présente au coeur de nos communautés, de notre Unité, de notre Église et du monde.

Comme le Christ l'a fait pour la Samaritaine, le Christ nous questionne comme nous questionne la vie, comme nous questionnent nos enfants, notre vie amoureuse, nos engagements, notre Église, notre temps... et nous voilà obligés de puiser... puiser à ce que nous avons trouvé, à ce que nous sommes, à ce qu'Il nous offre, Lui, la Source.

Au carrefour où nous conduisent nos soifs,
autour même de ces puits de surface où s'épuisent nos gestes
pour une eau qui, malgré ses apparentes promesses, continue de fatiguer,
tu es là!
 
Tu nous questionnes comme nous questionne la vie...
Comme nous questionnent notre vie amoureuse,
nos engagements, notre Église, notre temps...
Et nous voilà obligé de puiser...
Puiser à ce que nous avons trouvé, à ce que nous sommes... Puiser...
 
Dans ce lieu inconfortable des demandes et des soifs de toutes sortes, naît un dialogue,
un chemin s'ouvre...
Jusqu'à la confidence, jusqu'au silence, jusqu'à la soif profonde...
Surprenante et audacieuse,
ta Parole ne se laisse pas enfermer par nos frontières, nos cloisons et nos jugements...
Elle ruisselle sans crainte des détours et des impasses de nos vies.
Pour que s'éveille en nous la Source jusqu'aux entrailles de nos terres et de notre histoire,
Tu descends...
 
Sacré est ce qui est à puiser.
 
Sans même savoir ce qu'il advint de ta soif première,
ta soif profonde est celle de nous abreuver de ce qui peut nous combler.
 
Désormais, nos soifs et nos manques aux multiples visages,
reconnus et compris jusqu'en leur profondeur,
sont habités par l'Appel à découvrir ce qui rassasie:
Tu donnes ta vie... jusqu'au jaillissement de la Source.
 
Comme Toi, dans l'inconfort de ces soifs multiples qui rythment nos jours,
vivre son essentielle soif en accueillant la Source qui se donne en Toi.
 
Puiser? Plonger? Pourquoi pas? Ta Source éveille la nôtre pour de nouvelles audaces!
Dans l'interpellation vivante que réveillent nos soifs,
entendre l'écho de notre soif la plus grande et faire de ce lieu d'indigence
l'espace de la foi, de notre élan, et de la joie!
 
Et jaillit la Source!

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