HOMÉLIE DU 10 FÉVRIER 2008
Carême I

SANCTUAIRE MARIE-REINE-DES-COEURS

Président de l'assemblée :
M. le Cardinal Jean-Claude Turcotte

Genèse (2, 7-9; 3, 1-7a)
Romains (8, 12-19)
Saint Matthieu (4, 1-11)

Chers amis,

Les récits des premiers rassemblements chrétiens qui ont suivi la mort et la résurrection de Jésus, nous racontent qu'après chaque Eucharistie, on ne manquait jamais de porter la sainte communion aux malades retenus à la maison. Les disciples avaient compris le rôle essentiel de l'Eucharistie pour tisser les liens à l'intérieur de leurs communautés.

Le Saint Père, dans son message pour la Journée mondiale des malades, nous le rappelle ainsi : « L'Eucharistie presse toute personne qui croit (au Christ) à se faire "pain rompu" pour les autres ». Le pape ajoute : « Il apparaît clairement que la pastorale de la santé doit puiser dans l'Eucharistie la force spirituelle et nécessaire pour secourir efficacement l'homme et l'aider à comprendre la valeur salvifique de sa souffrance ». L'Eucharistie est toujours un appel et un engagement au service des autres et principalement des plus souffrants. Aujourd'hui, elle nous invite à fixer ensemble notre regard, notre pensée et notre coeur sur Jésus au désert.

Le Carême dans lequel nous sommes entrés très tôt cette année s'adresse à tous les baptisés, quels que soient leur âge, leur situation, leur état de santé. L'Évangile de ce premier dimanche du Carême nous révèle que Jésus, après son baptême, resta quarante jours au désert et, durant ces quarante jours, il livra un grand combat : un combat spirituel, un combat contre les forces du mal, un combat contre le « démon ». Le démon – que le Nouveau Testament considère comme un être spirituel doté d'intelligence et de liberté, et en qui il reconnaît le « père du mensonge » – voulait détourner Jésus de sa mission. Jésus, lui, désirait y demeurer indéfectiblement fidèle. Il repoussa donc les tentations auxquelles il fut confronté : celle de changer des pierres en pain, celle de se jeter en bas du Temple, celle de se prosterner devant son tentateur. Il y parvint en se tournant vers son Père, en se mettant à son écoute et en se fiant pleinement à sa Parole. Durant son carême, Jésus a confirmé sa volonté de demeurer étroitement attaché à son Père, de l'aimer de tout son coeur, de tout âme, de toutes ses forces, et de lui être fidèle quoi qu'il arrive. Par la suite, il est allé prêcher partout dans son pays. Il a guéri des malades. Il a apporté le pardon aux pécheurs. Il a réintroduit dans la société des personnes qui en étaient exclues. Il s'est appliqué à ne faire que du bien. Il aurait dû être aimé de tous, mais ce ne fut pas le cas. Son message et sa manière de se comporter dérangeaient des gens, surtout les responsables de la religion juive. Ceux-ci se sont donc mis à le dénigrer et ont cherché à le liquider. On connaît la fin de l'histoire. Jésus a été mis à mort puis, trois jours plus tard, il a été ramené à la vie. Pour vivre un bon carême, nous devons prendre Jésus comme modèle. Comme il le fit, nous devons profiter de ce temps pour nous poser des questions de fond que nous ne nous posons pas assez souvent. Qu'est-ce que je fais dans la vie? Qu'est-ce que je fais de ma vie? Quelle sorte de chrétienne ou de chrétien suis-je devenu ou suis-je en train de devenir? Est-ce que je me laisse vraiment guider par l'Évangile de Jésus? Est-ce que je le fais en toute circonstance?

Le temps du carême est un temps privilégié pour nous tenir devant Dieu. Il est un temps favorable pour nous rapprocher de lui, nous mettre à son écoute, nous ouvrir à sa vie, à son pardon, à sa lumière. Il est un temps privilégié pour nous rappeler jusqu'à quel point Dieu nous aime et nous soutient aux heures de souffrance et d'épreuve. Le temps du carême est aussi un temps de préparation à la fête de Pâques qui célèbre la victoire de l'amour et de la vie sur la mort. Rien de mieux qu'un bon carême pour se disposer à accueillir en soi la joie de Dieu qui jaillit du mystère de Pâques et célébrer la fête la plus importante de notre foi. Le temps du Carême, a écrit le Père Paul Valadier, jésuite, « est un temps de la vie chrétienne de plus grande intensité, une montée vers Pâques, un chemin vers une vie ressuscitée ». Une vie ressuscitée: une vie vécue dans la foi, dans l'espérance et dans l'amour. Une vie bien ancrée sur terre et toute orientée vers le ciel. Une vie qui mérite vraiment d'être vécue.

Chers amis, durant tout le carême de cette année, prions sincèrement les uns pour les autres, soutenons-nous spirituellement. Pensons à porter une attention toute spéciale aux nombreux malades qui ont besoin de notre aide et de notre réconfort. Que Dieu nous donne de grandir spirituellement ensemble afin de mieux répondre à ce qu'il attend de nous. Il est notre Père; nous sommes ses enfants. Que toute gloire et toute louange lui soient rendues dès maintenant et pour les siècles des siècles.

Amen.

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