HOMÉLIE DU 30 DÉCEMBRE 2007 COLLÉGIALE SAINT-JEAN-BAPTISTE Homéliste :
Ben Sirac le Sage (3, 1-6.12-14) Dieu déroutant Déjà, avec les bergers, cela ne faisait pas très sérieux! Oui, nous dire que ce sont des parias, des malpropres (au propre comme au figuré!) qui ont été les premiers à accueillir le Messie... Bon! Mais voilà qu'on a semblé comme « en rajouter » avec cette curieuse histoire des mages. En clair, après les parias, voilà les étrangers comme premiers témoins de la vie de famille de Jésus. Ah! Elle est belle la première compagnie de Jésus! Et voilà que l'histoire se poursuit avec une fuite familiale, qui comme toute fuite, n'a rien, apparemment, de très honorable. Ainsi commence l'Évangile de Matthieu! Matthieu, quand il raconte les « événements », plusieurs dizaines d'années après, a de quoi comprendre. Il a en effet suivi Jésus tout au long de son périple missionnaire sur les routes de Palestine. Il sait que, bien des fois, des étrangers et des païens, des enfants et autres petits, des pauvres et des exilés se sont montrés bien plus perspicaces pour reconnaître la vérité proclamée par Jésus, jusque dans sa personne même. Et Jésus a plus d'une fois manifesté audacieusement son admiration devant une telle foi. Lui Matthieu, l'évangéliste, ne joue pas au fier. Et il n'en rajoute pas. Il ne sait pas grand-chose des mages. D'ailleurs, il n'en compte pas trois. D'ailleurs, il ne dit pas qu'ils sont rois. Il n'en sait rien. Il ne sait rien non plus de ce qui s'est passé en Égypte. En revanche... Il sait que Marie et Joseph, comme ces bergers et ces mages sont des chercheurs de vérité, les yeux tournés vers l'Enfant plus que vers eux-mêmes, humblement. Il sait qu'ils sont en quête d'accomplissement de la Parole prophétique. Les uns et les autres sont des chercheurs! Il sait aussi que les bergers, comme les mages, comme Joseph et Marie sont de ceux qui n'hésitent pas à se mettre en chemin, à quitter leur chez-soi pour découvrir plus grands qu'eux-mêmes. Les uns et les autres sont des marcheurs! Il sait enfin que ce sont des hommes, modestement à leur place, qui ont revêtu leur coeur de tendresse, d'humilité, de douceur, de patience par amour. Les uns et les autres sont des amoureux! Des femmes et des hommes qui cherchent, qui marchent, qui aiment. Oh! si seulement ils nous faisaient envie ces premiers témoins de la Bonne Nouvelle! Sainte Famille! S'ils nous donnaient le désir d'être plus encore des proches... d'être de la famille! Quelle belle manière de terminer cette année 2007 en devenant à notre tour un peu plus mendiant de Dieu, quêteurs de signes, pèlerins d'amour. Avec eux comprenons que notre Dieu se laisse chercher et se laisse trouver par celles et ceux qui sont suffisamment dépossédés de leurs richesses... à commencer par les connaissances qu'ils croient détenir sur Dieu lui-même. Il y a plus de deux mille ans nos aînés dans la foi ont eu bien du mal à reconnaître Dieu déroutant, Dieu qui se révèle comme un petit dans une étable. Et ce sont des bergers sans belles réputations, des étrangers sans certificat de baptême, des parents exilés sans gloire qui ont été les premiers à le reconnaître. Aujourd'hui, laissons-nous dérouter par Dieu, laissons-lui un peu de place en notre coeur pour qu'il puisse nous inviter à un changement de route, quitte, après avoir fait le point sur cette année écoulée, à accepter, nous aussi, de reprendre la route par un autre chemin. Et ne faisons pas la mauvaise tête si ce sont des petits et des sans-grades, ceux là-mêmes que nous côtoyons bien ou mal chaque jour, qui nous précèdent souvent sur cette route, qui nous font signe, qui peuvent être des étoiles que Dieu nous donne. Merci Seigneur pour cette année qui s'achève et pour celle qui s'ouvre. Mais s'il te plaît, fais-nous la grâce de ne pas être des nostalgiques, de ne pas nous braquer quand tes manières d'être avec nous nous surprennent, et même parfois nous font un peu peur. Donne-nous d'oser prendre la route de la vie avec confiance, parce que ta Parole, accueillie en Église, au plus secret de notre coeur nous y encourage. Merci pour cette invitation renouvelée à être de ta famille! << | index des homélies | >> |
