HOMÉLIE DU 22 JUILLET 2007
16e dimanche du temps ordinaire

PAROISSE SAINTE-MADELEINE
Havre-aux-Maisons, Îles de la Madeleine

Président de l'assemblée :
Mario Doyle, C.Ss.R.

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Genèse (18, 1-10a)
Colossiens (1,24-38)
Saint Luc (10, 38-42)

Les textes de ce jour mettent en valeur beaucoup l'accueil. Et nous savons que la réputation d'accueil des gens des Îles de la Madeleine est bien connue. Celle des sémites au temps d'Abraham l'est encore plus.

Ainsi, lorsque le Père des croyants, Abraham, voit trois visiteurs à la porte de sa tente, il croit rencontrer le Seigneur. Et il dit : « Seigneur, si j'ai pu trouver grâce à tes yeux, ne passe pas sans t'arrêter près de ton serviteur. » Bien, aux Îles il ne faut plus faire que s'arrêter, il faut vraiment venir.

Mais tout de même, ça me rappelle ce fait survenu dans une famille, de la visite qui arrivait de Montréal, d'autres d'ailleurs... Nous le savons, l'été est propice à revoir de la parenté qui revient vers ce petit coin de terre perdu en plein milieu de l'Atlantique. D'autres en ont entendu parler, et viennent voir. À la vue de ces pèlerins, dans nos maisons, il me semble entendre un père de famille dire : « La mère, y reste-tu du bouilli à viande salée ou bien donc un pâté à viande, de reste? » Et la mère de rétorquer : « Ben demande-leur donc, tout d'un coup qu'ils sont allergiques, j'oserais peut-être leur proposer un club de homard ou bien donc une chaudrée de palourde, demande-leur donc. » Peu importe le choix qui va être fait, on sait qu'ils vont bien se régaler. Les fins gourmets, quant à eux, auront droit à du pied-de-vent ou que sais-je encore. Tout le monde va profiter de ce bon temps.

Certains diraient : « Mon Dieu que ça fait donc du bien de rencontrer du monde de même. » Et ça dira la bonté des gens des îles. Un peu comme ces visiteurs qui disent à Abraham : « Nous viendrons l'an prochain, puis Sarah aura un enfant. » Et bien les gens reviennent aux îles et c'est comme ça que nos îles sont peuplées pas juste de ceux qui y demeurent, mais d'autres qui s'ajoutent avec les décennies, qui épousent notre condition insulaire. La beauté certes de nos paysages, la chaleur des gens, contribuent à faire de nos îles un petit coin de paradis, un vrai trésor, au beau milieu du golfe.

Mais le plus précieux trésor, ce que nous avons de plus beau, de plus cher, se fait particulièrement sentir dans ces propos que Paul dit aux Colossiens que je nous redis. Dieu a bien voulu leur faire connaître en quoi consiste, au milieu des nations païennes, la gloire sans prix de ce mystère. Et c'est le Christ au milieu de nous. C'est lui notre espérance. Le vrai trésor, il se trouve quand justement la communauté est rassemblée dans la foi au nom de Jésus.

Et ce trésor, il n'est pas en reste pour les gens des îles, j'oserais dire que chaque baptisé qui prend la peine de se rassembler avec d'autres baptisés, a accès à ce trésor. Puis ma foi, peut-être qu'en passant par les îles, côtoyant une communauté chrétienne vivante, ça leur rappellera cela aussi. Il est lui le vrai trésor.

On dit bien qu'un madelinot peut sortir des îles mais on ne sortira pas les îles d'un madelinot. Une façon de dire que quand le Christ est dans la vie de quelqu'un, il est là pour longtemps, il est là pour toujours. On a beau être dans un village global, les gens vont trouver que c'est peut-être difficile à certains moments, tout le monde se cherche, l'humanité est en quête d'identité. On a le privilège d'être dans un lieu insulaire et nous savons que lorsqu'un bateau part du rivage, la meilleure façon de se guider, c'est de savoir d'où il vient, pour savoir où il va. Et c'est peut-être pour ça que les gens reviennent aux îles, particulièrement les madelinots, pour se rappeler d'où ils viennent.

Le baptême, voilà le rappel d'où nous sommes partis. Si nous voulons savoir vraiment où aller, rappelons-nous d'où nous venons ou plutôt qui nous habite. C'est ce Seigneur Jésus que Marthe et Marie vont rencontrer. Jésus les fréquentait, à Bétheny, non loin de Jérusalem. C'était leur ami. Et lors d'une de ses visites, Jésus dira : « Marthe, Marthe, tu t'inquiètes pour beaucoup de choses, Marie a choisi la meilleure part, c'est d'être en ma présence, Jésus. » Une manière de nous inviter à prendre le temps pour chaque chose. Mieux encore à prendre le temps pour nous-mêmes, nos relations les uns envers les autres. C'est là que se trouve le trésor.

Nous le savons, nous vivons dans un monde où tout va si vite. C'est exigeant de prendre le temps pour soi ou pour quelqu'un d'autre et il peut y avoir le risque de ne pas recevoir que des bons mots, on pourrait aussi nous larguer. Mais franchement, y a-t-il un seul être humain qui peut se priver d'être aimé par au moins une personne? Prenons le temps de nos relations avec les autres. Et Jésus ne perd jamais ça de vue. Peut-être parce que justement, lui, il est toujours en relation avec le Père et il nous révèle comment rester connecté, droit dans les yeux... et c'est la personne qui se trouve souvent le plus proche de nous, notre conjoint, nos enfants, nos amis, la parenté élargie, les collègues de travail, ou qui sait, le visiteur qui s'annonce à la dernière minute. Si Dieu était là! C'est ce que nous allons faire maintenant à l'eucharistie. Jésus s'est fait proche de nous, lui le fils de Dieu qu'il était, il est descendu, il va redescendre encore. Puissions-nous profiter de son approche pour être proche du Père. Il va nous conduire jusqu'à lui, nous mettre en relation avec l'éternel.

Je vous propose dès maintenant de lui manifester que nous voulons marcher avec lui, nous voulons découvrir le trésor qu'il est. Je vous invite à vous lever et alors qu'on est quand même des vases d'argile, on tient un trésor au-dedans de nous, c'est le trésor de notre foi, notre baptême. Fiers de cette présence qui se trouve en nous, disons ce que nous avons en commun, nous sommes la même famille des chrétiens. Nous allons dire Dieu en trois personnes, disons-le avec je dirais la fierté qui est la nôtre, redisons les mots de notre foi.

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