HOMÉLIE DU 6 MAI 2007
Pâques 5

ÉGLISE SACRÉ-COEUR-DE-JÉSUS
Rivière-Verte, Nouveau-Brunswick

Président de l'assemblée :
Joseph Numbi Phaku Mavambu, prêtre

 |> vidéo <|

Actes (14, 21b-27)
Apocalypse (21,1-5a)
Saint Jean (13, 31-33a.34-35)

Aimer, une exigence permanente et toujours nouvelle.

Le temps pascal est un moment propice que l'église, notre mère, nous accorde pour revivre le témoignage de saint Jean, le disciple que Jésus aimait, l'auteur du quatrième évangile. Dans l'extrait de ce dimanche, il nous livre le testament ultime de Jésus, présenté à ses disciples, au dernier repas qu'il a pris avec eux peu avant sa passion. Ce testament contient d'une part sa glorification, et le commandement nouveau : celui de l'amour mutuel, de l'autre.

Jésus tire sa gloire de son Père. Aussi pouvons-nous dire que la gloire de Dieu est tout entière présente en lui.

Annoncée depuis l'Ancien Testament par les prophètes, elle se concrétise tout au long de la vie de Jésus. - À l'Annonciation, la venue de l'Esprit Saint sur Marie évoque la descente de la gloire de Dieu dans le sanctuaire de l'Ancien Testament. (Lc 1, 35) À la nativité, «la gloire du Seigneur» enveloppe les bergers de sa clarté. (Lc 2, 9s) Cette gloire transparaît à son baptême et à sa transfiguration (Lc 9, 32.35) dans ses miracles, ses enseignements, la sainteté éminente de sa vie, sa mort, et atteint son point culminant dans sa résurrection. Comme le témoigne saint Paul, les signes qui l'accompagnent révèlent dans le crucifié même «le Seigneur de gloire». (I Co 2,8)

Saint Jean est plus explicite encore. Dans le prologue de son évangile, il nous présente Jésus, parole de Dieu, qui a pris notre condition humaine.

En lui habite et se révèle la gloire de Dieu. (Jn 1, 14.18) Celle-ci se manifeste dès le premier signe, aux noces de Cana. (Jn 2,11) Elle apparaît dans son unité avec le Père qui l'envoie. (Jn 10,30)

Ses oeuvres sont les oeuvres du Père, qui, dans le Fils, les accomplit (Jn 14, 10) et y révèle sa gloire (Jn 11,40), lumière et vie pour le monde. Cette gloire resplendit par-dessus tout dans la Passion.

Jésus se consacre à sa mort en toute lucidité par obéissance à son Père et pour la gloire de son nom. Il fait libre don de sa vie par amour pour nous.

Par sa Résurrection et son Ascension, le Christ est déjà entré dans la gloire divine, que le Père dans son amour, lui a «donnée avant la création du monde» (Jn 17,24) et qui lui appartient comme Fils à l'égal du Père. La manifestation plénière de sa gloire aura lieu à la parousie (son retour glorieux, à la fin des temps). Telle est sa gloire qu'il dévoila à ses disciples à quelques heures de sa mort.

La glorification du Christ s'achève en nous croyants, femmes et hommes, de toutes les races et nations du monde. C'est encore en nous que le sacrifice de Jésus doit porter son fruit à la gloire du Père et du Fils, comme le grain de blé tombé en terre (Jn 12, 24). Ainsi conduits par l'Esprit Saint, nous entrons dans la connaissance et la possession des richesses du Christ, pour en être les reflets dans notre vie quotidienne.

À entendre ce message, nous avons parfois tendance à dire : «Tu nous l'as déjà dit... Nous en avons marre... tu nous répètes tout le temps la même chose... le commandement "d'aimer son prochain comme soi-même" se trouve déjà dans le livre du Lévitique... les musiciens le chantent à tout bout de champ...»

Alors comment comprendre cette nouveauté dont parle Jésus?

Toute la loi nouvelle révélée en Jésus se vit sous le signe de l'amour de l'autre. Mais qu'est-ce que aimer à la manière du Christ. C'est en regardant Jésus que nous saurons comment aimer. Sa vie elle-même est la mise en pratique de sa parole. Et cette dernière va au-delà de ce que, humainement, nous pouvons faire. Il nous dit de pardonner sans mettre aucune limite. Il nous recommande d'aimer nos ennemis et de prier pour nos persécuteurs. Il a lui-même demandé le pardon pour ses bourreaux, preuve d'un amour qui va jusqu'au bout. Oui, la manière de Jésus de nous aimer dépasse notre manière à nous d'aimer. En ce sens, l'amour qu'il nous invite à vivre entre nous est bel et bien nouveau.

Chose pas facile, disons-nous. Voilà pourquoi Jésus lui-même nous donne la clef :

«Comme je vous ai aimés, aimez-vous les uns les autres.» Aimer à la manière du Christ c'est dépasser tout sentiment, et voir en l'autre personne un enfant bien-aimé de Dieu.

C'est accepter l'autre tel qu'il est, sans préjugé, ni jugement. C'est lui permettre de progresser. C'est lui accorder la chance de donner le meilleur de lui-même (d'elle-même) et de se réaliser dans ses droits.

Parce que Jésus nous aime, puissions-nous à notre tour, nous laisser aimer, comme un enfant dans les bras de sa maman et de son papa. Ainsi, nous pourrons, au fil des temps, apprendre à nous aimer comme Jésus nous aime.

De façon toujours nouvelle, allons vers le Christ, il a les paroles de la vie éternelle.

 |> vidéo <|


<<  | index des homélies |  >>