HOMÉLIE DU 22 AVRIL 2007
Pâques 3

CHAPELLE NOTRE-DAME-DU ROSAIRE
Citadelle de Québec

Président de l'assemblée :
Mgr Donald Thériault, évêque

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Actes (5, 27b-32.40b-41)
Apocalypse (5,11-14)
Saint Jean (21, 1-19)

Il n'y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ses amis (Jean 15:13). Ce passage de l'Évangile s'associe bien à l'événement qui nous rassemble aujourd'hui, celui de reconnaître le sacrifice de tous ces Canadiens qui ont laissé leur vie lors de la prise de crête de Vimy et dont nous célébrons le 90e anniversaire. C'est une opportunité de saisir l'importance de leur geste et de découvrir à quel point ils ont tenu à coeur d'accomplir cette mission qui leur a été confiée. Il est certain qu'ils l'ont accomplie avec un esprit de dépassement et d'amour. L'Évangile d'aujourd'hui nous permet de bien saisir ce sacrifice d'amour avec la rencontre entre Pierre et Jésus ressuscité.

Pierre était un homme passionné et avait un profond désir de justice. Il était témoin de tant de misère autour de lui et il se sentait totalement impuissant en face de cette dure réalité. Il était de cette lignée de gens qui espéraient un Sauveur qui régnera afin de rétablir l'ordre en ce monde imparfait. Ce sauveur était Jésus, celui dont Jean le Baptiste reconnaît et se déclare n'être pas assez digne de détacher la courroie de ses sandales (Mathieu 3:11). Pierre a été l'un des premiers à le suivre. Il fut témoin de ses oeuvres et ses paroles qui suscitaient tant d'espérance pour ces gens dont l'avenir était plutôt sombre. Il ne s'attendait pas en effet que cette personne – s'étant donné corps et âme pour accueillir les malades, les plus démunis et, encore plus important, pour annoncer la venue d'un Royaume de Dieu – sera vaincu et crucifié. Cette mort l'a complètement ébranlé.

Soudainement, cette apparition de Jésus a totalement transformé son coeur. Lors de cette rencontre, une seule question primait pour Jésus. Elle revêtait une telle importance, qu'il lui a posée trois fois : « Pierre, m'aimes-tu? ». Et c'est alors que Pierre lui a répondu attristé, mais en toute sincérité « Seigneur, tu sais tout : tu sais bien que je t'aime. » De cette question s'exprime l'expérience de la rencontre qui transcende toutes causes pour y retrouver l'essence de l'être « l'amour ». Comme il est si bien exprimé dans l'hymne à l'amour de la première épître aux Corinthiens « Sans l'amour, (...) je ne suis rien, (...) tout ne me sert à rien (...) car l'amour est éternel » (1 Corinthiens 13). Par cet assentiment, Pierre était donc prêt à accepter cette mission que Jésus lui a confiée : « Sois le berger de mes brebis ». Cette transformation intérieure lui a permis d'aller à la suite de Jésus pour révéler l'amour de Dieu à tous ceux qui croiseront son chemin. La croix du crucifié est devenue pour Pierre la croix de l'amour éternel. Elle appartient à tous ceux et celles qui accueillent cette rencontre de Dieu avec foi, espérance et amour. C'est la mission de l'Église.

Nous irons au pied de la croix de Vimy après cette célébration afin de prier pour ceux qui ont combattu et donné leur vie pour que nous puissions tous vivre au sein d'un monde meilleur. Il convient de reconnaître que nos compagnons d'armes, en combattant pour reconquérir la crête de Vimy, ont eu à vivre beaucoup d'inquiétudes avant l'attaque. Ils devaient inévitablement penser à ceux qui leur étaient chers, leurs épouses, enfants, parents et amis. Ils savaient aussi que certains d'entre eux ne reviendraient pas. Mais ils comprenaient l'importance de cette mission et ils acceptaient le prix que certains auraient à payer. Cette croix symbolise leurs souffrances vécues au sein de ce monde, mais elle représente aussi l'amour éternel révélé en Jésus-Christ et promis à tout personne de bonne volonté.

Nous sommes interpellés, tout comme Pierre, à accepter cette relation d'amour avec Dieu et notre prochain. Elle permet de réaliser que, malgré toutes les crises qui surgissent en ce monde, ce n'est pas en vain que de croire que l'on peut vivre au sein d'un monde meilleur, sur une terre propice à l'amour véritable, dans un esprit de solidarité et d'amour les uns envers les autres. Les membres des Forces canadiennes sont appelés, quant à eux, à servir présentement en Afghanistan pour défendre ces grands principes que sont la justice et la liberté et qui sont si chers à tous. Comme nous l'avons vu encore tout récemment, certains de nos soldats ont offert le sacrifice de leur vie lors de cette mission périlleuse. Au cours de cette eucharistie, confions-les au Seigneur dans notre prière. Par ailleurs, il importe aussi de veiller à ce que ce message chrétien, qu'est l'amour de Dieu pour son peuple, reste vivant en chacun de nous, pour que toute personne puisse vivre dans un monde meilleur.

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