HOMÉLIE DU 17 DÉCEMBRE 2006
Avent III

PAROISSE SAINTE-MARGUERITE-D'YOUVILLE
Châteauguay (Québec)

Président de l'assemblée:
Gaëtan Daoust, prêtre
 
Homéliste:
Richard Wallot, prêtre

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Sophonie (3, 14-18a)
Cantique d'Isaïe (12, 2-6)
Philippiens (4, 4-7)
Saint Luc (10-18)

«Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur, laissez-moi vous le redire: soyez dans la joie. Le Seigneur est proche...»

Aujourd'hui, la joie nous est offerte. Nous entrons déjà dans le mystère de Noël! Car le Seigneur est proche, il est déjà là au milieu de nous...

À chaque Eucharistie, Jésus ressuscité est là pour «préparer avec nous un monde nouveau», comme le suggère notre thème de l'Avent. Oui, il est tout proche, il est source de joie, de paix et d'amour. «Le Seigneur ton Dieu est en toi: il aura en toi sa joie!»

La joie n'est-elle pas «le premier et le dernier mot de l'Évangile» comme disait le grand écrivain chrétien Paul Claudel? «Soyez dans la joie, le Seigneur est proche» nous dit saint Paul: toute la foi chrétienne est résumée dans ces quelques mots! Cette joie est une source de grande sérénité, même au coeur de nos détresses. «Si Dieu est pour nous, qui sera contre nous?»

Le prophète Sophonie va même jusqu'à dire, aujourd'hui, que cette joie fait «danser» Dieu pour nous «avec des cris de joie». Avez-vous déjà imaginé Dieu danser et crier devant vous? En nous racontant la Bible, autrefois, on n'osait pas trop insister pour dire que le roi David avait dansé devant l'Arche d'Alliance!

La Bible nous dit aussi que la Sagesse de Dieu jouait devant lui lorsqu'il créa l'univers. Oui, Dieu joue et danse! Il est comme un fiancé, amoureux fou, devant l'épouse promise.
Comme Joseph a dû danser à ses noces avec Marie!
Comme Marie a dû danser de joie avec Élizabeth en chantant son Magnificat! Comme Jésus a dû danser avec Zachée, après que celui-ci eût décidé de changer de vie!...

Les Juifs, d'ailleurs aiment danser, surtout aux grande fêtes, danser comme un peuple heureux de son Dieu. Cessons d'imaginer Dieu comme un vieillard sévère, assis sur son nuage: c'est pour nous qu'il danse ce matin, comme un jeune fiancé: «Le Seigneur est proche! Soyez dans la joie!»...

J'ai connu un prêtre qui dansait. Jacques Dubuc était un prêtre de notre diocèse qui aimait danser la vie, avec ses passions et ses émotions, ses joies et ses détresses. Il aimait danser sa joie avec les jeunes et il a dépoussiéré nos liturgies trop solennelles et figées. Jacques a osé danser devant le Pape Jean-Paul II, à Montréal, en 1984, et cela a changé le visage des célébrations des Journées mondiales de la Jeunesse qui ont suivi. Jacques était une sorte de prophète, malheureusement décédé prématurément... Comme Jean Baptiste, comme Sophonie: des empêcheurs de ronfler en priant, des dérangeurs de l'ordre établi, des possédés de l'Esprit de Dieu...

Et vous? Aimez-vous danser? Vous arrive-t-il de danser votre goût de vivre? Vous arrive-t-il de chanter votre joie de croire? Peut-être que les jeunes nous croiraient davantage si nous, les aînés, étions moins empesés et renfrognés dans notre foi! Bien sûr, vient un âge ou bien des événements où, malheureusement, les jambes ou le coeur nous manquent... mais on peut toujours danser dans sa tête et dans son coeur: c'est un peu ce que veulent dire les expressions bibliques: «exulter, tressaillir de joie, être dans l'allégresse»... «Soyez dans la joie: le Seigneur est proche!»

La foi est joyeuse et sereine, la foi ne s'inquiète de rien. Elle vit dans la confiance car «votre Père céleste, dit Jésus, sait ce dont vous avez besoin. Ne vous faites donc pas tant de souci au sujet de ce que vous allez manger» à Noël ou de «ce dont vous allez vous vêtir» au Jour de l'An! La foi est sereine et apaisante, car elle repose sur l'accueil et le partage des dons de Dieu. Une foi triste cesse d'être une Bonne Nouvelle...

La joie, c'est aussi de l'espérance en action. «Que devons-nous faire?» demandent les foules à Jean Baptiste: oui, la joie naît de ce que l'on fait. La joie ne craint pas l'effort: comme le violoniste doit accorder ses cordes et travailler fort pour sonner juste, ainsi il y a de la joie à ajuster sa vie à ce que Dieu attend de nous. La joie est souvent la récompense de durs combats. C'est au lendemain d'un terrible accident dont il est sorti indemne que Jean Ferrat a pu chanter Que c'est beau la vie!: on apprécie vraiment que ce que l'on a gagné de chaude lutte ou ce qu'on a failli perdre!

Voyez: celui qui nous propose la joie ce matin, c'est l'apôtre Paul: il est prisonnier, condamné à mort, abandonné de tous ses proches. Et pourtant, il est joyeux, débordant de tendresse. Il a connu l'échec, mais il sait que, quelque part en Grèce, à Philippes, une petite communauté qu'il a fondée, fraternelle, dévouée, charitable se développe, et elle rayonne malgré les persécutions. Il sait que le Seigneur travaille avec elle. Paul peut partir en paix.

Même Jean Baptiste nous dit l'évangile est, malgré sa sévérité apparente, un porteur de Bonne Nouvelle: il est rempli de joie! La joie, d'abord, de voir ces foules, ces publicains exploiteurs et ces durs soldats se laisser saisir par la Bonne Nouvelle. Jean était une sorte de Michel Chartrand, un homme de feu, un croyant tout d'une pièce, défenseur du petit monde et des exploiteurs, pourfendeur des hypocrites. Il y a de la joie à combattre l'injustice.

L'évangile d'aujourd'hui se termine en disant que «par ces exhortations et bien d'autres encore, Jean Baptiste annonçait au peuple la Bonne Nouvelle.» Jean Baptiste, c'était comme «l'Ami de l'Époux», un homme heureux d'avoir préparé pour Jésus un peuple «en attente», qui serait comme une «Épouse toute belle, parée pour son Époux». Lui aussi, comme saint Paul, a tenu bon en prison, jusqu'à la mort: annoncer la Bonne Nouvelle et envoyer ses disciples à Jésus avaient comblé son coeur. Nous aussi, nous pouvons connaître la joie, malgré tout ce qui pourrait nous emprisonner...

Ici, à Châteauguay, c'est une belle expérience de joie partagée que vous allez vivre avec la distribution, cette semaine, des paniers de Noël. Quelle joie, quels pleurs de joie dans les yeux de bien des gens! C'est aussi une joyeuse expérience que vous vivez, dans l'aventure de la nouvelle évangélisation des jeunes. Vous comptez d'ailleurs sur beaucoup de bénévoles pour animer la joie dans vos communautés: certains apportent la Bonne Nouvelle aux malades et aux aînés, d'autres apportent la Bonne Nouvelle à ceux qui sont prisonniers de la maladie mentale mais qui se sentent accueillis et aimés fraternellement aux logements des Toits d'Émile. Vous accueillez aussi un futur prêtre dans votre communauté: quelle joie pour vous et pour lui dans cet accueil chaleureux envers lui, ce latino-américain, qui trouve en vous une famille d'adoption!

Oui, soyons donc dans la joie: le Seigneur est proche, parce que vous êtes proches de Lui, lui qui a faim, qui a soif, qui est malade ou en prison, dans le plus petit de ses frères.

Alors continuons par votre vie d'annoncer la Bonne Nouvelle joyeusement. N'ayons pas peur de chanter et de danser notre joie de vivre et de faire vivre notre joie de faire quelque chose de beau pour Dieu et pour les autres, comme disait la bienheureuse Mère Térésa. «Alors, la paix de Dieu, qui dépasse tout ce qu'on peut imaginer gardera votre coeur et votre intelligence dans le Christ Jésus.»

Prière

Jésus, joie du désir de mon coeur,
tu m'as donné de vivre, de respirer, d'aimer...
c'était assez pour moi...
mais tu as mis en moi ton Souffle divin
qui me fait danser de joie en ta présence...

Comme je suis heureux! Car tu es ma force:
des chemins s'ouvrent dans mon coeur,
parce que tu es proche, tu es là avec nous...
Jésus, notre joie!

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