HOMÉLIE DU 17 SEPTEMBRE 2006
24e dimanche du temps ordinaire

CATHÉDRALE SAINTE-THÉRÈSE D'AVILA
Amos (Québec)

Président de l'assemblée:
Mgr Eugène Tremblay, évêque

Isaïe (50, 5-9a)
Lettre de saint Jacques (2, 14-18)
Saint Marc (8, 27-35)

Vous vous rappelez, la première lecture nous a dit que Dieu était près de nous, qu'il ouvrait nos oreilles. Ensuite, saint Jacques a ajouté: «Ce n'est pas tout d'entendre la Parole... d'avoir la foi en cette proximité de Dieu, il faut agir, il faut que ça se disent dans des actes d'amour.» Maintenant, n'est-ce pas que saint Marc vient de nous transmettre l'enseignement sur le chemin que Jésus nous propose de suivre dans ce dialogue avec Pierre et les disciples? Voyons comment il nous fait cette proposition.

Il choisit un moment particulier; il fait route avec ses disciples vers les villages de la région de Césarée-de-Philippe. Des villages situés au Nord de la Galilée dans des lieux ouverts aux païens. C'est sans doute un moment propice pour faire découvrir lentement son identité, mais c'est au départ ambiguë pour les disciples. Ils se fient aux rumeurs et elles n'apporteront pas de réponse suffisante. Un Messie dit libérateur est attendu sans trop savoir de quelle libération il s'agit. Une chose est certaine, cette libération est vue comme très matérielle. Jésus ira plus loin dans son enseignement, il annonce une autre route, celle du Sud conduisant à Jérusalem.

À cet endroit, l'identité de Jésus sera beaucoup plus précise. C'est seulement en condition de crucifié que le Messie pourra être confessé comme Fils de Dieu. C'est d'ailleurs pour cela qu'il sera condamné à mort.

L'enseignement est devenu plus précis, et de ce projet ce que Pierre a de la difficulté à prendre, c'est que le secret messianique est étroitement lié à l'événement de la croix et de la résurrection. Ça deviendra le chemin pour la marche proposée à la suite de Jésus. Maintenant essayons d'appliquer cet enseignement à notre vie.

Pour moi qui est Jésus? Une rumeur transmise par mes ancêtres?

Pour moi Jésus m'indique-t-il le chemin de Jérusalem? Est-ce que j'accepte de le suivre avec ce que ça implique de souffrances, mais aussi avec cette espérance de vaincre le mal et la mort dans la résurrection? (Est-ce que mes actions ressemblent un tout petit peu à cette foi reçue gratuitement ou si je l'ai mise aux oubliettes?) Ce que le Seigneur me dit aujourd'hui, c'est comment est mis en oeuvre le dessein de Dieu. Sa souffrance dans sa marche vers Jérusalem prend le sens de la lutte contre le mal qui est la conséquence du péché. Quand Jésus a dit à Pierre: «Passe derrière moi Satan», il nous dit: Arrête de t'opposer à la passion comme voie messianique, arrête d'entrer dans la logique de Satan qui est mensongère, éloignée de la vérité. Ces vues humaines, trop humaines, centrées sur les seuls biens matériels, orientées dans une lutte pour le pouvoir, les plus pauvres ou à la construction d'une société qui tue pour garder sa place privilégiée tout en rejetant, vont à l'encontre des vues de Dieu. Oui, cette Parole d'évangile, c'est le scandale de la folie d'un Messie crucifié.

Ce matin, en essayant de définir «mon Jésus», je cherche ma voie, mon chemin pour être un peu plus son disciple.

Mes oreilles ouvertes m'ont peut-être fait entendre qu'il faudra d'abord renoncer à certaines notions sur moi-même qui m'ont fait prendre la place de Dieu, déterminant ce qui est bien, ce qui est mal. Il faudra ensuite découvrir jusqu'où doit aller ce renoncement. C'est le sens du «porter sa croix et suivre Jésus».

Demandons au Seigneur d'aligner nos pensées sur celles du projet de Dieu pour nous afin d'être de plus en plus en relation avec Jésus qui, par sa lutte contre le mal, nous rachète et nous apporte le vrai bonheur, même à travers la souffrance qui nous conduira à la résurrection comme elle l'a fait pour Jésus. Amen


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