Vibrer avec sa société
C’est une créatrice, une féministe, une femme qui aime les débats et qui veut sensibiliser les autres aux enjeux qui la préoccupent. Sa raison de vivre : embrasser la société qu’elle habite et parler des questions qui l’animent. Traiter de sujets cruciaux, Kim Lévesque-Lizotte l’a fait grâce à la série Les Simone, et elle récidive de façon admirable avec Avant le crash.
Un texte de Carmen Bourque
À l’émission L’autre midi à la table d’à côté, Kim Lévesque-Lizotte a abordé plusieurs sujets d’intérêt. Pierre-Yves McSween était son partenaire de discussion.
Avant le crash : de quoi est fait l’être humain?
La série Avant le crash, qu’elle coécrit avec le comédien Éric Bruneau, pose des questions importantes. Le monde de la finance qu’on y dépeint n’est finalement qu’un détour pour s’interroger sur notre société et sur les êtres qui s’y débattent.
J’accepte que je vis dans un monde patriarcal et capitaliste. […] Je ne suis pas une militante terrée dans son sous-sol. Je fais partie du système que je dénonce, mais j’ai besoin de parler de ça. Mon moteur, c’est vraiment de parler des enjeux sociaux. Et Avant le crash, c’est ça. C’est quoi notre valeur d’être humain? […] Pourquoi, cette course à la réussite sociale est si forte?
Ce besoin de parler de tout ce qui constitue notre société est viscéral pour Kim Lévesque-Lizotte.
Je veux faire partie intégrante de ma société, mais ce n’est pas une décision intellectuelle. C’est dans ma personnalité et c’est ma seule raison de vivre.
Faire face à l’intimidation
Depuis l’enfance, Kim exprime ses opinions et communique sa façon de voir le monde. Durant ses jeunes années, elle bricolait des affiches pour défendre les bélugas ou critiquer la cigarette. Mais à l’adolescence, sa forte personnalité ne l’a pas toujours rendue très populaire, et elle a vécu de l’intimidation.
Les femmes, chez nous, on a le droit de parler, on a le droit de parler plus fort que les hommes, on a le droit de couper la parole aux hommes, et ça faisait en sorte que je pouvais m’émanciper. Ce n’était pas grave. Mais là, tu arrives à l’adolescence, tu es une fille, tu parles fort et tu fais des jokes dans la classe? “Eille! pour qui tu te prends?”
Les photos de pénis non sollicitées
Pour mener à bien le documentaire Allô, voici mon pénis, présenté en 2021, l’autrice s’est intéressée aux dick pics (photos non sollicitées de pénis). Avant d’approfondir le sujet, Kim y voyait un geste d’agression et voulait le dénoncer. Cependant, ses recherches et ses rencontres avec des spécialistes lui ont appris que le dick pic était surtout le symptôme d’une expression de l’identité masculine. Une identité masculine qui est souvent définie par la taille et la performance du pénis.
On vit dans une société où la misogynie est encore très présente chez tous les sexes, chez tous les genres. La masculinité toxique, c’est quelque chose qui affecte autant des rapports homme à homme que des rapports hommes-femmes.
Convaincre sans humilier
Son expérience de féministe et de militante lui a appris à changer son approche pour gagner les autres aux causes qu’elle tente de défendre.
Un moment donné, tu apprends que quand tu rentres trop fort, ou quand tu culpabilises, ou quand tu shames les gens, y a quelque chose qui se referme, y a quelque chose qui se radicalise. […] J’me pogne avec mes parents, j’me pogne avec ma famille tout le temps, mais j’essaie de faire : “OK, mon oncle vient de dire ça. Ça se dit pu. Je peux lui en lancer une et l’humilier autour de la table, mais si je veux le sensibiliser, faut que je prenne un autre chemin.”
Kim Lévesque-Lizotte parle d’Avant le crash à L’autre midi à la table d’à côté :
Compléments :
- Les vidéos de L’autre midi à la table d’à côté avec Kim Lévesque-Lizotte et Pierre-Yves McSween
- Toutes les vidéos de L’autre midi à la table d’à côté
- Avant le crash : les entrevues
- Deuxième saison d'Avant le crash : une quinzaine de nouveaux personnages s'invitent
- « Je pense qu’on est dû pour une minirévolution sexuelle » – Kim Lévesque-Lizotte