Carmen Sylvestre : entre politique et magie, son cœur balance
Carmen Sylvestre nous parle de ses personnages de gouverneure Sylvestre de la Montérégie dans La Maison-Bleue et de Gripette dans Famille magique.
Un texte de Yohane Cassabois
Vous vous souvenez probablement du sourire malicieux et des mauvais coups de Carmen Sylvestre grimée en mamie vacharde dans Les détestables. Douze ans et de nombreux projets télévisuels, théâtraux et cinématographiques plus tard, on retrouve Carmen dans deux rôles aux antipodes, mais ô combien savoureux.
Dans La Maison-Bleue, elle incarne une femme de poigne, qui ne s’en laisse pas conter, et qui, aux dires des coscénaristes de la série, Daniel Savoie et François Avard, est « une croqueuse d’hommes; elle a eu des relations avec plusieurs hommes politiques importants, dont l’illustre René Lévesque! Même si elle s’est assagie au fil des années, c’est une femme dynamique qui en a encore dedans ».
Dans Famille magique, elle campe une grand-mère délirante à la chevelure magique. Une personne bienveillante et lumineuse qu’on aimerait avoir dans notre vie pour rire de tout et de rien. La comédienne Carmen Sylvestre nous parle de ses deux rôles actuels, qui nous confirment ses talents d’équilibriste!
– La Maison-Bleue et Famille magique sont deux séries qui font la part belle à la parodie. Avez-vous le champ libre pour improviser certains dialogues?
- Pas nécessairement, non; les textes sont tellement bien écrits. Peut-être un mot à l’occasion, lors des répétitions, mais avec l’accord des réalisateurs.
– Si vous invitiez la gouverneure de la Montérégie et Gripette à un souper de famille, en quels termes les présenteriez-vous?
Ohhhh! Des personnalités très hautes en couleur, si différentes et pourtant si semblables.
Deux femmes d’action qui osent. Deux grandes amoureuses. Gripette qui ferait tout pour sa famille, qui a un grand cœur; une joueuse de tours qui n’a pas de barrières, pas de frontières.
La gouverneure Sylvestre est une fonceuse, elle a fait sa place dans un monde d’hommes... même si elle en a croqué quelques-uns.
– Avez-vous un secret de plateau à nous raconter? Ou une anecdote à propos de vos complices?
Chutttt! Un secret, c’est un secret.
Des tours de magie du magicien Daniel Coutu. Chutttt! Des fous rires, car travailler avec les jeunes acteurs et actrices, c’est du bonbon. Travailler avec des actrices et acteurs chevronnés comme Guy Nadon, Anne Marie Cadieux et Geneviève Schmidt sur La Maison-Bleue et comme Luc Senay, Marie-Chantal Perron et Stéphane Crête sur Famille magique (pour ne nommer que ceux-là), c’est un cadeau!
– Dans La Maison-Bleue, la gouverneure Sylvestre a une carrière politique bien remplie. Si elle gérait un ministère dans le gouvernement québécois actuel, ce serait lequel? Et pourquoi?
La gouverneure Sylvestre, je la verrais bien s’occuper des Relations internationales et de la Francophonie. Elle a d’ailleurs établi des liens très serrés avec le président des États-Unis.
– La Maison-Bleue est réalisée par Ricardo Trogi. Elle s’inspire d’événements réels pour les transformer en enjeux politiques un peu absurdes. Est-ce que vous épluchez l’actualité pour coller à votre rôle ou vous vous laissez porter par le scénario?
Le scénario prime avant tout. Je me laisse porter, oui, par le scénario des auteurs François Avard et Daniel Savoie, et imaginez en plus être dirigée par Ricardo Trogi. Ces auteurs sont souvent à l’avant-garde de l’actualité et la réalité dépasse bien la fiction.
– Comment se passe une journée de tournage?
Les journées de tournage débutent souvent à 7 h, mais on doit arriver avant pour être prêt. Habillage, maquillage, coiffure (surtout pour Gripette dans Famille magique) : on devait compter au moins 1 heure 15 minutes. J’étais souvent la première comédienne arrivée sur le plateau, [selon] l’ordre des scènes, évidemment. Il y a la pose du micro. On tourne les scènes dans l’ordre ou dans le désordre, en fonction du lieu de tournage. L’équipe technique se prépare, on répète, tout se met en place et ça y est. Le mot du réalisateur... Un, deux, trois, action!
– Dans Famille magique, Gripette a des cheveux magiques. Si vous aviez un pouvoir, lequel ce serait?
J’aime bien le pouvoir de Gripette, toujours prête à rendre service et à fournir à son entourage tout ce dont il a besoin. C’est un trésor infini qu’elle a accumulé dans sa crinière.
J’y ajouterais bien le talent de guérisseuse : un petit câlin et fini la grosse peine, le gros bobo.
– Est-ce que vous déguiser en Gripette vous a permis de faire ressortir votre âme d’enfant? Qu'est-ce que vous aimeriez transmettre comme valeurs aux enfants et aux jeunes quand vous participez à une série jeunesse?
Le rôle de Gripette a été un merveilleux cadeau. Oui, j’ai toujours eu un cœur d’enfant. J’ai eu quatre enfants et j’ai tenu une garderie pendant 10 ans. J’aimais bien inventer des jeux et des histoires avec les enfants. Par exemple : faire parler le poulet quand on le lave et le prépare, faire chanter un céleri… On a eu une araignée dans une fenêtre à l’extérieur, on l’a gardée jusqu’à l’hiver, on l’avait baptisée Charlotte. J’ai joué aussi, dans la série Subito texto, une cuisinière qui ratait toutes ses recettes. Elle s’appelait Madame Café. Les enfants l’aimaient bien aussi.
Vous savez, les enfants nous en apprennent beaucoup. Nous, on n’a qu’à les aimer et à les respecter. Oui, l'amour et le respect! Vous devriez voir aller les jeunes acteurs et actrices sur les plateaux de tournage. Ils sont incroyables.
– Quelles scènes de La Maison-Bleue et de Famille magique vous ont particulièrement marquée?
Disons que dans La Maison-Bleue, les scènes de l’enlèvement sont très cocasses. Dans Famille magique, il y en a eu tellement : j’ai fait de la lutte, du parachute, etc. Mais le jour où Malire (Stéphane Crête) a lu l’avenir de Gripette dans sa mousse d’orteil était assez spécial.
– Vous avez joué dans plusieurs séries abordant des thèmes sociaux bouleversants, notamment Toute la vie, Six degrés, 30 vies et Je voudrais qu’on m’efface. Comment choisissez-vous vos rôles? Est-ce en fonction du scénario, de ce que va vivre votre personnage? Ou d’une envie de travailler avec une équipe en particulier?
C’est rare qu’un projet ne me parle pas… mais ça arrive. J’aime travailler, j’aime rencontrer de nouveaux réalisateurs et réalisatrices, et c’est la joie aussi quand ils veulent me ravoir. De nouvelles équipes, de nouveaux défis... J’avance, j’apprends toujours. On rêve tous d’un rôle plus important, mais j’ai la chance de jouer dans des comédies et des dramatiques. J’aime autant toucher les gens que les faire rire.
– Si vous pouviez voyager dans le temps, quels conseils donneriez-vous à la Carmen qui commence sa carrière de comédienne?
J’ai commencé ma carrière de comédienne à l’âge de 50 ans. J’ai osé. J’ai travaillé très fort. J’ai fait 10 productions autogérées en théâtre. J’ai suivi des cours privés, des formations, des ateliers. Je suis rentrée à l’UQAM [Université du Québec à Montréal] à 55 ans en création littéraire.
Je lui dirais :
Carmen, crois-y, va de l'avant, tu vas travailler fort. Tu as une place dans ce milieu que tu aimes. Tu as ta place. Des gens du milieu vont te faire confiance, des agences de casting, des réalisateurs, des réalisatrices, des auteurs, des autrices... Alors, continue d’apprendre, continue de te perfectionner, mais ose! Et surtout, ne lâche pas!
Voilà ce que je lui dirais et lui répéterais encore.
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