Secrets de scénariste : Jacques Davidts
En cette période où bien des gens passent plus de temps à la maison qu’auparavant, pandémie oblige, les séries télé sont quasiment devenues un service essentiel.
Si une grande partie des personnes passionnées du petit écran sont familières avec le format télévisuel, peu d’entre elles connaissent les rouages du métier de scénariste de séries télé. C’est dans cette optique que nous avons eu l’idée de lancer Secrets de scénariste
, des billets où vous pourrez en savoir davantage sur ce métier hors de l’ordinaire ainsi que sur la vision de ceux et celles qui le pratiquent.
Cette semaine, nous avons eu le privilège de piquer une jasette avec le scénariste Jacques Davidts, qui est notamment connu pour sa série de fiction à succès Les Parent. Durant ses 20 ans de carrière, il a aussi scénarisé le film Polytechnique, réalisé par Denis Villeneuve, et des épisodes des séries jeunesse Réal-IT et Réal-TV, en plus d’avoir travaillé sur des documentaires. Récemment, il a conceptualisé et écrit la première saison de la série Les mecs.
Voici le compte rendu de la discussion.
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D’où t’est venue la passion pour l’écriture et la scénarisation?
Ça a toujours été là. Je pense que, si je cherche une raison psychanalytique, je peux dire que ça me vient de mon père parce qu’il rêvait d’être écrivain quand il était jeune. J’ai toujours vécu en sachant qu’il avait eu cette envie, ce désir qu’il n’avait jamais assouvi. De plus, quand j’étais très jeune, je lisais énormément. Je crois avoir lu l’entièreté de ce qui se faisait en bandes dessinées avant l’âge de 12-13 ans. On venait de Belgique, et mes parents avaient apporté une quantité impressionnante de bandes dessinées. Durant mon enfance, j’avais déjà un grand intérêt pour la lecture, alors il y a sans doute eu une transition vers l’écriture qui s’est faite naturellement. C’est aussi ce que je préférais à l’école. À l’université, j’ai étudié en littérature en ne sachant pas trop ce que je voulais faire. J’ai ensuite eu une première carrière en publicité qui a duré 20 ans comme concepteur-rédacteur et directeur artistique. Je suis toujours resté là-dedans. Mais un jour, à 40 ans, je me suis dit : Eille, c’est pas de la pub que je veux faire. Je ne veux pas être la plume des bières Molson jusqu’à la fin de ma vie.
Du jour au lendemain, j’ai tout arrêté. Je me souviens, j’étais chez Cossette : je suis sorti d’une réunion, je suis allé voir mon patron et je lui ai dit que j’arrêtais. Je suis sorti le jour même et je me suis dit que j’allais être scénariste. C’est comme ça que tout a commencé.
Est-ce qu’il y a eu un élément déclencheur qui t’a mené à changer de carrière?
J’ai eu un faux cancer du poumon à 40 ans; mes enfants étaient vraiment jeunes. Je me suis fait enlever un bout de poumon et je pense que c’est à ce moment que je me suis dit que la vie pouvait arrêter n’importe quand et que j’allais faire quelque chose que j’aime vraiment plutôt que de perdre mon temps à faire un autre truc qui m’intéresse plus ou moins. C’est dans des moments comme celui-là que tu te demandes Est-ce que je fais ce que j’ai envie de faire?
Pourquoi est-ce qu’on ne fait pas ce qu’on a envie de faire? Je comprends qu’il y a des circonstances dans la vie, qu’il y a un principe de réalité qui existe. Je me dis toujours que c’est comme si j’avais été dans un écrasement d’avion et que je m’en étais sorti vivant.
Comment ta transition de la pub à la scénarisation s’est-elle réalisée?
Ça s’est fait sur deux ans. Ma blonde, Emmanuelle Beaugrand-Champagne, et moi avons un ami assez proche qui était producteur et chez qui on est allés souper, et il me racontait que sa boîte avait un pitch à faire pour Canal Famille qui voulait se repositionner pour devenir VRAK TV. La chaîne se cherchait une émission phare pour sa programmation et avait demandé à des maisons de production de lui faire des propositions pour une nouvelle émission. J’avais dit à mon copain, qui était aux Productions J, que je n’avais jamais écrit de scénario, mais que je pouvais lui donner un coup de main comme je savais très bien pitcher
. Après tout, j’avais 20 ans d’expérience en la matière après avoir travaillé en pub. En échange, je lui ai demandé de pouvoir écrire une quinzaine d’épisodes du projet. On a gagné le pitch et j’ai fait mes premiers pas dans le métier. Je ne savais pas trop ce que je faisais.
J’avais 40 ans, pas 20, alors je savais écrire et je connaissais la dramaturgie. Ça allait, mais tout ce qui est plus technique, le nombre de scènes, de personnages à inclure dans un épisode, je ne connaissais pas vraiment ça, mais je l’ai appris assez rapidement.
À partir de là, je n’ai jamais manqué de travail.
Comment une idée de série te vient-elle en tête? Est-ce un processus conscient ou plutôt aléatoire?
C’est très aléatoire. J’ai une règle : pour le cinéma, c’est sur commande; et pour la télé, ce sont mes histoires. Pour le grand écran, ça a commencé avec Polytechnique. Puis je viens de finir l’adaptation de Ru, le livre de Kim Thúy. On m’appelle pour savoir si ça m’intéresse, et si c’est le cas, j’embarque. Mes idées de projets pour la télévision, ça me vient naturellement. Systématiquement, il y a des moments où je me dis : Ah, ça, ça serait le fun, écrire là-dessus. Il y a quelque chose qui m’intéresse.
Par exemple, l’idée de la série Les Parent m’est venue alors qu’on était assis à table en famille ma blonde, les trois garçons et moi. Ils déconnaient et c’était vraiment drôle ce qu’ils disaient.
J’ai pris des notes; je trouvais ça drôle. J’ai écrit quelques sketches et c’est quand j’ai trouvé le titre que je savais que je l’avais. Quand je trouve le titre, je sais que ça marche. C’est comme si ça synthétisait l’idée au complet.
Est-ce que ça prend du temps, trouver un bon titre?
Ça dépend, ça peut venir assez rapidement. Les mecs, ça s’est appelé Solo très longtemps parce qu’au départ, c’était un homme de 50 ans qui se retrouvait tout seul, célibataire, séparé. À partir du moment où c’est devenu Les mecs, ça a décollé. Ça m’est resté en tête trois ans, je dirais. C’est vraiment à la fin des Parent que ça s’est concrétisé dans ma tête. On prenait un petit coup entre gars presque toutes les semaines et je me disais que ça serait drôle de mettre cette dynamique à la télé. Il y avait quelques séries qui mettaient en scène des femmes dans la trentaine pour la plupart, alors je me suis dit que ça pourrait être intéressant d’avoir un 50-something de gars.
Quand Les mecs (Martin, Étienne, Christian et Simon) sont arrivés, je me suis dit que ça fonctionnerait. Je pense à des personnages avant tout. Si je les entends parler, j’ai du fun.
J’ai regardé ton CV, et tes expériences sont très diversifiées : tu es passé par le documentaire et la fiction, tu as écrit de l’humour et du drame, travaillé des courts et des longs métrages. Vises-tu toujours à aborder différents thèmes ou à vivre de nouvelles expériences d’une production à l’autre?
Je ne veux jamais faire deux fois la même affaire. Un bon bout de temps, j’ai travaillé en documentaire parce que c’est probablement ce qui m’intéresse le plus. Je suis quelqu’un d’assez rationnel et qui aurait facilement pu être recherchiste dans la vie. J’aime beaucoup faire de la recherche et je ne mettrai jamais des informations non vérifiées dans un scénario. Jamais un de mes personnages ne va affirmer quelque chose de faux ou que je ne suis pas en mesure de vérifier. Pour revenir à ta question : j’ai d’abord travaillé en fiction jeunesse, mais ce monde me tapait énormément sur les nerfs à la fin. Je trouvais que ça n’avait aucun bon sens cette époque de fiction jeunesse avec des psychopédagogues, des pédopédagogues, des anthropopédagogues... On avait toujours quelqu’un au-dessus de notre épaule qui regardait ce qu’on faisait. Je me souviens qu’à un moment donné, on écrivait des scènes à scènes et ils étaient plus longs que les scénarios d’épisodes, tellement il fallait justifier et expliquer chaque petite intervention, chaque petite portion de dialogue. Je devenais fou, je n’étais plus capable et j’ai décidé que c’en était assez du niaisage. C’est ainsi que je suis arrivé en documentaire, parce que c’était un style qui m’intéressait beaucoup. Sauf que je me suis rapidement rendu compte que ce qui me passionnait, c’était de faire parler des gens, des personnages. Je suis donc retourné en fiction. D’ailleurs, si le métier de dialoguiste existait encore, c’est ce que je ferais. C’est vraiment ce que je préfère; c’est de la psychologie de personnage. C’est de savoir que ce personnage-là peut dire ceci, mais ne peut pas dire cela.
Je me souviens que la scénarisation de Polytechnique m’avait marqué et aimé le long métrage de fiction. Je voulais faire un documentaire sur le sujet; j’avais d’ailleurs déjà commencé à faire la recherche sur l’événement. Un soir, je regardais la télé et j’ai vu Karine Vanasse qui mentionnait qu’elle serait de la distribution d’un film sur Polytechnique pendant une entrevue, et là, j’ai dit à ma blonde que mon chien était mort. Le lendemain, mon voisin, Denis Villeneuve, est entré chez moi – ses enfants étaient amis avec les miens – et m’a dit qu’on lui avait proposé de réaliser le film. Je lui ai dit : Ah sacrament. Je suis en train de faire de la recherche là-dessus.
Il m’a donc proposé de l’écrire. Pendant deux ans, j’ai écrit le scénario de Polytechnique; ça a été très compliqué. En même temps, Denis écrivait Incendies, et moi, je travaillais sur Les Parent. Entre deux affaires, j’ai écrit Next Floor, un court-métrage de fiction que Denis a aussi réalisé. Tout ça s’est mêlé sur une période de deux ans. J’ai écrit Les Parent pendant 10 ans par la suite. C’était un peu trop long, mais bon…
Justement, qu’est-ce qui t’amène à décider qu’une série est terminée, sans tenir compte des cotes d’écoute?
Je vais être très honnête avec toi. Il y a deux choses que je tiens en considération. Premièrement, est-ce que j’ai encore le goût de le faire, est-ce que ça m’apporte autant de plaisir qu’avant?
Tant et aussi longtemps que j’ai du plaisir à l’écrire, je vais le faire. Je ne vois pas pourquoi j’arrêterais si ça me rend heureux et qu’on me permet de continuer le projet.
Ensuite, il y a le principe de réalité, dans le sens que j’ai trois enfants, je dois gagner ma vie, donc il y a aussi la question très concrète de l’argent qui arrive, aussi bête que ça puisse être. Quand des scénaristes me disent Ah, j’avais tout dit. Je ne savais plus quoi dire...
, ça me renverse.
Tu veux dire que tu peux toujours creuser et trouver de nouvelles intrigues avec tes personnages?
Ah, oui. Absolument. Je veux dire quelque chose sur les scénaristes. Je comprends pourquoi la grande majorité décide d’écrire tous les épisodes d’une série ou à peu près, mais honnêtement, si on s’habituait à travailler à plusieurs, ce serait probablement beaucoup plus intéressant. D’abord, ça permettrait de faire travailler pas mal plus de gens et d’avoir des scénaristes qui arriveraient à sortir du lot. Sauf que là, tout le monde écrit tout seul. Quand tu écris 15-20 épisodes par année, à un moment donné, ça devient un peu n’importe quoi.
Les Américains écrivent avec des writers’ rooms, ils sont 8-10 personnes. C’est sûr que ce n’est pas les mêmes budgets, mais il reste que si on voulait écrire à plusieurs, je pense que nos séries seraient meilleures. Et je dis ça pour moi aussi.
Oui, il y avait un coscénariste sur Les mecs si je ne me trompe pas…
Maxime Caron travaille avec moi sur Les mecs. C’est un excellent scénariste. Je l’ai rencontré en travaillant sur Les Parent. C’est ma blonde qui l’a trouvé – demande-moi pas comment, je n’en ai aucune idée! En tout cas, il s’est mis à écrire pour Les Parent et je me suis toujours dit qu’il avait un talent fou. Je me suis aussi lié d’amitié avec lui; c’est probablement la personne avec qui j’aime le mieux écrire. Tu vois dans la saison 1 des Mecs, j’étais déjà pas mal avancé dans la scénarisation, mais dans la saison 2, il a écrit la moitié. On écrit à quatre mains, c’est-à-dire qu’on réfléchit à deux épisodes ensemble. Ensuite, on se les sépare et on fait chacun un scène à scène qu’on se renvoie et à propos duquel on discute. On fait ça avec la chef scénariste Emmanuelle Beaugrand-Champagne, qui est le rouage essentiel entre nous deux. C’est elle qui fait en sorte qu’on peut écrire ensemble; c’est la gardienne de la cohérence. Par la suite, on part chacun avec un épisode et quand on est un peu bloqués ou qu’on en a terminé l’écriture, on s’échange les épisodes. C’est la façon de fonctionner qu’on a développée et qui est très efficace. Ça fait 20 ans que je suis scénariste et c’est vraiment la fois où ça roule le mieux.
Avant Les mecs, avais-tu principalement travaillé en solo?
J’ai toujours travaillé en solo plus ou moins. Pour Les Parent, il y avait plusieurs auteurs, mais c’était des sketches. Sinon, j’ai toujours travaillé tout seul. J’ai fait quelques petites expériences en groupe et c’est toujours compliqué. Il y a des questions d’ego, mais aussi une façon de fonctionner. C’est difficile d’avoir la même culture, les mêmes rapports à l’existence que quelqu’un d’autre. Il y a beaucoup de gens qui ont de la facilité à écrire. Il y en a qui sont très bons scénaristes, au sens où ils sont capables de faire une structure; c’est impeccable, ça fonctionne. Ensuite, tu les fais dialoguer et ils en sont incapables. Il y en a d’autres qui sont capables de te sortir des lignes, d’être toujours dans l’esprit des personnages, mais incapables de te sortir une intrigue, une scène qui en appelle une autre. C’est donc très difficile de trouver une personne avec qui tu as une complémentarité qui te permet de bien écrire à deux sans te marcher sur les pieds. Mais avec Maxime Caron, ça va super bien et c’est la première fois. Dans une writers’ room à l’américaine, c’est plus simple parce que tu as une hiérarchie. Tu as des scénaristes junior et senior, puis l’équivalent d’un producteur délégué qui va avoir la mainmise et repasser sur tous les dialogues. C’est clair que pour Les Parent, je me donnais le droit de repasser absolument tous les dialogues et de changer tout et son contraire et n’importe quoi. C’était compliqué parce que tu avais des ego de scénaristes, tu avais ci et ça.
Mais il faut se rappeler que tu travailles pour le bien d’une série, et celui qui a le plus la série en tête, je suis désolé, mais c’est moi. (Rires) Ça marche de même. Je pense que ça prend un scénariste en chef tout le temps, mais ce n’est pas tout le monde qui est d’accord avec ça.
Quels sont les ingrédients essentiels pour créer une bonne série?
Ça prend quatre choses : de très bons textes, de très bons comédiens, un très bon réalisateur et un maudit bon producteur pour être capable de mettre tout ça ensemble. En partant, tu peux avoir un excellent texte et un mauvais réalisateur, et ça ne fonctionnera pas. Si t’as pas des bons acteurs, le projet ne lèvera pas. S’il n’y a pas de cohésion entre tout ce monde-là, tu as beau avoir les meilleurs textes au monde, ça ne marchera pas, alors la première condition, c’est d’avoir tout ça ensemble.
Ensuite, pour faire un bon show, ça prend des personnages qui sont forts et authentiques.
Ça prend une vérité, et par là, je veux dire qu’il faut que ce soit senti. Quand tu lis quelque chose, tu le sais si ça a l’air plaqué ou non. Pour moi, c’est vraiment la notion de vérité. Vérité au sens où ce qui est sur le papier peut vraiment vivre de manière authentique de façon à ce que la fiction devienne tellement organique qu’on ne sent pas l’effort, le labeur, le travail. Souvent, tu regardes des séries et tu sens où on s’en va. Tu sens les ficelles.
Tout le monde cherche l’originalité : Je vais avoir un détective privé, mais il va être héroïnomane et trans en même temps.
Ok, mais pourquoi donc? Parce que t’as envie de parler de la position trans dans l’univers? D’aborder le phénomène des drogues dures? Non, non, c’est juste parce que ça va rendre mon personnage plus intéressant.
C’est là où tu perds cette vérité.
Je ne crois pas nécessairement à l’originalité; je pense que toutes les histoires d’amour ont déjà été racontées une fois, mais il y en a toujours qui vont nous surprendre, aussi belles et bonnes que les précédentes.
On ne réinventera pas la roue tout le temps. Tout ce qu’on regarde à la télé a déjà été plus ou moins fait, mais on le fait d’une autre façon. Tout le monde va te dire : Si on le savait ce qui faisait une bonne série, on en ferait tous.
Je suis convaincu que l’ingrédient principal, c’est une forme de vérité. C’est difficile à expliquer.
Qu’est-ce qui est le plus difficile dans l’écriture?
Me lever le matin. (Rires) Je suis très à l’aise dans les dialogues, mais le côté péripéties, pour moi, c’est ce qui est le plus compliqué; trouver le prochain événement. Par exemple : Ah, il va abattre le lion, mais la lionne va lui sauter dessus, ce qui va faire en sorte qu’il va être obligé de courir vers la rivière. Il va sauter dans le bateau qui va ensuite couler...
Ça, c’est ce qui est le plus difficile : trouver la péripétie. Écrire la scène, c’est ce qui m’amuse le plus. C’est l’intrigue qui me désarçonne le plus, c’est là où je vais travailler le plus, souffrir. En même temps, je pense que tous les scénaristes vivent ça. Ce qui me fatigue le plus dans mon métier, ce sont les échéances. Je suis quelqu’un qui déteste les horaires. J’ai eu trop d’horaires dans ma vie quand j’ai commencé à écrire et je me suis dit que je n’en voulais plus; que j’allais écrire comment et quand je veux.
Est-ce que le sentiment d’urgence te motive?
Oui. Si tu demandes à ma blonde, elle va dire que j’écris à la dernière, dernière minute. Les gens me donnent des échéances et je leur réponds : Ben voyons donc, ce n’est pas ça, l’échéance. La vraie échéance, c’est le premier jour de tournage!
(Rires) Quand les kodaks sont prêts et qu’on demande : Est-ce que les textes sont prêts?
, c’est à ce moment-là. (Rires) C’est sûr que ça fait un peu capoter les gens, mais je leur dis toujours qu’on va y arriver, et c’est toujours le cas. C’est certain que la mécanique qui entoure ça me dérange. Maintenant, je suis en train de me dire qu’à l’âge que j’ai, je peux courir la chance de présenter une série et je suis capable d’écrire les dix premiers épisodes avant de la proposer. Je suis rendu là. Comme ça, ça me laisse le temps, j’écris ce que je veux, quand je veux, comme je veux. Bon, je n’ai plus 20 ans et j’ai eu la chance d’avoir une émission à succès qui fait en sorte que j’ai une certaine autonomie financière.
Qu’est-ce qui est le plus satisfaisant?
Dialoguer une scène. Le plaisir que j’ai à faire parler des personnages… J’ai tellement de fun. Il y a des moments de grâce. Des états de grâce qui doivent probablement ressembler à ce que les comédiens ressentent sur scène quand ils ont l’impression d’être là où il faut, un sentiment de perfection, de grâce. Il y a ces moments-là quand tu écris pour des personnages, quand tu leur trouves les lignes, que ça coule et que ça va de soi. Ce sont ces moments-là que je trouve formidables. Et moi, ce qui m’intéresse, c’est le processus, c’est l’écriture. Honnêtement, je suis assez imperméable à la critique. Ça n’a à peu près aucun effet sur moi, même les plus acerbes. Une fois que c’est écrit, pour moi, 90 % de mon plaisir est fait. J’espère que ça va ressembler à ce que j’ai dans la tête et maintenant, je m’arrange pour que ça le soit, mais mon plaisir n’est pas de le voir à l’écran. C’est de l’écrire.
Jacques Davidts, merci beaucoup!
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Si vous n’avez toujours pas vu la série Les mecs, elle est actuellement offerte sur ICI Tou.tv.
La série Les Parent est aussi sur le volet Extra de la plateforme.
À bientôt pour un autre billet de la série Secrets de scénariste
!
Compléments :
Secrets de scénariste : Joanne Arseneau