La fin des Simone : Entrevue avec Kim Lizotte
Après une excellente troisième saison des Simone, c'est le temps pour les personnages de Maxim, de Nikki, Laurence et d'Élizabeth de nous faire leurs adieux. Avec l'auteure Kim Lizotte, retour sur cette série qui nous a autant amusés que fait réfléchir.
Un texte de Mathieu Valiquette
Quand tu as commencé l’écriture de la troisième saison, avais-tu en tête que ce serait la dernière?
Non, pas du tout, et peut-être que c’est une bonne chose, je me serais peut-être mis trop de pression pour écrire une finale marquante et spectaculaire au lieu de suivre mon instinct.
En fin de compte, quel message crois-tu avoir livré avec Les Simone?
Avec du recul, je crois que ma mission principale, consciemment ou inconsciemment, était de déculpabiliser les femmes et qu’elles se sentent moins seules.
Le personnage d’Élizabeth, interprétée par Karine Gonthier-Hyndman, a de plus en plus de « temps de glace » d’une saison à l’autre, pour reprendre une expression de hockey. Est-ce que je me trompe?
Oui, Karine est une grande actrice dramatique et comique, elle a donc été très inspirante. Elle livre des textes humoristiques avec aplomb et une maîtrise exceptionnelle, et comme elle s’est bien approprié le personnage d’Élizabeth, il était essentiel de lui donner plus de place.
Quelle est ta scène préférée des trois saisons des Simone?
Ça restera toujours la scène de Maxim qui court après François dans la rue à la saison 1. Pour plein de raisons. Parce qu'elle est le personnage qui est le plus près de moi, parce qu’elle est le cœur du « pourquoi » de la série.
C’est le personnage qui vous ressemble le plus?
Elles ont toutes une partie de ma personnalité, même Élizabeth, mais c’est sûr que c’est Maxim qui me ressemble le plus. Sa façon de tout tourner à la dérision, d’être constamment en quête d’identité, de liberté et de remises en question.
Es-tu impliquée dans la production (montage, distribution, location...), ou ton rôle se résume-t-il à l’écriture?
On m’a souvent écoutée dans certains départements où j’ai osé mettre mon grain de sel, et j’en suis reconnaissante. J’étais surtout très (trop) impliquée dans les choix de la distribution, mais je me réjouis qu’on ait pris mes suggestions en considération; ce n’est pas tous les auteurs qui ont cette chance.
Dans la websérie Le bonheur des Simone, les comédiennes parlent de la quête du bonheur de leurs personnages. Crois-tu que cette quête est représentative de celle des Québécoises de leur âge? Est-ce qu’il y a une différence avec la quête du bonheur des garçons?
Oui, je crois que la quête du « bonheur » pour la femme est similaire à celle des hommes, mais qu’elle est différente en raison du statut de la femme dans la société, sa position, sa construction sociale, son éducation et ce à quoi l'on s’attend d’elle. Je crois que pour être une femme affranchie, épanouie et libre, il faut s'interroger chaque jour à savoir si l’on fait nos choix en fonctions de nos propres désirs ou en fonction des autres, de leur regard, de leurs attentes, et de s’en dissocier est le combat d’une vie.
Les quatre filles ont passablement évolué au fil des saisons. Quel personnage as-tu préféré développer?
Nikki, je crois, parce que c’est celle qui partait du plus loin, et je souhaitais qu’elle trouve sa place. J’ai travaillé fort pour lui forger son petit bonheur tout en gardant ça réaliste.
As-tu des projets télé ou autres en ce moment?
Après cinq ans (j’ai commencé à développer Les Simone en 2013), je pense que c’est vraiment le bon moment pour moi de prendre une pause pour me demander ce que j’ai envie de faire dans les cinq prochaines années. Télé? Cinéma? Roman? Réceptionniste d’un salon de massage? Je me jette dans l’inconnu!
La rumeur veut que Les Simone reviennent sous une autre forme (théâtre, cinéma...). Qu’en est-il?
On ne sait jamais! Mais pas pour tout de suite. J’ai une petite Simone dans un berceau qui a bien besoin de sa mère.