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Tension et incertitude

Radio-Canada

L'entourage de Benazir Bhutto continue de contester la version des faits du gouvernement quant à la mort de l'ex-première ministre, pendant que les émeutes se poursuivent et que le maintien des élections législatives est incertain.

Dans un climat de violence et d'incertitude électorale, la controverse entourant les circonstances exactes de la mort de l'ex-première ministre du Pakistan, Benazir Bhutto, continue de prendre de l'ampleur.

La contestation est tellement forte que le gouvernement se dit prêt à exhumer le corps de la femme politique afin d'atténuer la polémique. Il refuse toutefois l'aide de la communauté internationale pour mener l'enquête sur la mort de Mme Bhutto.

Des images diffusées au cours des dernières heures montrent un homme qui tire trois coups de feu en direction de Benazir Bhutto avant que ne survienne l'explosion d'une bombe.

Presque un accident, selon le gouvernement

Le gouvernement continue toutefois d'affirmer que Mme Bhutto est morte lorsqu'elle a été projetée contre le toit de la voiture dans laquelle elle se trouvait, au moment où le kamikaze a fait exploser sa bombe. Le gouvernement a attribué la responsabilité de cet attentat, qui a fait 20 autres morts et 56 blessés, à Al-Qaïda.

Il a aussi accusé le chef de guerre islamiste radical Baïtullah Mehsud d'être l'instigateur du complot contre Mme Bhutto. Mehsud est considéré comme le commandant des forces favorables aux talibans qui se trouvent dans la région tribale échappant au contrôle du gouvernement au Waziristan-Sud, où sont également actifs les combattants d'Al-Qaïda.

Le mouvement islamiste pakistanais de Mehsud, proche du réseau d'Oussama ben Laden, a rejeté les accusations des autorités, samedi. « Le gouvernement porte une accusation sans fondement et nous pensons qu'il agit ainsi pour détourner l'attention du peuple pakistanais des véritables meurtriers », a affirmé un porte-parole du mouvement.

Un porte-parole du ministère de l'Intérieur avait déclaré vendredi que les services de renseignement avaient intercepté un appel téléphonique dans lequel Baïtullah Mehsud félicitait un activiste après la mort de Benazir Bhutto.

Assassinat par balle, selon les collaborateurs de Bhutto

D'autre part, les proches collaborateurs de Benazir Bhutto soutiennent qu'elle a été assassinée par balle. Vendredi, le ministère pakistanais de l'Intérieur a affirmé qu'aucune trace de balle n'avait été trouvée sur le corps de Mme Bhutto, même si trois coups de feu avaient été tirés avant l'attentat-suicide. Cela contredisait des informations diffusées la veille par le gouvernement, selon lesquelles l'ex-première ministre avait été atteinte par des balles à la tempe et au cou.

Les dernières déclarations du ministère de l'Intérieur ont été fortement mises à mal par des proches de la défunte. Sherry Rehman, une porte-parole du Parti du peuple pakistanais (PPP), la formation de Benazir Bhutto, a accusé le gouvernement de vouloir masquer la vérité. « J'ai vu qu'elle avait une blessure par balle à l'arrière de la tête et une autre, causée par la sortie de la balle, de l'autre côté de la tête », a-t-elle déclaré à l'Agence France Presse, tout en assurant avoir lavé le corps avant l'enterrement.

Le principal avocat de la défunte et haut responsable du PPP, Farooq Naik, a soutenu pour sa part que Benazir Bhutto avait été atteinte par deux balles, l'une à l'abdomen et l'une à la tête.

L'attaque-suicide contre Mme Bhutto s'est produite jeudi à Rawalpindi, près d'Islamabad, à l'issue d'une réunion électorale dans laquelle elle a évoqué, entre autres, des menaces contre sa vie.

Benazir Bhutto, 54 ans, a été déclarée morte à l'hôpital. Des membres du PPP ont affirmé que le gouvernement et le président Moucharraf portaient une part de responsabilité dans sa mort parce qu'ils ne lui avaient pas fourni une protection suffisante.

Le sort des législatives

Le gouvernement pakistanais a aussi indiqué qu'il n'avait pas encore pris de décision concernant un éventuel report des élections législatives du 8 janvier prochain. La commission électorale doit se réunir d'urgence lundi.

La pression internationale pour un maintien des élections est beacoup moins forte. La Maison-Blanche a même déclaré, samedi, que la décision appartenait aux Pakistanais.

Déjà, le chef de la Ligue musulmane du Pakistan (PML-N) et ancien premier ministre, Nawaz Sharif, a annoncé que son parti boycotterait le scrutin. Il a affirmé que le maintien des législatives conduirait à la destruction du pays. Il a accusé le président Pervez Moucharraf d'être à l'origine de tous les problèmes et a réclamé sa démission.

De son côté, le PPP n'a pas encore annoncé s'il boycottait lui aussi les élections. Le parti de Benazir Bhutto doit se réunir dimanche. Ennemis politiques de longue date, M. Sharif et Mme Bhutto avaient annoncé leur union politique pour s'opposer à Pervez Moucharraf lors des législatives.

Un climat tendu

La controverse et la tension politique sont ressenties dans les rues du Pakistan. Les émeutes et les violences qui ont suivi la mort de Benazir Bhutto ont fait au moins 44 morts depuis jeudi.

Samedi, Quelque 10 000 sympathisants de Benazir Bhutto ont défilé à Lahore, la grande ville du nord-est du Pakistan. Les manifestants, encadrés par d'importants effectifs policiers, scandaient des slogans contre le président Moucharraf et priaient pour la défunte. Il s'agit d'un des rassemblements les plus importants depuis la mort de Mme Bhutto.

À Rawalpindi, où Benazir Bhutto a été assassinée, la police a dispersé à coups de bombes lacrymogènes 3000 manifestants qui essayaient de détruire la maison d'un ancien ministre.

À Karachi, les rues désertées par ses 12 millions d'habitants sont livrées aux pillards et aux troupes paramilitaires qui ont reçu l'ordre de tirer à vue. Le président Moucharraf a ordonné à ses principaux responsables de la sécurité de répondre par la fermeté aux milliers d'émeutiers.

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