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Québec solidaire doit devenir « un parti de gouvernement », dit Gabriel Nadeau-Dubois

Gabriel Nadeau-Dubois en mêlée de presse.

Gabriel Nadeau-Dubois a vu son leadership de co-porte-parole de Québec solidaire remis en question dans la foulée de la démission d'Émilise Lessard-Therrien.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Québec solidaire (QS) doit devenir « un parti de gouvernement » et, « pour ça, il faut changer des choses », dit le co-porte-parole de cette formation, Gabriel Nadeau-Dubois, qui souhaite une « refonte complète » du programme et une modernisation de la structure de QS.

M. Nadeau-Dubois a pris la parole devant les médias mercredi après-midi, au lendemain d'une journée où il s'était absenté de l'Assemblée nationale pour réfléchir à son avenir et à l'avenir de Québec solidaire. La place qu'il occupe au sein du parti est remise en question, tout particulièrement depuis le départ, en début de semaine, de la co-porte-parole féminine, Émilise Lessard-Therrien.

Je pense que les membres de Québec solidaire s’attendent à ce que je sois un porte-parole à l’écoute et qui est capable de se regarder dans le miroir, a-t-il souligné. C’est ce que j’ai fait. Je me suis posé des questions.

Le co-porte-parole et chef parlementaire du deuxième groupe d'opposition à Québec en est venu à la conclusion qu'il se devait d'être plus clair au sujet de sa vision : celle d'un parti de gouvernement, c'est-à-dire un parti qui sait prioriser et choisir certaines batailles.

À son avis, deux grandes réformes s'imposent pour le parti : une refonte de son programme et un changement de sa structure.

Le programme de Québec solidaire a été rédigé il y a très longtemps, à partir de 2006. C’est un document qui, à l’époque, était d’actualité, mais depuis, le Québec a changé, le monde a changé.

Une citation de Gabriel Nadeau-Dubois, co-porte-parole de Québec solidaire

La structure de QS, qui a aussi été décidée à une époque où ce parti n’avait pas de député et, par la suite, seulement quelques députés, doit quant à elle être plus efficace, moins lourde et plus simple, a-t-il ajouté.

Quant à savoir si la fonction de co-porte-parole serait toujours présente dans la nouvelle structure qu'il souhaite mettre en avant, Gabriel Nadeau-Dubois a répondu que ce modèle peut toujours fonctionner mais qu'il faudrait ajouter des précisions concernant les rôles, la répartition du pouvoir et les responsabilités de chacune des personnes qui occupent cette fonction.

Entrevue avec Gabriel Nadeau-Dubois, co porte-parole de Québec solidaire.

En ce moment, je réalise – nous réalisons tous – qu’il y a des flous, a-t-il fait remarquer. Ça crée de la confusion à l’interne. Ça peut créer même de la frustration et je pense que ça n’aide pas non plus la population.

Ce ne sera toutefois pas à lui de trancher quant à la direction que doit prendre son parti mais bien aux membres, lors du conseil national prévu à la fin de mai à Jonquière, a-t-il précisé.

Un pavé dans la mare

Dans un long message publié sur les réseaux sociaux pour annoncer sa démission lundi, l'ex-co-porte-parole solidaire Émilise Lessard-Therrien avait expliqué que la vision qu’elle avait pour le parti s’était heurtée à celle d’une petite équipe de professionnel.le.s tissée serrée autour du porte-parole masculin.

Députée de QS dans la circonscription de Rouyn-Noranda–Témiscamingue de 2018 à 2022, elle n’avait plus de siège à l’Assemblée nationale et peinait à trouver sa place au sein du parti. Elle a indiqué s’être fait gronder ou culpabiliser pour des prises de parole sincères, pour avoir donné son opinion et pour avoir suivi son intuition.

Sa vision, a-t-elle décrit, était celle d’un projet de société qui soit le plus incarné possible. Je voulais [que Québec solidaire] ne se laisse pas effacer par les habituels compromis, les calculs d'image et les indicateurs de votes. Je voulais qu'on se remette à éveiller l'enthousiasme pour ce projet plutôt que de se mettre à la remorque de ce qui est "gagnable" à court terme.

Émilise Lessard-Therrien en point de presse.

Émilise Lessard-Therrien a démissionné de son poste de co-porte-parole de Québec solidaire lundi. (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Mercredi en début d’après-midi, Élisabeth Labelle, qui a été le bras droit d’Émilise Lessard-Therrien durant sa campagne au co-porte-parolat, a également annoncé sa démission du comité de coordination national de Québec solidaire dans une entrevue accordée à La Presse.

La veille, elle se disait déçue du peu de visibilité dont bénéficiait l'ex-co-porte-parole féminine. On voyait [sur les réseaux sociaux] beaucoup Gabriel, les membres du caucus, mais très peu Émilise. Pourquoi? Elle rayonne tellement dès qu'on la met de l'avant! La couverture du parti me paraissait très peu paritaire entre les deux co-porte-paroles, a-t-elle déclaré sur Facebook.

Puis Émilise m’a confié qu’elle n’aurait pas un.e attaché.e qui lui serait dédié.e, a-t-elle renchéri. Elle se sentait de plus en plus seule, isolée, éparpillée, parce qu’elle devait coordonner par elle-même beaucoup de choses entre ses réunions, pour lesquelles elle devait se préparer aussi.

Mais surtout, ce qui semblait être le plus difficile pour elle, c'est cette impression qu'on n'accordait pas d'importance à ce qu'elle voulait amener au parti.

Une citation de Élisabeth Labelle, ex-membre du comité de coordination national de Québec solidaire

Ces témoignages font écho aux déclarations, faites ces derniers mois, de divers anciens membres influents de QS. Dans son livre Les têtes brûlées, publié en novembre, l'ex-députée Catherine Dorion décrit les nombreuses tensions qu'elle a vécues avec Gabriel Nadeau-Dubois durant ses années à l'Assemblée nationale en raison de la vision que ce dernier imposait.

Le parti sans chef est en voie de devenir un parti où l’influence d’un seul homme est à la fois infiniment réelle et infiniment tabou, écrit-elle. Je pouvais affronter toute la médiasphère de droite du Québec, mais pas notre leader à l’intérieur d’une institution qu’il tenait fermement dans son poing.

Catherine Dorion avec son livre.

Catherine Dorion a écorché Gabriel Nadeau-Dubois et son entourage proche dans son livre « Les têtes brûlées ». (Photo d'archives)

Photo : Radio-Canada / Alexandre Duval

Même son de cloche du côté de l'ancien co-porte-parole par intérim et président du parti André Frappier, pour qui la démission d'Émilise Lessard-Therrien doit être vue comme un signal d'alarme. De son avis, les employés de la permanence ont toujours tendance à être plus dé[vou]és envers la personne qui est là depuis plus longtemps.

C'est un naturel humain mais qu'il faut défaire quand on est un parti politique qui veut changer les choses, a-t-il soutenu.

Les députés de QS soutiennent Nadeau-Dubois

Plus tôt dans la journée de mercredi, plusieurs députés du parti ont indiqué toujours croire en leur co-porte-parole masculin, exigeant toutefois du changement dans le parti.

Ce qui va être important, maintenant, pour nous, pour le parti, c’est de prendre acte de ce qu’[Émilise Lessard-Therrien] nous a dit, de son départ, de faire les bilans qui s’imposent. Et moi, j’ai confiance en notre parti, [je crois] qu’il va y avoir des changements qui vont être faits, a déclaré la députée solidaire dans Mercier Ruba Ghazal, qui avait été battue de quelques voix, en novembre, par Émilise Lessard-Therrien dans la course au co-porte-parolat.

Gabriel Nadeau-Dubois, moi, je travaille avec lui depuis 2018. Je le décrirais comme un homme très exigeant, rigoureux. Il a une éthique de travail incomparable. [...] Mais c’est quelqu’un d’ouvert.

Une citation de Ruba Ghazal, députée solidaire dans Mercier

Christine Labrie, qui avait également pris part à cette course, a quant à elle affirmé qu'il est important pour elle de soutenir M. Nadeau-Dubois mais qu’il y a des changements à opérer, donc on veut aussi soutenir ces changements-là.

Le leader parlementaire du parti, Alexandre Leduc, s'est dit ouvert aux améliorations. Je suis convaincu que Gabriel a la même attitude, ouvert aux critiques. [...] Personnellement, je n’en ai pas vraiment à faire, a-t-il déclaré.

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