Ouragan Katrina: Céline Dion indignée

Interviewée sur les ondes de CNN après avoir fait don de 1 million de dollars aux victimes de l'ouragan Katrina, la star s'est emportée contre l'attitude de l'administration américaine face à cette tragédie.

Céline Dion s'est vivement attaquée à l'administration américaine, samedi soir, sur les ondes de la chaîne de télévision CNN, après avoir fait un don de 1 million de dollars pour venir en aide aux sinistrés de l'ouragan Katrina.

Soulignant la facilité avec laquelle les opérations militaires se déroulent en Irak comparativement aux secours dans le sud des États-Unis, la star a déclaré:

« Pourquoi est-il si facile d'envoyer des avions dans un autre pays [...] et de détruire des vies? Nous devrions être au service de notre pays. Et pour moi, servir notre pays, ce serait d'être là maintenant, pour sauver ces gens. »

La star internationale participait à une émission de trois heures animée par Larry King et intitulée What you can do to help. Elle y était interviewée depuis sa loge, à Las Vegas, quelques minutes avant le début de son spectacle.

La colère et les larmes se mêlaient à son plaidoyer en faveur des sinistrés.

« Peut-être que je ne réfléchis pas avec ma raison, mais je parle avec mon coeur...Il n'y a donc personne qui peut défoncer un toit? Les hélicoptères ne prennent que deux personnes à la fois. Prenez un kayak s'il le faut. Allez vers ces maisons », a-t-elle scandé.

« Il y a des enfants qui sont violés chaque nuit. Nous entendons des coups de feu. C'est quoi l'idée de ces grosses armes? Ces gens supplient, ils appellent au secours, ils crient: nous sommes encore vivants... mais nous allons mourir. »

À propos de la collecte d'argent, Céline Dion a ensuite insisté sur l'urgence de répondre aux besoins vitaux des victimes.

« Je comprends que c'est très important, qu'on aura besoin de cet argent. [...] Mais cela est une chose. Dans trois mois, dans six mois, ces sinistrés en auront besoin. Mais maintenant, ils veulent de l'eau. C'est de l'eau qu'il faut leur envoyer tout de suite. Ils n'ont rien à faire de mon chèque. »

À la demande de l'animateur, Céline Dion a chanté une prière qu'elle avait déjà interprétée avec le ténor Andrea Bocelli. Larry King a ensuite rappelé qu'elle allait monter sur scène 20 minutes plus tard. « Voilà une vraie combattante », a-t-il conclu.

Polémique sur la lenteur des secours

La voix de Céline Dion se joint au concert des critiques sur la mauvaise gestion de la catastrophe.

« Cher monsieur Bush, auriez-vous une idée de l'endroit où se trouvent tous nos hélicoptères? » a demandé le polémiste Michael Moore, samedi, dans une lettre ouverte.

L'auteur du documentaire Fahrenheit 9/11 reproche au président américain d'avoir privé les victimes de Katrina des ressources militaires qui se trouvent actuellement en Irak.

Michael Moore se demande également si la réponse aurait été aussi lente si la catastrophe avait frappé la villégiature huppée de Kennebunkport, dans le Maine, où l'ancien président Bush père dispose d'une luxueuse villa.

Les leaders noirs sont particulièrement virulents à l'égard du président. Samedi, le rappeur Kanye West a affirmé que M. Bush « s'en fiche des Noirs ».

De son côté, le maire de La Nouvelle-Orléans, Ray Nagin, ne décolère pas. « Maintenant grouillez-vous le cul et faites quelque chose pour régler cette plus grande maudite crise de l'histoire de ce pays », a-t-il déclaré à une radio locale.

Samedi, la presse américaine a demandé aux dirigeants américains de tirer la leçon de leur échec. Elle les a accusés en substance d'avoir sous-estimé l'ampleur du désastre, de manquer d'empathie envers les victimes et d'avoir manqué d'initiative dans cette crise.

Les Américains sont partagés

Un sondage effectué par le Washington Post et la chaîne ABC, publié dimanche, démontre que les Américains sont globalement partagés sur la façon dont l'administration Bush a géré la catastrophe.

D'après le sondage, 46 % d'entre eux approuvent l'action de l'administration, tandis que 47 % la critiquent. Répondant à une autre question de l'enquête, 51 % des sondés ont jugé « pauvre » ou « pas si bonne que ça » l'attitude du gouvernement, alors que 48 % l'ont trouvé « excellente ».

Le sondage a été réalisé auprès de 501 personnes interrogées au hasard. Sa marge d'erreur est de plus ou moins 4 %.