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TABLEAU DES MÉDAILLES
1 CHN 63 46 32 141
2 GBR 35 30 29 94
3 CAN 28 19 25 72
4 USA 27 22 39 88
5 AUS 26 38 36 100
6 UKR 24 12 19 55
EN DIRECT D'ATHENES


Les avez-vous vus?

Donovan Tildesley
28 septembre 2004 - Les athlètes paralympiques ont maintenant quitté le stade, la piscine et tous leurs champs de bataille. Vous êtes nombreux à n'avoir entendu parler, par médias interposés, que des vainqueurs et des médaillés.

Les autres retourneront maintenant à un relatif anonymat. Les vainqueurs aussi, d'ailleurs, dans la plupart des cas. Vous souviendrez-vous de Benoît Huot dans 6 mois? Benoît avait aussi brûlé la piscine, lors des Paralympiques de Sydney. Mais si! Rappelez-vous! Mais il ne s'est pas fait arrêter souvent sur la rue depuis quatre ans.

Chantal Petitclerc, dites-vous? Oui. C'est vrai. Chantal est l'exception. Elle est plus médiatisée, plus présente dans le quotidien et dans le tissu social montréalais et québécois. Mais Chantal est unique.

Kirby Coté a gagné sept médailles à Athènes. Vous l'oublierez bien vite. Et ce n'est pas un reproche. C'est une constatation par anticipation.

À Radio-Canada, on consacrera deux émissions spéciales aux Jeux paralympiques les 3 et 10 octobre (Adrénaline, dimanche, 15h) . J'espère que vous y verrez nos athlètes paralympiques. Certains d'entre eux, du moins.Vous ne serez pas les seuls.

Ils seront vus aussi en Australie. La télévision australienne était très présente à Athènes. Les Britanniques et la BBC y étaient aussi en bon nombre. Par contre, pas de télévision chinoise. À peine quelques photographes, ce qui est tout de même étonnant pour une nation qui a envoyé la plus importante délégation nationale de ces jeux et dominé le classement des médailles.

Présence discrète des Américains, aussi. On est habitué de voir défiler des « fourgons » de NBC. Quand on passe une journée sans voir les médias américains, ça s'appelle vraiment de la discrétion! J'en parle parce que la visibilité de ces jeux fait partie de leur mission. La mission des jeux, j'entends.

Benoit Huot
Benoît Huot
L'intégration des personnes handicapées passe par bien des chemins, des routes et des méandres, mais l'un d'eux, et pas le moindre, est leur « exposure » comme on dit en latin. Or, je me demande souvent si on fait ce qu'il faut.

Les médias ne sont pas une béquille ou un faire-valoir, ne nous méprenons pas. Mais ils sont une sorte de miroir qui vous reflète. Quelle sorte de reflet des athlètes handicapés vous renvoie-t-on ? Est-il déformé? Fidèle? Honnête? Je ne sais pas...

C'est vous qui êtes de l'autre côté du miroir. C'est vous qui savez. Et, ultimement, c'est vous qui décidez de regarder dedans ou non. D'y regarder souvent ou rarement.

Parce qu'ils sont dérangeants ces handicapés, claudiquant, avec leur bras manquant, leur regard aveugle qui passe toujours juste à côté de vos yeux, leur fauteuil roulant trop bas et leur façon de vous regarder par en dessous.On est bête. On les prend en pitié. On voudrait les aider. On ne sait pas s'y prendre. Et puis, la différence dérange...Or, c'est l'une des plus belles réussites de ces jeux que de les réunir et de nous montrer leur bonheur, leur ambition, leur réussite, leur succès, leur échec.

Mais encore faut-il que nous regardions et que nous nous souvenions. Ce sont de grands athlètes, croyez-moi.Marc Breton, par exemple... Il est cycliste et il lui manque un bras. Il fréquente les podiums avec assiduité dans les épreuves québécoises et canadiennes. Ici, il a fini 10e de la course sur route. Dixième! Un résultat moins bon que ce qu'il obtient généralement contre ses rivaux « normaux » des pistes et des routes de chez nous.

Les avez-vous vus, donc? Marc? Et Benoit? Et Kirby? Et tous les autres? Ou n'avez-vous vu que Chantal? Voyez-les chez nous, à Radio-Canada, le 3 octobre. Puis revenez le 10 pour les voir encore. Voyez-les différemment. Voyez-les aussi après les jeux. Voyez-les souvent.

Pas parce qu'ils sont infirmes, handicapés ou difformes. Non. Mais parce qu'ils méritent non seulement d'être vus, mais aussi regardés. Parce que c'est en les regardant plus longtemps qu'on finit par voir ce qu'ils sont. Après tout, vous définissez-vous souvent comme bipède, vous?

Quand, pour la dernière fois, avez-vous dit pour vous décrire que vous étiez « bi-jambiste »? Hum? Vous êtes bien autre chose de plus important, non?

Ben... eux aussi, justement.

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