Guatemala,
juillet 1981. On exhume d'une fosse commune le corps de Raoul Léger,
30 ans, missionnaire laïque du Nouveau-Brunswick. Selon la
version du gouvernement militaire guatémaltèque, Raoul
Léger aurait fait partie d'un commando de guérilla
communiste. Pris en embuscade par l'armée guatémaltèque,
ses camarades et lui auraient choisi de se donner la mort plutôt
que de se rendre.
La
nouvelle se répand comme une traînée de poudre
dans les médias canadiens. La version des autorités
guatémaltèques est remise en question, et l'on émet
l'hypothèse d'un assassinat politique. On presse le gouvernement
canadien de voir à ce qu'une enquête sérieuse
soit menée afin d'élucider les circonstances de la
mort de l'un de ses ressortissants. Mais l'affaire reste lettre
morte. Le mystère demeure entier.
Qui
était Raoul Léger? Un idéaliste naïf ou
un combattant révolutionnaire? Quelles ont été
les circonstances de sa mort? S'est-il suicidé? A-t-il été
assassiné? torturé? A-t-il pris les armes pour se
défendre?
Vingt
ans après sa mort, sa famille veut connaître enfin
la vérité. Toute la vérité. Cléola
et Andréa, les surs de Raoul, se rendent au Guatemala,
sur les lieux où il a vécu. De Guatemala City à
Concepcion, elles traversent le pays pour recueillir les témoignages
de gens qu'il a fréquentés et reconstituer le casse-tête
des derniers mois de sa vie. Se joignent à elles deux missionnaires
laïques qui, à l'époque, ont travaillé
avec Raoul au Guatemala : Gilles Rivet, organisateur communautaire,
et Charles Godue, médecin. Ce documentaire a été
tourné au cours de leur enquête.
Pour
Gilles et Charles, le voyage est l'occasion de faire le point sur
une expérience douloureuse au cours de laquelle l'idéal
humanitaire qui les animait dans la vingtaine a été
brutalement confronté à l'horreur de la guerre civile.
Eux aussi ont risqué gros. Pour Cléola et Andréa,
bouleversées par le choc culturel, c'est la découverte
d'un univers insoupçonné. La caméra les accompagne
dans ce périple, captant les rencontres entre les êtres
et les moments d'intense émotion.
En
toute simplicité, des femmes et des hommes guatémaltèques
racontent l'horreur au quotidien : la misère des paysans
leur volonté de prise en charge collective avec la collaboration
de prêtres et de laïcs engagés dans la théologie
de la libération
la répression brutale de l'armée
à qui le président Efrain Rios Montt avait donné
carte blanche
les exactions, les viols, les meurtres, les
enlèvements, les tortures
Comment rester neutre?
Des
compagnons de l'Organisation du peuple en armes (ORPA) témoignent
de l'engagement de Raoul dans leur lutte. Peu à peu, se dégage
un portrait infiniment plus nuancé de l'homme. Cependant,
toujours rien sur les circonstances exactes de sa mort. Empruntant
des versions souvent contradictoires, la vérité se
dérobe.
VOUS
AVEZ MANQUÉ UNE ÉMISSION?
Toutes
les émissions de la saison régulière
sont archivées pour vous permettre de consulter le
reportage que vous auriez manqué ou aimeriez revoir.
Veuillez toutefois noter que les reportages achetés
ne peuvent être archivés en format vidéo
en raison des droits d'auteurs, mais ils sont disponibles
en format texte.
Consultez
la rubrique Reportages récents.
|
|
En
raison des droits d'auteur, ce reportage ne sera pas disponible
sur Internet.
|
Qui
a intérêt à se taire?
Entre
1966 et 1996, date de la signature des accords de paix, on recense
plus de 200 000 disparus dans la population guatémaltèque,
dont 83 % étaient des Mayas. Prétextant qu'il vaut
mieux oublier le passé et construire l'avenir, les autorités
actuelles refusent toujours de poursuivre les coupables. Aujourd'hui
encore, il est périlleux pour les familles de rechercher
les corps de leurs proches enterrés dans les fosses communes.
Comment
expliquer que le régime militaire que l'on savait corrompu
ait pu bénéficier d'appuis internationaux et logistiques
importants, notamment de ceux des États-Unis, officiellement
accordés par le président Clinton en 1999? De ceux
des Services secrets israéliens? Du silence complice des
autres États?
Quant
à Raoul, sa famille en conserve le souvenir d'un être
doux et généreux, ses camarades, celui d'un compagnon
d'armes, Elena et Filipe, des Mayas de Concepcion, celui d'un ami
avec qui ils firent une rencontre « d'amour, de solidarité
et de partage ».
L'émission
Zone Libre
est diffusée sur les ondes de Radio-Canada le vendredi
à 21 h et présentée en rediffusion sur
les ondes de RDI le samedi à 23 h, le dimanche
à 20 h ainsi que le lundi à 1 h.
|